Imágenes de páginas
PDF
EPUB

qu'on fait au fujet de ce dernier miracle, dont l'autre eft en quelque forte la confirmation, puifqu'il eft marqué dans l'Ecriture, que cet événement fut femblable à celui du paffage de la mer Rouge.

Maintenant pour reprendre notre argument, fuppofons que le paffage du Jourdain eft une fable, & que ces pierres placées dans le pays de Galgala y ont été miles longtems après,pour quelqu'autre fujet. Suppofons en même tems que des hommes habiles, ayant fabriqué le Livre de Jofué, ont publié que Jofué lui-même l'avoit écrit dans le tems que les faits qu'il contient font arrivés, & ont propofé les pierres de Galgala comme un témoignage de la vérité de ces faits. Mais dans cette fuppofition chacun ne leur auroitil pas dit: Nous connoiffons ces pierres de Galgala, mais nous n'avons jamais ouï parler,ni de l'origine que vous donnez à ce mo→ nument, ni du Livre que vous attribuez à Jofué: où étoit-il depuis fi longtems? où & comment l'avez-vous trouvé D'ailleurs ce Livre nous dit que d'âge en âge tous les enfans de notre Nation ont dû être inftruits du paffage du Jourdain, & du monument des pierres placées exprès en Galgala pour en conferver la mémoire: mais on ne nous a jamais inftruit de cela dans notre enfance, & nous n'en avons jamais rien dit à nos en

fans. De plus, il n'est pas vraisemblable que ce fait fi confidérable ait été entiérement oublié, tandis que le monument des pierres fubfifte encore monument confacré à en perpétuer le fouvenir.

Si pour les raifons que j'ai marquées cideffus, il a été impoffible d'en imposer aux Anglois, par rapport à l'origine de cet amas de pierres qui eft dans la plaine de Salisbury, l'impoffibilité a dû être encore plus grande par rapport aux pierres de Galgala. De plus, fi lorfque nous ignorons l'origine d'un monument qui ne porte avec foi aucun figne, il ne nous eft pas poffible de lui en attribuer une, & d'être cru en même tems, il eft affurément bien plus impoffible de l'être, par rapport à des cérémonies dont chacun connoît l'inftitution & la cause.

Voilà ce que j'ai dû dire d'abord par rap port aux faits qui concernent Moïfe ; je vais vous faire voir maintenant que les quatre régles qui fe trouvent remplies à l'égard des faits de l'ancien Teftament, le font auffi à l'égard des faits du nouveau. Je ne traiterai pas cet article fort au long, parce que tout ce que j'ai dit jufqu'ici de Moise & de fes Livres, peut de toutes façons s'appliquer à Jésus-Chrift notre Sauveur & à fon Evangile.

Il y eft marqué que fes œuvres & fes miracles

racles ont été faits publiquement & en préfence de tout le monde, comme il le dit luimême à fes accufateurs: J'ai parlé publiquement à tout le monde, (a) j'ai toujours enfeigné dans la Synagogue, & dans le Temple où tous les Juifs s'affemblent, & je n'ai rien dit en fecret. Dans les Actes des Apôtres, (b) il eft marqué que tantôt trois mille hommes, & tantôt plus de cinq mille perfonnes (c) fe convertirent, frapés de ce qu'ils avoient vu de leurs propres yeux, & de ce qui s'étoit paffé en public. Voilà donc d'abord les deux premieres régles obfervées, puifque les faits dont il s'agit ont été publics, & que tout le monde en a pu juger par fes propres yeux.

Voyons maintenant s'ils ont été conformes aux deux dernieres régles que j'ai encore exigées. Le Baptême & l'Eucharistie font deux cérémonies qui nous reftent, & qui ont été inftituées par Jésus-Chrift même, dans le tems qu'il opéroit toutes fes merveilles, & qu'il inftruifoit les Juifs de fa Doctrine. Or ces deux cérémonies ont été obfervées fans aucune interruption dans tous les fiécles écoulés depuis la naiffance du Chriftianifme & parmi toutes les Nations, Chrétiennes. Jésus-Chrift a ordonné à fes

(a) Joan, c. 18. v. 20. (b) Ait. 2. v. 41. (c) A&.

v. 4.

[merged small][ocr errors]

Apôtres & à tous les autres Miniftres de fon Evangile d'en enfeigner l'obfervation, d'adminiftrer eux-mêmes ces Sacremens, & de prendre en main le gouvernement de fon Eglife, & cela jufqu'à la fin des fiécles (a), Ils l'ont gouvernée en effet jufqu'à ce jour, par une fucceffion non interrompue, & la gouverneront ainfi toujours, tant que le Monde durera; en forte que le Clergé Chré tien eft une matiere de fait auffi notoire & auffi public que la Tribu de Lévi l'étoit chez le Peuple Juif. D'ailleurs l'Evangile eft la Loi des Chrétiens, comme les Livres de Moïfe étoient la Loi des Juifs. Et comme cet ordre d'hommes deftinés par Jésus-Chrift même à prêcher la Foi & à adminiftrer les Sacremens jufqu'à la fin du Monde, fait par tie des faits contenus dans l'Evangile, il s'enfuit évidemment que fi l'Evangile étoit une fable inventée dans quelque fiécle poftérieur à celui de Jésus-Chrift, il n'y auroit pas eu dans le tems de l'invention de cette fable un Clergé déja fubfiftant & tirant fon origine de l'inftitution de Jéfus-Chrift; mais en ce cas l'Hiftoire auroit été auffi-tôt rejettée, & l'Evangile auroit été regardé comme un Livre rempli de fauffetés, puifqu'avant la pu blication de ce Livre il n'y auroit eu ni Miniftere, ni Cérémonies, ni Sacremens, Ces (a) Matth. c. 28. v. 20.

Monumens de l'Hiftoire de l'Evangile prouvent donc que cette Hiftoire eft plus ancienne qu'eux, c'eft-à-dire, que les faits fur lef quels ils font fondés, font des faits réels, & qu'il y a eu un Jésus-Chrift qui a prêché une Doctrine, a formé des Difciples, a établi une Eglife, Monument éternel de la vérité de fes Miracles.

Les faits qui concernent Mahomet ou les Dieux du Paganisme, ne font conformes à aucune des quatre régles que j'ai données. A l'égard de ceux de Mahomet, il n'a jamais prétendu opérer aucun miracle, & il le déclare lui-même dans fon Alcoran, c. 6. Ceux qu'on lui attribue paffent chez les Mahometans même pour des fables, & les plus fçavans d'entr'eux les rejettent, à-peu-près comme nos plus fçavans Théologiens n'ajoutent point de foi à certains Miracles contenus dans la Legende. Voyez la Vie de Mahomet par M. Prideaux.

Quoi qu'il en foit, les faits qu'on lui attribue ne font en aucune maniere conformes aux deux premieres Régles que j'ai établies. Son prétendu entretien avec la Lune fon tranfport en une nuit de la Mecque à Jérufalem & de-là au Ciel,&c. ne font point i donnés comme des faits arrivés en préfence de perfonne: nous n'avons que la seule parole de Mahomet pour garant, & ces

« AnteriorContinuar »