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le genre enharmonique, encore plus difficile, ne nous eft pas parvenu; de forte qu'il ne nous refte que le plus groffier qui ne connoît point de diminution au-delà du demiton au lieu > que les deux autres genres alloient jufqu'aux tiers & quarts de ton. Sans doute que le fyftême qui appelloit l'ouie au jugement des fons, ayant prévalu, les genres chromatique & enharmonique furent rejettés comme ne pouvant être déterminés par l'oreille, & étant entiérement du reffort du fyftême pythagoricien ; mais cela n'empêche pas que l'on ne doive reconnoître l'avantage d'une telle mufique fur la moderne, par la délicatesse extrême qu'elle devoit apporter dans le chant. La feconde obfervation à faire eft que la variété des modes de la mufique ancienne y donnoit un degré d'excellence qui manque à la nôtre. Au lieu des deux modes du bécare & du bémol que nous avons, les Anciens comptoient quinze modes ou tons différents, dont les principaux étoient l'Ionien, le Lydien, le Phrygien, le Dorien & l'Eolien, chacun defquels étoit Tome II. R

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appliqué à exprimer des paffions & des mouvements différents (1), & c'étoit fur- tout par ce moyen qu'ils pouvoient produire les effets que nous venons de rapporter (2), & qui font non feulement établis d'une maniere inconteftable par des témoignages authentiques, mais encore par des conféquences tirées de l'état de la mufique qui les faifoit naître; en forte qu'il eût fuffi feulement de faire voir qu'elle étoit capable de les produire pour démontrer qu'elle les a produits (3).

(1) Platon de Republic. lib. 3. -- Martianus Capella de nuptiis, lib. 9, c. de fymphoniis, p. 316.

:

(2) Dorius prudentiæ largitor eft, & caftitatis effector Phrygius pugnas excitat, votum furoris inflammat Æolius animi tempeftates tranquillat, fomnumque jam placatis attribuit: Lydius intellectum obtufis acuit & terreno defiderio gravatis cœleftium appetentiam inducit, bonorum operator eximius. Caffiodor. loc. cit.

(3) On peut confulter un favant Auteur Allemand, intitulé Marpurg's Gefchichte der alten und neuen mufick, in 4°. Berlin, 1759, fect. 179 feq. p. 232. & Huetiana, p. 288.

Enfin il eft prouvé que nous avons perdu plufieurs ouvrages des Anciens fur la mufique, & le peu qui nous en refte paroît auffi profondément traité que ce que les modernes ont fait fur le même fujet; de plus nous ne connoiffons pas la principale partie de l'harmonie des Anciens, qui rouloit fur les trois genres de mélodie, & fur les différents modes.

Il n'eft pas croyable en effet que cette. fcience, qui avoit fleuri pendant mille ans chez les Grecs, n'y foit pas parvenue à un degré de perfection où elle n'a pu encore arriver parmi nous dans l'efpace de deux fiecles qu'elle a commencé à a commencé à y revivre; fur-tout quand nous voyons combien peu de gens s'appliquent à la partie favante de la mufique, & toutes les raisons qui s'opposent à ses progrès. Il feroit aifé au contraire de faire voir que la mufique étoit dans la plus grande eftime du temps des Anciens, & que ceux qui la cultivoient étoient honorés par l'Etat : elle étoit d'un plus fréquent usage; d'ailleurs elle étoit encouragée par les loix ; &, ce qui étoit

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d'un très grand avantage pour l'avancement de la mufique, les anciens Muficiens étoient encore fouvent très bons Poëtes, ce qui n'est pas encore arrivé parmi nous : enfin les grandes récompenfes qu'on leur donnoit, l'émulation, les combats qui s'élevoient entre eux pour remporter les prix propofés, étoient encore une raison principale pour contribuer à la perfection de cette science parmi les Anciens.

Fin de la troifieme Parties

QUATRIEME PARTIE.

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DE DIEU ET DE L'AMB; DU TEMPS, DE L'ESPACE; DE LA FORMATION DU MONDE ET DE LA CRÉATION DE LA MATIERE. CONCLUSION.

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