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même temps comme la preuve la plus marquée du favoir éminent de Moyfe dans les connoiffances des Egyptiens. En effet, comment, fans le fecours de la Chymie, Moyfe fût-il venu à bout de diffoudre entiérement un veau d'or maffif, & cela fans aucuns corrofifs qui euflent empoifonné ceux qui auroient enfuite bû cette eau? Et cependant c'eft ce qu'il fit en peu de temps, & par un procédé qui eft le feul qui puiffe produire cet effet. Frédéric III, Roi de Danemarck, étant curieux de vérifier cette opération, engagea quelques habiles Chymistes de fon temps à la tenter. Ils réuffirent après plufieurs efforts,

306, 410 & 415, parle de la teinture d'or. -» Le » fameux Joël de Langelote dit dans fes ouvrages, que la feule attention fuffit pour diffoudre entiére» ment l'or. Et l'ingénieux Homberg affure que » l'eau fimple, broyée long-temps avec certains mé» taux, & même avec de l'or, a diffous ces corps fi » parfaitement, qu'ils en font devenus potables ». Boerhaave, Eléments de Chymie, p. 604. Vid. Dickinfoni Phyficam vet. હ Lect. 4, lib. 20, nov.

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P. 318.

mais en fuivant la méthode de Moyfe, de réduire premiérement l'or en petites parties par le feu (1), & enfuite de le broyer en un mortier (vraisemblablement avec de (2) l'eau ) jufqu'à ce qu'il fût réduit à un degré de diffolution propre à le rendre potable. Le fait ne peut être révoqué en doute, & il n'a rien de furnaturel; nous favons que Moyfe étoit inftruit dans les fciences des Egyptiens (3), chez qui l'on convient qu'elles étoient cultivées avec beaucoup de fuccès, & chez lefquels les premiers philofophes Grecs alloient puifer leurs connoiffances (4). Nous allons

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(1) Sennertus, de confenf. & difcord, enfeigne que le mot ne fignifie pas feulement brûler mais calciner, Ifaie 33, 12, fondre & réduire en poudre, de quelque maniere que ce foit.

(2) Voyez l'avant derniere note.

(3) A&t. Apoft. c. 7, v. 22. Clem. Alexand. Strom. lib. 1, p. 148, 149. - Philo Judæus de vitâ Mofis, lib. 1.

(4) Profectus eft in Egyptum Orpheus, Mufeus, Dædalus, Homerus, Lycurgus, Solon, Plato, Pythagoras, Eudoxus, Democritus abderites; hi in

faire voir à préfent que ce n'étoit pas fans raifon qu'ils jouiffoient d'une fi grande réputation; & il ne faut pour cela que faire attention à quelques opérations de la Chymie de ceux qui formoient de femblables éleves.

Momies, monuments

dans la Chy

201. Leur maniere de travailler le ciment dont ils faifoient ufage pour bâtir ces monu- du favoir des ments qui fubfiftent encore, nous eft juf- Egyptiens qu'ici inconnue; mais il n'y a pas de doute mic. qu'ils ne le préparaflent par des moyens toutà-fait chymiques ; & la perte de ce secret est encore tous les jours un fujet de regret pour

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Egypto certè perceperunt omnia quæ apud Græcos fecere admirabilia. Diod. Sicul. lib. 1, p. 86. Julius Maternus Firmicus de Mathef. lib. 3, c. 55 2 parle de la science de l'Alchymie comme d'une chofe connue, & dans fa préface il dit qu'il a tiré de chez les Egyptiens toutes les choses sur lesquelles il se propofoit d'écrire. Lib. 3, c. 1. Lib. 8, c. 6. Præfatio,

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Scrutari cœca metalla,

Depofitas & opes, terræ que exurere venas,
Materiemque manu certa duplicarier arte.

Manilii Aftronomicon, lib. 4, v. 246. Ce dernier

vers eft une defcription de l'Alchymie.

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nous. Les momies fans nombre qui nous ont été confervées malgré une fi longue fuite de fiecles, doivent fuffire pour affurer aux Egyptiens la gloire d'avoir porté la Chymie à un degré de perfection atteint par un très petit nombre. Il y a dans leurs momies feulement un affemblage d'opérations chymiques, dont quelques-unes font encore ignorées, malgré les tentatives des plus habiles Modernes pour nous les reftituer. L'art d'embaumer les corps morts, par exemple, & de les conferver plufieurs fiecles, eft abfolument perdu, & n'a pu être porté auffi loin qu'il l'étoit par les Egyptiens, fans de grandes connoiffances dans la Chymie (1). Tous les efforts que l'on a faits pour recouvrer cet art ont été inutiles; les analyfes réitérées faites de quelques momies, pour découvrir les ingrédients qui entroient dans leur composition, on été fans fruit. Quelques Modernes ont effayé de conferver des corps morts avec certaines préparations, mais inutilement; les

(1) Herodot, in Euterp. lib. 2, p. 135.

que

momies de Louis de Bils, qui étoit regardé comme ayant excellé en ce genre, font déja corrompues (1); on trouve d'ailleurs dans les momies d'Egypte plufieurs procédés du ffreort de la Chymie; de la dorure (2) auffi fraîche fi elle eût été appliquée depuis cinquante ans. De la foie teinte en couleurs qui n'ont rien perdu de leur vivacité, malgré trente fiecles écoulés depuis ce temps-là. On voit au Mufée de Londres une momie toute couverte de bandes de petits grains de verre de différentes couleurs, qui prouvent que ce peuple avoit déja l'art de travailler le verre, & de le peindre à fon gré. Sur quoi je remarquerai en paffant, que les ornements

(1) Louis de Bils ( Bilfius) de Copenhague ; Gabriel Clauder, Médecin du Duc de Saxe en 1679.Tobias Andraas, Epift. an. 1682. Act. Erudit Lipf. ann. 1683. M. Julio. p. 270. Conrigius de Sapien→ tia Egyptior. p. 210.

(2) Les Anciens connoiffoient auffi la dorure en or moulu. Es inaurari argento-vivo, legitimum erat. Plin. Hift. Natur. lib. 33, c. 3. Vitruv. lib. 7,

c. 8.

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