qu'il avoit avec les hommes eft la cause, comme je l'ai déja dit, du filence qu'on a gardé sur fa perfonne, tandis que les Journaux, à l'envi des uns & des autres, ont amplement parlé de fes Ouvrages.

L'Abbé de Saint Réal après fa mort a eu cela de commun avec un des agréables génies * du dernier fiécle, que l'on n'a pas cru prendre une meilleure route pour produire avec fuccès différens petits Ouvrages, qu'en les faifant paroître fous fon nom. Le Libraire Barbin réusfiffoit affez bien dans cette espéce de fupercherie. Lorsqu'il voyoit que les Ouvrages d'un Auteur étoient bien reçus du Public, il étoit rare qu'après la mort il ne trouvât bientôt des Œuvres pofthumes à lui attribuer. Il s'adreffoit pour cela à quelques-uns de ces Ecrivains qui fçavent manier la plume affez artif tement, prendre le ton & le ftyle d'un Auteur, & il leur faifoit faire

*S. Evremont,

du S. Evremont & du Saint Réal, Voilà ce qui a commencé à augmenter considérablement les Volu mes originaux. On n'a pu fe difpenfer dans les Editions fuivantes de fuivre la même route, parce que la plupart des morceaux qu'on a prêtés à ces Auteurs ayant eu l'applaudiffement du Public, on n'a pas cru devoir retirer de la collection de leurs Ouvrages un bien que leur mémoire a été, pour ainfi dire, contrainte d'adopter.

On trouvera donc dans ce Recueil, non feulement les véritables Ouvrages de l'Abbé de Saint Réal, mais encore tous ceux qui lui ont été attribués, ou que l'on a produits fous les aufpices de fa réputation. A l'égard des Ouvrages qui lui appartiennent furement, il n'y en a point d'autres que ceux dont je viens de parler tout ce qu'on y a ajouté dans les différentes Editions, eft d'une autre main. On trouve à la tête du Recueil de Piéces d'Hiftoire &

Littérature, imprimé en 1738. une Lettre de M. D....... fur la nouvelle Edition des Œuvres de M. l'Abbé de Saint Réal, dans laquelle on apprend quels font les véritables Auteurs de différens morceaux qui forment les Volumes de cette édition. M. de Villefore, homme de Lettres, connu par différens Ouvrages parfaitement écrits, eft l'Auteur de la Vie d'Octavie, c'est lui-même qui l'a dit à l'Auteur de la Lettre, & qui lui a appris en même tems qu'un Gentilhomme d'Avignon, nommé le Marquis de la B... avoit compofé plufieurs Piéces dans le goût de M. de Saint Réal, que l'on a confondues dans la fuite avec les Ecrits de cet Abbé. En voici la lifte donnée par M. de Villefore luimême. Fragmens fur Lépide. Confidérations fur Antoine. Fragmens fur Augufte.Confidérations fur Livie.Traités de Philofophie, de Politique & de Morale. Maximes. Quelques Réflexions fur le Cœur de l'Homme. Réfle

xions fur l'Amour propre. Inconftance de P'Homme dans les égaremens de la Vie des Gens de Cour. Des Femmes.

Obfervations politiques fur la Fortune, Fragment. Lettres fur divers fujets. Confidérations fur Lucullus. Conjuration des Gracques. Affaires de Marius, &de Sylla.

La Lettre contre la Traduction de PHiftoire du Concile de Trente par M. Amelot de la Houffaye, eft de Richard Simon. Voyez ce qu'il en dit lui-même, Tom. II. Lettre 31 de l'Edition de 1730.

A l'égard des Difcours traduits de Xénophon, dont l'un traite de la maniere d'augmenter les revenus d'Athénes; & le fecond parle de la République de Lacédémone. Ils font l'un & l'autre de M. l'Abbé Desfontaines, qui ne les avoue cependant que comme des Ouvrages de fa jeuneffe.

Il eft inutile de parler des autres Piéces qui ont été ajoutées à ce Recueil, on en a jufqu'à préfent ignoré les véritables Auteurs.

Comme on a obfervé que toutes ces différentes Piéces formoient un affemblage affez bizarre, par la façon dont on les a difpofées dans les Éditions qu'on en a faites,nous avons cru devoir fuivre un ordre différent, & les ranger chacune fous un Titre général, qui pût leur convenir. C'est ce qu'on verra d'un coup d'œil au commencement de chaque Volume, en confultant la Table des Traités qui y font contenus.