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notre imagination de quoi s'accrocher, il ECRITSSUR fuffit de lui offrir quelque chose de palpable.

LA FABLE.

Cependant M. Nicolas convient que les êtres destitués d'organisation nous plaisent moins dans les fables que les étres organisés; que par cette raifon il vaut mieux entendre parler une plante qu'une lime, la premiere étant plus analogue à notre être, & notre plaifir croiffant à proportion de l'analogie que les chofes ont avec nous. Il ayouë de même, que nous préférons les animaux aux plantes dans la fable, parce qu'ils ont, comme nous, le talent de sentir, & en quelque façon celui de raisonner; que de plus, outre ces qualités générales, ils en ont de particulieres qui les distinguent, & qui les font contraster entre eux: qu'il y a seulement une attention à avoir, c'est que les animaux différants entre-eux, on ne doit faire dire à chacun que ce qui eft propre au caractere que nous lui connoiffons, & qui ne convient précifément qu'à celui que nous faifons parler. Tout cela est vrai: mais M. Rémond n'ayant pas dit autre chose, étoit-ce la peine de le contredire? On ne voit pas bien non plus ce qui déplaît à M. Nicolas dans l'éloge quo

J

l'Auteur des réfléxions fait du style familier dans la fable, & dans la préfé- ECRITSSUR rence qu'il lui donne sur le style foutenu. LA FABLE. Le caractere que M. Rémond fait de l'un & de l'autre me paroît au moins aussi juste qu'il est peint élégamment. Mais peut-être aussi que l'Auteur des lettres n'a pas eu intention de le cenfurer fur cet article; car j'avoue que ce qu'il en dit, m'a paru si obscur que je n'ai pû deviner sa pensée. Je suis fâché que mon intelligence m'ait si mal servi, ce font, fans doute, des beautés que je perds.

M. Rémond parle aussi des contes, nouveau genre de poësie, qui dans l'usage que M. de la Fontaine, & plusieurs autres en ont fait, n'est propre qu'à corrompre les mœurs. Il examine en peu de mots fi l'on doit préférer le conte à la fable, & il décide pour cel le-ci, parce qu'elle a l'avantage d'être plus variée, de porter plus de réfléxions, d'être continuellement foutenuë par l'allégorie. Le mérite principal du conte ne se tire, dit-il, que de notre concupifcence. On ne peut en dire plus pour le décrier; & cet aveu a quelque chose d'édifiant. Mais l'Auteur des réflexions le gâte aussi-tôt en

prodiguant ses éloges aux contes de M. ECRITSSUR de la Fontaine, quoiqu'il foit en mêLA FABLE. me-tems obligé d'avoüer, ce qui est vrai,

Esope au Parn, icen. 1.

qu'à la faveur des tours délicats que l'Auteur a sçu y employer, ils n'en portent que mieux leur poison à des imaginations naturellement gâtées comme les nôtres. Pourquoi donc les loüer? Le poison en est-il plus eftimable, parce qu'il tuë plus agréablement?

Je finis le compte que j'avois à vous rendre du petit nombre d'écrits sur la fable dont on a enrichi notre langue, en vous rapportant ces vers d'un Poëte moderne qui s'est déja acquis une gran de réputation dans ce genre de poëfie, & qui en expriment en peu de mots tous les caracteres & les avantages que l'on peut en retirer. Ces vers font de M. Pesselier; & la piéce d'où ils font tirés, eft fort connuë. Voici donc ce qu'il dit:

Sublime dans sa fin, simple dans ses discours,
Pour orner la raison, l'Apologue a recours
A tout ce que l'on voit, à tout ce qui respire,
Et tient le monde entier soumis à son empire.
Dans ses mains le plaifir produit l'instruction.
Toujours supérieure à la distinction
Des rangs & des humeurs, des sexes & des âges,
Dans la pompe des Cours, dans l'ombre des Villages,
La fable se diftingue, & le bien des Etats
L'éleve quelquefois jusques aux Potentats.

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N

CHAPITRE X.

Des Ecrits fur la fatyre.

Ous n'avons guéres plus d'écrits ECRITSSUR en notre langue sur la fatyre que LA SATYRE,

fur la fable; mais nous en avons de plus anciens: & ce genre de poësie est aussi plus anciennement en usage chés nous. Dès les premieres années du siécle dernier, Jean Vauquelin de la Fresnaye, l'un de nos premiers fatyriques François, composa sur ce sujet un discours qui n'est pas indigne d'être lû. Il avoit étudié cette matière dans Horace, Juvenal & Perse: c'étoit puiser dans les meilleures sources que les Latins ayent euës; & il représente affés bien le caractere des fatyres de ces trois Poëtes. Ses conjectures sur l'origine de ce poëme, apprennent peu de chose: mais les regles qu'il veut que l'on y garde, font juftes. Comme il croit qu'on ne doit y avoir pour but de reprendre les vices que pour les corriger, & qu'il faut toujours y faire honneur à la ver

tu, il veut qu'on s'y abstienne de diffa

mer personne en particulier, & qu'on ne

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LASATYRE.

Je licentie par vengeance ou autrement. à ECRITSSUR faire des vers pleins de médisance, d'injure & de menterie, tels, ajoute-t'il, que font les Coqs-à-l'âne, lesquels prirent pied, & fuccéderent aux Sylvantés de nos Poëtes Wallons & Provençaux. Vauquelin infifte fur ces préceptes, & les appuye par des réfléxions fages & judicieuses. Il avoit déja donné les mêmes avis dans le deuxiéme livre de fon art poëtique en vers François'; dont je vous ai parlé ailleurs; & ce qui doit rendre cet Écrivain estimable, c'est qu'il est lui-même très-exact à les fuivre dans ses fatyres.

Environ quarante ans après, en 1653. Denis Challine, Avocat au Parlement de Paris, donna un autre difcours fur le même sujet avec sa traduction en vers François des fatyres de Juvenal. Ce discours n'est point à méprifer. Ce que l'Auteur y dit sur l'origine & les caracteres de la fatyre, m'a paru conforme à ce que d'autres Écrivains d'une plus grande réputation, en ont écrit depuis. Il venge affés bien ce poeme contre les invectives de ceux qui ne le décrient que parce qu'ils appréhendent eux-mêmes d'être éclairés furleurs défauts, ou d'en être blâmés. Il fait voir

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