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SUR LE
POEME E-

IIQUE.

née en 1742. en cinq petits volumes. TRAITE'S M. de Voltaire n'avouë pas, dit-on, la traduction Françoise faite sur l'original Anglois, & imprimée à Paris en 1728. Cette traduction a été long-tems attribuée à M. l'abbé des Fontaines, & bien des gens la lui donnent encore. Mais lui-même dans un écrit publié au commencement de 1739. en fait honneur à feu M. de Plélo, depuis Ambassadeur en Dannemarck, qui, à ce que l'on prétend, fit cette traduction pour s'amufer à Paris dans le tems qu'il apprenoit l'Anglois. Quoi qu'il en soit, le traducteur nous assure qu'il n'a retranché de l'original que trois lignes qui regardent ce que l'on appelle la sainte Ampoule, sujet en effet bien étranger à un difcours sur le poëme épique.

Il ne fera pas inutile de joindre à ce discours l'Examen critique qu'un abbé Italien en a fait en fa langue, & qui a été traduit en François par M. l'abbé Antonini, & imprimé en 1728. à Paris. Cependant, comme le principal but de l'Auteur eft de défendre les Poëtes Italiens ses compatriotes contre les attaques de M. de Voltaire qui les a peu ménagés, je ne m'arrêterai pas plus longtems fur cet écrit. J'en ferai usage lorf

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TRAITE'S

SUR LE

que je vous rendrai compte des traduc--
tions Françoises des Poëtes Italiens.
Environ deux ans après que ce petit POEME E-
Ouvrage eut été rendu public, le pere PIQUE.
Bougeant, Jéfuite, donna dans les Mé- Mois d'Août
moires de Trévoux, fes Réfléxions fur 1730.
le poëme épique par rapport aux anciens

aux modernes. C'est le dernier écrit sur ce sujet qui me foit connu. L'Auteur y examine particulierement quel est le genre de fictions qui entrent dans le poëme épique; & il en admet deux. La premiere est une suite d'événemens purement humains, mais grands, extraordinaires, surprenans, fans cependant paffer les bornes de la vraisemblance. Ce font des batailles, des dangers, des tempêtes, des rencontres fingulieres, des entreprises hardies, & tout ce qu'on appelle des actions héroïques. Tous ces faits, lorsqu'ils font bien amenés, bien peints, excitent dans les lecteurs de vifs sentimens de compaffion, de joïe, de terreur, piquent la curiofité. Mais le pere Bougeant croit qu'avec cela feul on ne fera qu'une histoire ou un roman

en vers.

Pour faire un poëme épique suivant l'idée qu'il prétend que tous les fiécles s'en font formée, il faut done encore

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! TRAITE'S

SUR LE

PIQUE.

un autre genre de fictions, emprunter son sujet des tems fabuleux, faire venir POEME E- à fon fecours les divinités payennes, les interreffer dans l'action du poëme. Ce Jéfuite croit que c'est cela seul qui anime proprement, & qui caractérise le poëme épique; ce qui lui donne la noblesse, l'élévation, le fublime, le merveilleux. N'est-ce pas avoir une idée trop basse du génie des Poëtes chrétiens, que de leur rendre nécessaire, s'ils veulent plaire & instruire, tout cet attirail de divinités chimériques, méprisées même par les plus sensés d'entre les payens?

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ECRITS SUR

LA TRAGE

Des Ecrits fur la Tragédie & la
Comédie.

J

ENTRE dans une matiere délicate; & j'ai quelque regret que la fuite de DIE ET LA mon plan m'y entraîne. Je suis perfuadé COMEDIE. du danger des spectacles: l'Eglise tou jours fage dans ses décisions, les con damnne; je souscris sans réserve à cette condamnation, & je voudrois pouvoir perfuader à tout le monde une docilité fi

)

ECRITSSUR

raifonnable, & que je regarde comme
un crime de refuser. Si je vous entre- LA TRAGE-
tiens donc un moment des écrits con- DIE ET LA
cernant la tragédie & la comédie, ce COMEDIA.
n'est qu'historiquement, parce qu'ils font
partie de la littérature, & que l'on par
le si souvent dans le monde des pièces
de théâtre, que celui qui est destiné à y
vivre, ne peut guéres s'empêcher de
prendre au moins une légére teinture de
ce qui conftituë ces pièces.

En s'arrêtant à ces bornes, peut-être
fuffiroit-il de lire ce que l'on trouve fur
ce sujet, dans les traités généraux de
l'art poëtique dont je vous ai parlé. Mais,
suivant mon plan, je dois vous faire con
noître tout ce que l'on a écrit fur cette
matiere en notre langue, c'est-à-dire
tout ce que j'en connois moi - même.
Cette connoiffance ne remonte pas plus
haut chés moi que l'écrit que Jean de la
Taille de Bondaroy a mis au-devant de
sa tragédie de Saül le furieux, imprimée
en 1572. C'est un discours adressé à
Henriette de Cleves, Duchefse de Ne-
vers. Notre tragédie étoit alors dans fon
enfance. Mais il n'est pas inutile de fa-
voir ce qu'en pensoient ces vieux Au-
teurs que l'on ne méprise souvent, que
parce qu'on ne les apoint lis

1

LA TRAGE

Voici en deux mots la doctrine de

ECRITSSUR Jean de la Taille, qui est à peu près la DIE ET LA même que celle d'Horace. Il veut que COMEDIE. l'on ne choisisse pour sujet d'une tragé

die, qu'un événement extraordinaire qui puisse exciter la compassion, & tirer des larmes, parce que le but de la tragédie est d'émouvoir en nous interressant à ce qui se passe sur la scene. Il exige que l'on en rejette toute action, tout événement qui ne feroit pas au-dessus de l'ordre commun & ordinaire: que le héros principal foit quelque Prince, quelque Grand, qui foit plus malheureux que méchant, qui nous interresse sur son fort, non qui excite notre indignation contre ses crimes ou contre ses cruautés. Que l'on représente l'histoire ou le jeu en un même jour, dans un même tems, & en un même lieu : Que la scene ne foit jamais enfanglantée, & que la mort des acteurs se passe toujours en récit: Que l'on excluë tout personnage étranger, ou oifif, ou inutile, & plus encore tout personnage feint: Que l'on n'y entende, ni ne voye rien qui forte de la vraisemblance: Que la fin de chaque acte fasse tellement attendre le suivant, que l'efprit du spectateur soit toujours en fufpens, & dans une forte d'impa

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