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fini s'évanouit, & les démonftrations de l'infini font frivoles & abufives, appuyées feulement fur l'idée d'un partage, qu'on croit faifable, parce qu'on l'imagine tel. De plus il ne paroît nullement néceffaire que cette divisibilité à l'infini fubfifte dans l'univers; elle n'augmente rien à la majeftueufe idée que nous avons de la Divinité, dont la grandeur se manifeste bien davantage dans la création des unités indivisibles de plufieurs grandeurs & formes différentes. N'eft-il pas ridicule de lire dans tous les écrits des Sçavans, que Dieu s'eft fervi des moyens les plus courts & les plus fimples pour opérer les plus grandes merveilles, tandis qu'ils foutiennent par des démonftrations purement idéales la divifibilité à l'infini.

Cette feule contradiction ne détruit - elle pas tout ce qu'ils pourroient avancer en faveur de cet infini?

Avons

Avons-nous, par exemple, plus de 24 lettres pour écrire tous les mots de toutes les langues de l'univers? Y a-t-il un homme, affez hardi pour ofer dire qu'il donnera la n le nombre de toutes les combi- abi naifons differentes de mots, de mak fyllabes, &c. qui peuvent fortir de lettres L'imagination en eft fi frapée d'étonnement, qu'elle nous fait employer communément ce terme trop ufité d'infini pour marquer l'idée de l'immenfité du nombre de ces combinaisons.

ces 24

Un difcours long & entier peut être comparé à un corps matériel qui lui feroit proportionné ; c'cftà-dire, compofé d'un auffi grand nombre de parties effentielles & indivifibles, que ce difcours contiendroit de lettres. Qu'arriveroitil fi l'on divifoit ce difcours par la penfée ainsi qu'il eft poffib'e de le faire effectivement? Que le fruit de la premiere divifion feroit la

D

féparation de tous les mots dont il
eft compofé, lefquels peuvent être
comparés aux corpufcules,qui font
de petits affemblages d'unités prin-
cipes, & l'effet de la feconde di-
vifion feroit la féparation de tou
tes les lettres qui compofent les
mots. Or ces lettres comparées
aux parties ou unités principes,
font de
24 fortes; ce font donc
fortes d'unités indivifibles, fer-
vant à la conftruction du difcours,
comme les triangles fervent à la
conftruction des figures géométri

24

ques.

2

Seroit-il poffible à un homme de divifer, foit par l'effet, foit par la penfée un a à l'infini, ou en deux moitiés? Pourquoi donc veut - on que les triangles ne føient pas indivifibles ainfi que les lettres de l'alphabet & les lignes qui les compofent Pour moi je conclus leur indivifibilité, parce que la raifon, la verité, & la gloire du Créateur Pexigent.

Les nombres ont cette proprié té, qu'ils nous représentent l'unité principe de toute efpece par 1Cette unité eft donc indivifible comme la chofe qu'elle reprefente. Un nous représente auffi l'unité compofée ou affemblage de parties quelconques, comme un mefure ou un poids, une livre, un cent, une toife, un pouce, une ligne. Telles unités font divifibles à la portée de nos facultés & de nos lumieres..

Il réfulte de la connoiffance des unités indivifibles, que la matiere n'eft point une dans fes principes, mais au contraire que le Créateur a ordonné la forme de fes princi pes en pluffeurs façons d'être, afin de multiplier les differentes figu res des corps & de leurs fuperfi

cies.

Que la divifion des furfaces & des corps ne peut être pouffée géométriquement, ni de quelque fa

çon que ce puiffe être, que jafqu'au triangle; ainfi que la divifion du difcours ne peut aller plus loin qu'aux lettres, & qu'enfin les differens triangles font les différentes unités principes des corps & fuperficies, comme les lettres font les différentes unités principes du difcours, &c.

à

Je crois avoir fuffifamment démontré l'inutilité de l'Algébre, & à peu près combien il eft nuifible à la Géométrie par le trouble qu'il répand dans les plus intéref fantes queftions de cette fcience; mais je croirois manquer ce que je dois au Public, fi j'en reftois làJe dirai donc que l'indivifibilité de l'unité principe étant conftatée, & la commenfurabilité de la diagonale au côté étant établie, ce qui eft ftatué de la figure circulaire en Géométrie eft abfurde.

Par exemple, il eft dit que le cercle eft un poligone régulier

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