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Tel eft le portrait que fait M. de Saint Réal de Maximilien- MarieEmmanuel,Electeur de Baviere. Ce Difcours eft parfemé par endroits de traits vifs & brillans, d'exemples curieux, & d'anecdotes intéreffantes. Cet Ouvrage fut imprimé à Cologne en 1689. il eut une fortune trèsrapide, & les Exemplaires en devinrent bientôt extrêmement rares; mais il a reparu dans le fecond Tome des Mémoires de Littérature de M. de Sallengre, & on l'a inféré depuis dans les différentes Editions qu'on a faites des Euvres de M. de Saint Réal.

Cet Auteur fit imprimer à Paris en 1691,fon Traité de la Critique, fur lequel les jugemens furent extrêmement partagés. Le fçavant Bafnage de Beauval trouva que cetOuvrage étoit la Piéce la plus foible que l'Auteur eût encore donnée, & qu'il ne répondoit pas au fuccès que fes Ouvrages précédens avoient eu avec raifon. Voilà ce qu'il en dit à fes

amis dès que le Livre parut : il chan¬ gea d'avis peu après, & il en parla affez avantageufement, lorfqu'il en fit l'extrait dans fon Hiftoire des Ouvrages des Sçavans, au mois de Décembre 1691. Le fameux Bayle en fit d'abord plus de cas que Bafnage: Pour moi, fans flater votre ami, ditil à M. Minutoli, en lui parlant de l'Abbé de Saint Réal, (car je vous prie de ne lui rien marquer detout ceci,) je n'ai pas pas été fi difficile que M. de Beauval;j'ai trouvé fon Livre rempli de penfees fingulieres & judicieufes: il eft vrai que j'ai trouvé quelques-unes de fes Remarques de Grammaire trop rafinées, & par-là trop aisées à refuter, & un peu trop de malignité contre Auteur qu'il critique.

Cet Auteur critiqué par l'Abbé 'de Saint Réal, étoit M. Andri, qui avoit publié en 1689. un Livre intitulé, Réflexions fur l'usage préfent de la Langue Françoife, ou Remarques nouvelles & critiques touchant la Politeffe du Langage. L'Abbé de

Saint Réal qui étoit peut-être intéreffé perfonnellement dans ce que l'Auteur des Réflexions avoit avancé, entreprit de le refuter, en publiant fon Traité de la Critique. L'Auteur paroît vouloir y donner quelques régles fur ce que l'on peut critiquer, & fur la façon dont il faut exercer fa critique; ce qu'il avance à ce fujet, n'a pas été du goût de bien du monde : mais ce qu'il y a de plus fingulier, c'eft qu'à chaque principe qu'il propofe, pour ne pas s'écarter de la jufte & véritable critique, il les détruit lui-même, en traitant avec peu de ménagement l'Auteur qu'il a eu deffein de cenfurer il termine cet Ouvrage par quelques Régles qu'il donne pour perfectionner la Prononciation.

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La Traduction des Lettres de Ciceron à Atticus, fuivit de près le Traité de la Critique, & parut à Paris la même année 1691. en deux Volumes in-12. qui ne contenoient que deux premiers Livres des Epîtres à Atti

cus, avec la feconde Lettre du pre mier Livre de celles que Ciceron a écrites à fon frere Quintus. Cet Ouvrage eft précédé d'une longue Préface, dans laquelle l'Auteur expofe le deffein qu'il a eu en l'entreprenant; fa Traduction eft accompa gnée de Notes, tantôt hiftoriques, tantôt critiques. Le but de ces Notes n'eft pas de dire tout ce qu'on pouvoit remarquer fur Ciceron, mais feulement de mettre les endroits les plus difficiles à la portée de ceux qui n'ont pas une connoif fance bien fure des Antiquités Ro

maines.

Quelque tems après que l'Abbé de Saint Réal eut publié cet Ouvrage, il quitta Paris pour faire un voyage dans fa Patrie, mais ce fut pour la derniere fois ; il mourut à Chambéry vers la fin de l'année 1692. Les Sçavans d'alors firent des démarches pour ramaffer des Mémoires propres à former fon Eloge hiftorique, mais on ne trouva

perfonne

perfonne qui eût vécu affez familierement avec lui pour donner quelque chose de fatisfaifant à cet égard. L'Abbé de Saint Réal fe communiquoit peu; fon Cabinet & fes Livres faifoient toutes fes délices. Il avoit cependant des amis, mais il n'en cultivoit l'amitié que par Lettres. M. Baile le fçavoit bien; auffi lorsque M. Minutoli* lui fit part de la joie qu'il avoit du départ de Saint Réal pour Chambéry, & de l'efpérance qu'il avoit de pouvoir le pratiquer, & jouir à fon aise de la douceur du commerce de ce Sçavant: M. Baile lui répondit, qu'il ne devoit pas s'en flater. Je ne fçais, lui dit-il, fi je dois vous féliciter de l'approche de M. l'Abbé de Saint Réal: car vous ne le verrez pas mieux à Chambéry qu'à Paris ; & les Lettres de Paris pouvoient être plus remplies de chofes curieufes, que celles de Chambéry. Ce peu de communication

*Minutoli étoit alors Profeffeur d'Hifloire & de Belles Lettres à Genève.

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