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dant la fin du Sacrifice, ne fçavoit que pen fer du retardement de Zacharie (1); mais quand il fortit, & qu'on vit qu'il faifoit des fignes pour s'expliquer (2), on jugea bien qu'il lui étoit arrivé quelque chofe de fort extraordinaire (3), puifqu'il en avoit perdu la parole. Peu de tems après que le tems de fon Ministere fut expiré (4), fa femme de vint groffe: mais elle fut cinq mois fans en rien dire, fe contentant de rendre graces en fecret au Seigneur de ce qu'il l'avoit tirée d'opprobre; car la Stérilité étoit une

CITATIONS.

(1) Mirabantur quod tardaret ipfe in templo. Luc. 1, 21Į (2) Ipfe erat innuens illis. ibid. 22.

(3) Cognoverunt quod vifionem vidißer. ibid. (4) Ut impleri funt dies Officii ejus. ibid. 23.

REMARQUE.

dont il étoit environné. C'étoit donc dans cette feconde, que le Peuple faifoit fa Priere, pendant qu'on faifoit les Sacrifices au-dedans du Temple. Ce dedans avoit auffi deux parties, La premiere, par où il falloit paffer pour aller à l'autre, s'appelloit LE SAINT; & cette autre s'appelloit LE SAINT DES SAINTS. Les Sacrificateurs, qui étoient en Semaine, faifoient les Sacrifices de tous les jours dans le Saint feulement: il n'y avoit qu'eux qui y puffent entrer; & c'étoit où Zacharie offroit celui des parfums. Mais pour le Saint des Saints, il n'y entroit jamais que le feul Grand Prêtre; encore n'étoit-ce qu'une fois PAnnée, fçavoir le dixiéme Septembre, qu'on célébroit la Fête des Expiations. Tacite repréfente ce Temple de la même maniere au cinquiéme Livre de ces Hiftoires. Templum intimis claufum, ad fores tantum Judao aditus, bimine prater Sacerdotes arcebantur.

efpéce

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efpéce de deshonneur parmi les Juifs (V). Ce fut en ce tems que le même Ange fut envoyé à une Vierge nommée Marie, qu'un Jofeph de la Maifon de David avoit époufée, & qui demeuroit dans une Ville de Galilée appellée Nazareth. Je vous falue, lui dit-il, o pleine de Grace: le Seigneur eft avec vous; vous êtes la plus heureufe des femmes. Et, comme il la vit toute troublée, penfant en elle-même ce que vouloit dire ce difcours; Raffurez-vous, reprit-il, Marie : Vous avez trouvé grace devant Dieu. Vous aurez unFils,qui fera appellé le Fils duTrèshaut: le Seigneur lui donnera le Thrône de David fon Pere; & fon Régne ne finira jamais (1). Mais, dit Marie, comment ce que vous dites pourra-t-il arriver ? J'ai réfolu de demeurer vierge (2). L'Esprit de Dieu, reprit Gabriel (VI), opérera en vous ; & c'est

CITATIONS.

(1) Regni ejus non erit finis. Luc I. 33.
(2) Virum non cognofco. ibid. 34.

REMARQUES.

(V) Pour deux raifons. La premiere, parce que Dieu leur ayant promis la fécondité, comme les autres profpérités, ils jugeoient qu'il falloit que les femmes à qui il ne l'accordoit pas s'en fuffent rendues indignes par quelque péché. L'autre raifon étoit l'Attente du Meffie tane defiré, que chaque femme pouvoit fe flater devoir def cendre d'elle.

(VI.) C'est le même Ange, qui apparut à Daniel, pour lui expliquer la Prophétie du tems de l'avénement du Meffie.

Tome I

I

,

pourquoi votre Fils fera appellé le Fils de Dieu. Et,pour vous montrer que rien ne lui eft impoffible, fçachez que votre Coufine EliJabeth, quoique vieille & ftérile, eft groffe de fix mois. Voici la Servante du Seigneur, répondit la Vierge; qu'il me foit fait felon votre parole. Auffi-tôt après, impatiente (1) de voir ce que l'Ange lui avoit dit de fa parente, elle part pour l'aller trouver aux Montagnes de Judée, où elle faifoit fa demeure. A peine fe furent-elles faluées, qu'Elifabeth fentit treffaillir fon enfant au fon de la voix de Marie ; & l'Efprit de Dieu defcendre dans fon fein (2). Que vous êtes heureufe, dit-elle à la Vierge, & qu'heureux eft le fruit que vous porter! Et d'où me vient ce bonheur, que la Mere de mon Seigneur vienne à moi? Alors Marie lui avoua, que le Tout-puiffant avoit fait en elle de grandes chofes (3); qu'elle en étoit également indigne & confufe; que Dieu avoit enfin accompli les promeffes qu'il avoit faites autrefois à leurs peres: & après quelques mois de féjour, elle s'en retourna à Nazareth.

Depuis, Elifabeth étant accouchée d'un

CITATIONS.

(1) Cum feftinatione. Luc. I. 39.

(2) Exultavit infans in utero ejus, & repleta eft Spiritu Santo, ibid. 41,

(3) Fecit mihi magna qui potens eft. ibid.49.

fils, tous leurs parens & leurs voifins, qui fe vinrent réjouir avec elle,vouloient le nommer comme fon Pere, & elle vouloit l'appeller Jean (VII), qui étoit le nom prédit par l'Ange. Comme il n'y avoit perfonne dans leur famille qui le portât (1), ils en confultérent Zacharie, & il écrivit ce même. nom fur des tablettes (2), ne pouvant enco re parler. Mais auffi-tôt après, fa langue s'étant déliée pour louer hautement le Seigneur, tout le monde, furpris de ce miracle, fe demandoit l'un à l'autre ce qu'ils penfoient de cet enfant (3)? Son Pere, rempli de l'Esprit de Dieu, prophétifa quel feroit fon Miniftere, ainfi que l'Ange l'avoit révélé; & croiffant beaucoup plus d'efprit que de corps, il fe retira bientôt dans les deferts, jufqu'au tems qu'il dévoit paroître (4).

Cependant, l'Epoux de Marie, Jofeph, qui

CITATIONS.

(1) Nemo eft in cognatione rua qui vocetur hoc nomine. Luc. I. 61.

(2) Poftulans pugillarem fcripfit. ibid. 63.
(3) Quis putas puer ifte erit? ibid. 66.
(4) Ufque in diem oftenfionis fua. ibid. 80.

REMARQUE.

(VII.) C'eft-à-dire, felon la force de l'Hébreu, Mi féricorde de Dieu; ce qui fe rapporte fort naturellement à cet Enfant, dont la Naiffance étoit le premier point de l'Accompliffement des Promeffes: car les noins parmi les Hébreux, étoient prefque toujours fignificatifs.

étoit vierge comme elle (1) (VIII), ayant connu qu'elle étoit groffe, fit deffein de la quitter fecrettement (2); ne pouvant non plus fe réfoudre à la deshonorer en la répu diant (3), qu'à demeurer davantage avec elle. Mais un Ange, qui lui apparut en fonge (IX), le tira d'erreur, en lui apprenant de quelle maniere elle avoit conçu, felon la

CITATION S.

(1) Antequam convenirent. Matth. I. 18.
(2) Voluit occultè dimittere eam, &c. ibid. v. 19
(3) Cùm nollet eam traducere, ibid.

REMARQUES.

(VIII.) S. Jerôme, S. Auguftin, & généralement tous les Peres Latins qui font venus depuis, ont cru que S. Jofeph n'étoit point veuf quand il époufa la Vierge, comme quelques Peres Grecs avoient prétendu. Pierre Damien foutient même que c'eft la Foi de l'Eglife. Il eft conftant que l'Opinion de ce prétendu Veuvage n'étoit fondée que fur une ignorance groffiere d'un Hébraïfine fort commun, qui fera expliqué ci-dessous, Remarque LVII. Or, s'il n'étoit pas veuf, étant jufte comme l'Evangile le dit, on ne peut pas douter qu'il ne fût vierge. Voilà la plus licencieufe Addition au Texte Sacré, qu'on trouvera dans tout çet Ouvrage. Encore l'Auteur ne l'auroit pas faite, s'il avoit fçu comment rendre autrement avec clarté & bienféance l'antequam convenirent de S. Matthieu.

(IX.) Ces Songes divins, dont on trouve tant d'exemples dans l'Ecriture parmi les Juifs, faifoient partie de leur Religion, fi nous en croyons les Auteurs Païens. Entre autres Strabon, Cappadocien, & contemporain de Notre Seigneur, rapportant les principales Opinions de la Théologie de Moïfe, en parle en ces termes; Que ceux qui vivent avec pureté & juftice, font favorisés de Songes avantageux, mais jamais ceux qui vivent autrement, C'est au Chapitre de la Judée.

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