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LA TRAGE

Evrem. t. 3:

in-12,

mont avoit adressé à George Villiers; ECRITSSUR duc de Buckingham, mort en 1687. DIE ET LA ses réflexions sur l'opera, & une coméCOMEDIE. die critique sur la même matiere. Ces Oeuvr.de S. deux piéces donnent une idée fort déédit. de 1725. savantageuse des Opera. Dans la premiere l'Auteur dit que ce poëme » est un travail bizarre de poësie & de mu>> sique, où le Poëte & le Muficien éga>>lement gênés l'un par l'autre, se don>> nent bien de la peine à faire un mé>>> chant ouvrage. « Il avoit dit auparavant, » qu'une fottise chargée de mu> sique, de danses, de machines, de dé> corations, est une sottise magnifique, >> mais toujours fottise; que c'est un vi>>> lain fonds sous de beaux dehors, où >> l'on pénétre avec beaucoup de défa>> grément. « Il y trouve encore beau coup d'autres défauts, dont il y a lieu de croire que les partisans de ce spectacle ne conviendront pas: entr'autres celui de faire chanter toute la piéce depuis le commencement jusqu'à la fin, comme si les personnes qu'on représente, s'étoient ridiculement ajustées pour traiter en musique, & les plus communes, & les plus importantes affaires de la vie.

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Sa comédie intitulée, les Opera, est

R

LA TRAGE

encore une fatyre contre ce poëme. ECRITSSUR
M. de faint Evremont y introduit une
jeune fille à qui la lecture des romans DIE EL LA
avoit commencé de gâter l'esprit, & COMEDIE.
que celle des Opera a fait extravaguer.
A cette occafion, il fait faire par plu-
sieurs personnages de cette piéce divers
portraits de l'opera qui ne le représen
tent pas fous des couleurs bien cара-
bles de plaire à tout homme de bon
sens. Je ne vous dirai pas si ces por-
traits font naturels ou trop chargés. Je
les croirois vrais par les exemples que
l'Auteur cite, & par la lecture que j'ai
faite de plusieurs Opera, même de ceux
de Quinault. Dans la quatrième scene
du second acte, M. de saint Evremont
donne les caracteres de plusieurs des
premiers Opera; & sa critique me pa-
roît être celle d'un homme d'esprit, qui
a du goût, & qui juge sainement. Nous
avons cependant deux écrits nouveaux
où l'on tient un langage fort différent:
les Réfléxions de M. Rémond de Saint
Mard fur l'opera, & les quatre Lettres
à Madame la Marquise de P.... fur
Popera. Ces deux écrits ont paru en
1741. & le premier a été joint en 1742.
au second volume des Oeuvres mêlées
de l'Auteur,

J

LA TRAGE

DIE ET LA

Dans chacun l'on dit beaucoup de ECRITSSUR bien & beaucoup de mal de l'opera, mais l'apologie y domine plus que la COMEDIE, cenfure. Si l'on y convient que la critique que M. de saint Evremont a faite de ce spectacle, est quelquefois juste, si l'on avoüe avec lui que l'opera confidéré comme spectacle, a de grands défauts, l'on y trouve encore plus d'avantages, plus d'attraits, plus de charmes. On n'y loüe pas seulement la Musique, la danse, les décorations, on y éleve aussi fort haut les sentimens qui * dominent dans les pièces, & en particulier dans celles de Quinault, & dans quelques autres. On y donne des regles & des préceptes pour perfectionner ce spectacle. A l'égard du bien & du mal moral, à peine en est-il question dans ces deux écrits; & le peu que l'on en dit est toujours monté sur le ton d'éloge. Il y a du goût dans ces deux écrits; l'esprit & l'enjoüement y regnent, un style leger & délicat y domine. Mais il me semble qu'on lit encore avec plus de plaisir les quatre lettres que les réfléxions de M. de saint Mard. L'ordre manque un peu dans celles-ci. Il y a beaucoup de pensées qui m'ont paru plus brillantes que folides, je ne connois

point point l'Auteur des quatre lettres. Les agrémens du style, des exemples bien choisis, diverses réflexions fort sensées dont elles ne manquent point, m'ont engagé à les lire deux fois, mais fans me réconcilier avec le spectacle dont on y ose faire l'apologie. Difpenfés-moi d'entrer dans un plus grand détail fur des écrits contre lesquels un lecteur chrétien doit être fi fort en garde.

CHAPITRE VI.

Des Ecrits fur la Poësie lyrique, fur l'Ode.

ou

N appelle poëfie lyrique, celle

LYRIQUE.

le rec. de fes

fur la lyre, ou fur d'autres instrumens LA POESIE pareils. Ses compositions se nomment odes, c'est-à-dire, chants, & fe diftribuent en strophes ou stances. On a peu Roy, réfléx. d'écrits en notre langue sur l'ode: ce sur l'Odedans qui pourroit venir de ce que ce genre poëf. de poëfie n'étoit guéres connu des François avant Malherbe, & qu'il fut prefque enseveli avec lui pour ne renaître qu'à la fondation des prix de l'Académie Françoise. L'ode parut dans un

Tome III.

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nouveau luftre, lorsque M. Despreaux ECRITSSUR célébra fur le ton de Pindare la prise de LYRIQUE. Namur. Enfin le rétablissement des Jeux

LA POESIE

floraux, & les couronnes que Toulouse distribuë tous les ans, ont multiplié les Poëtes lyriques, mais non les écrits didactiques sur ce sujet. Le peu que nous en avons, peut être lû en quelques heures.

Je ne vous conseillerois que de parcourir la préface que M. Dacier a mife au-devant de fa traduction des odes d'Horace. Le savant traducteur promet d'y parler de la poesie lyrique, de fon >> origine, de fon caractere, des chan>> gemens qui lui font arrivés jusqu'à ce » qu'elle foit parvenue à sa perfection, » & des Poëtes qui l'ont cultivée. « Le plan est beau, l'éxécution étoit digne de l'érudition de M. Dacier; je suis fa ché qu'il s'y soit fi mal pris. Son difcours est extrêmement diffus, & manque de méthode. Pour savoir ce que l'Auteur pense de l'origine de l'ode ou de la poëfie lyrique, chés les Grecs & les Romains, il faut effuyer beaucoup de réfléxions sur la poëfie en général, & fur celle des Hébreux en particulier, fur le génie des Grecs & fur celui des Romains; digreffions savantes, j'en

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