1 ECRITSSUR LA TRAGE tience de voir le dénouëment: Que les , Depuis ce petit discours de Jean de la Taille, près d'un sfiécle s'écoule fans que l'on voye aucun traité particulier fur la tragédie. M. de la Mesnardiere entreprit enfin de nous dédommager de ce long filence. Il publia en 1640. un gros volume qui eut quelques approbateurs, & qu'on ne lit presque plus depuis longtems. Ce n'étoit que le commencement d'un plus grand ouvrage où il ne devoit rien laisser à défirer sur tout ce qui concerne l'art poëtique. La mort du Cardinal de Richelieu qui l'avoit mis en œuvre, interrompit cette fuite; & je ne vois pas qu'on l'ait trop regrettée. Rap LA TRAGE pellés-vous ce que j'ai dit dans le trof ECRITS SUR fiéme chapitre, du premier & unique voDIE ET LA lume qui ait paru; je dois être dispensé COMEDIE. de vous le répéter. François Hedelin, abbé d'Aubignac, Confeiller, Aumônier & Prédicateur du Roi, étoit un de ceux qui estimoient le volume de M. de la Mesnardiere; ce qui ne l'empêcha pas d'écrire fort au long sur le même sujet, autant par inclination & par goût, que pour complaire au Cardinal de Richelieu qui étoit paffionné pour les spectacles. Tout le monde connoît sa Pratique du théâtre, imprimée en 1657. in-4°. & fon Projet pour le rétablissement du théâtre François, qu'il fit par l'ordre du Cardinal, mais qui échoua avec la mort de son Eminence. La pratique du théâtre eft différente de la théorie, felon l'abbé d'Aubignac : celle-ci ne contient que des maximes générales; l'autre en est l'application. Avant l'Auteur, les anciens & quelques modernes dans leurs écrits fur l'art poëtique, avoient traité de l'excellence du poëme dramatique, de fon origine, de ses progrès, de ses especes, de l'unité d'action, de la mesure du tems, des fentimens, des mœurs, du langage, feulement en général; & c'est ce μ ) LA TRAGE qui fait la théorie du théâtre. Mais pour mod. t. 3 p. On lui a cependant reproché d'avoir Le Clerc, quelquefois donné aux expreffions des bibl. anc. & anciens un sens contraire à celui qu'on 301. y apperçoit quand on lit les originaux avec attention; de s'être donné pour le premier qui ait bien difcuté ce qui regarde les difcours didactiques ou les inf LA TRAGE tructions, quoiqu'il ait puisé dans les ECRITSSUR anciens presque tout ce qu'il en dit; DIE ET LA d'exiger avec trop de sévérité l'obserCOMEDIE. vation des regles posées par ceux - ci. Jugem. des Sçav. t. 3. p. 305. disc. de M. la Un préjugé favorable à l'abbé d'Aubignac, c'est qu'il entendoit mieux la matiere dont il s'agit, que Jean le Clerc, & les autres qui lui ont fait ces reproches; qu'il l'avoit étudiée presque toute sa vie; qu'il connoiffsoit affés bien le génie de la poëfie en général, & particulièrement celui de la comédie Grecque, Romaine, Italienne, Espagnole & Françoise; que quelque estime qu'il eût pour les anciens, il n'étoit point entêté de leurs fautes, & qu'il avoit affés de goût & de bon sens pour juger qu'on ne pourroit réüssfir, si l'on vouloit suivre toutes leurs manieres qui seroient ridicules fur notre théâtre. Un reproche plus vrai & plus sérieux que M. Baillet & plusieurs autres lui Quatriéme ont fait, c'est que fans aucune néceffiFrain du té, & contre les défenses expresses de Tremblay, fur l'Eglife qu'il n'ignoroit pas, il s'eft rendu dans le même ouvrage l'apologifte des spectacles. C'étoit déja beaucoup trop de vouloir allier ensemble les titres de Prédicateur de la morale Evangélique, & de légiflateur du théâtre; poëf. ECRITSSUR LA TRAGE DIE ET LA mais rien ne l'obligeoit à se rendre ri- , α C'est en effet un plaifant projet pour un Ecclésiastique de vouloir transporter au théâtre les droits & les priviléges de la chaire, & les peuples feroient bien à plaindre si dans le Christianisme il n'y avoit pas d'autre chemin qui les conduisît à la vertu, que celui du théâtre. Mais l'abbé d'Aubignac avoit plus lû & médité les Auteurs profanes que l'Ecriture & les Peres; & d'ailleurs, comme je l'ai dit, il vouloit se rendre agréable au Cardinal de Richelieu qui portoit l'amour des spectacles, jusqu'à vouloir ajouter aux titres éminens qui le décoroient, le vain & ridicule avantage d'être regardé comme un bon juge, & même comme un habile Auteur de piéces de théâtre. Outre la premiere édition de l'ouvrage de l'abbé d'Aubignac, on en trouve une autre marquée dans plusieurs |