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dant fi l'on examine avec attention les peintures découvertes à Rome, & celles que les ruines d'Herculanum & de Pompeia nous ont rendues derniérement, on fera forcé de convenir de la justice des louanges que les Peintres de l'antiquité ont reçues de leurs contemporains; louanges fur la vérité defquelles nous devons être raffurés par tout ce que nous venons d'exposer touchant la sculpture. Les anciennes peintures à Frefque, qui fe voient encore à Rome, font une Vénus (1) couchée, de grandeur naturelle; le tableau nommé les Noces Aldovrandines (2), celui celui de Coriolan (3), & fept autres peintures (4) qui ont été détachées d'une voûte trouvée au pied du Mont Palatin. Parmi ces dernieres fe voit un Satyre buvant dans une corne, & un paysage avec des figures, de la

(1) Au palais Barberini.

(2) Plin. lib. 35, c. 10, p. 694, lin. 31, attribue ce tableau à Echion: au palais Aldovrandini. (3) Dans la voûte des bains de Titus.

(4) Dans la galerie du College de faint Ignace, à Rome.

derniere beauté. On trouve encore un facri

fice de trois figures (1), un dipe, & un Sphynx, morceaux détachés du tombeau d'Ovide (2), d'après lefquels on peut fans témérité, former le jugement le plus avantageux de l'habilité des Maîtres qui les ont faits. Mais les peintures antiques, découvertes à Herculanum, décelent, plus que toutes les autres, les mains d'Artiftes habiles. & pleins de confiance. Le tableau de Théfée, vainqueur du Minautore, celui de la naissance de Télephe, un autre de Chiron & d'Achille (3), & un de Pan & d'Olympe, offrent des beautés fans nombre aux connoiffeurs, & qui fe découvrent davantage aux yeux les plus intelligents. Si l'on examine en effet le vifage d'Achille dans l'original du tableau d'Achille & de Chiron, & non dans

(1) Chez le Cardinal Alexandre Albani.
(2) Dans la Villa Altieri.

(3) Ces deux tableaux, de Telephe, & d'Achille, pourroient bien être de Parrhafius. Voy. Pline, Hift. Natur, lib. 35, c. 10, p. 693,

Mofaïques des Anciens.

l'eftampe imparfaite qui en a été publiée, on y trouvera un air d'expreffion & de vérité inimitable. Tout y annonce un jeune homme avide de la gloire, & qui, les yeux fixés fur fon Maître, femble impatient d'apprendre les moyens de l'acquérir. On a trouvé auffi dans les ruines de cette même ville quatre tableaux principaux qui femblent réunir toute la beauté du dessein à l'adresse la plus parfaite du pinceau : ils paroiflent être antérieurs à tous ceux que je viens d'indiquer

le

temps des premiers pouvant être rapporté au premier fiecle de l'ere chrétienne; cependant c'eft de ce temps dont Pline nous dit que la peinture étoit alors près de fa chûte, Que devons-nous penfer en ce cas des tableaux de Zeuxis & d'Appelles, fi nous trouvons tant d'éloges à donner aux productions de l'âge de la décadence de cet art, & dont la médiocrité (relativement aux chefs-d'œuvre des grands Maîtres) a fans doute occafionné le filence que Pline & les autres Hiftoriens ont gardé fur ces morceaux.

282. Il est encore un autre genre, relati£

à la peinture, qui mérite de trouver fa place ici; je veux parler des ouvrages en mofaïque dont les Romains formoient le pavé de leurs appartements. Un des plus beaux monuments de cette efpece, élégamment décrit années dans les ruines de la célebre maifon de campagne d'Adrien à Tivoli; il représente un baffin d'eau, avec quatre pigeons fur le bord, dont l'un veut boire, & dans cette attitude, l'ombre du pigeon paroît comme réfléchie dans l'eau du baffin. Pline parle dans le même endroit de la vérité avec laquelle étoient représentés fur le même pavé

par Pline (1), fut trouvé il y a quelques

(1) Le Cardinal Furieti étoit poffeffeur de ce morceau à présent au Capitole. Vid. Plin. lib. 36,

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C. 5. Mirabilis ibi columba bibens & aquam umbrâ capitis infufcans, abripiente aliâ efcam, ludentes videres in canthari labro; apricantur aliæ, fcabentes fefe. Vid. & Sueton. in Jul. Caf. c. 46, ad cujus verba. Vid. Cafaubon. Vid. & Plin. lib. 36, c. 26, p. 756. Vitruv. lib. 2 C. 8 , , P. 29. Lucani Pharfal. lib. 10 V. 114. ubi hæc :

,

Nec fummis cruftrata domus fectifque nitebant
Marmoribus.

Maniere

les débris d'un repas, tellement que l'on eût cru les voir en réalité.

283. Winkelman, dans fes remarques de teindre le fur l'hiftoire de l'art, qui n'ont point été tra

verre à tra

vers route fa duites de l'Allemand (1), parle avec admi

fubftance.

Origine de

ration de l'art des Anciens à faire des uftenfiles & des ornements de verre. Il en cite des morceaux trouvés à Rome en 1766, fur l'un defquels étoit peint un canard fi parfaitement à travers toute la fubftance du verre, qu'on le voyoit d'une maniere très diftincte, en quelque endroit qu'on le coupât horizontalement.

J'ai vu moi-même une preuve de l'habileté des Anciens en cet art dans la collection

d'antiquité faite par M. le Chevalier Hamilton, qui eft à préfent au Museum de Londres.

284. La mufique eft auffi ancienne que le la Mufique. monde; elle femble née avec l'homme pour l'accompagner dans fa pénible carriere (2),

(1) Anmerkungen uber die geschichte der kunst", P. 5 & 6, in-4.

1

(1) Quintilian, lib. I, c. 10.

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