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ECRITSSUR

voir non-feulement que l'on peut faire de bonnes fatyres, fans être animé par la paffion, & fans que l'on puiffe LASATYRE. être accusé de médisance, mais même qu'il est très-possible de n'y avoir en vûë que l'utilité du prochain. Ce difcours eft mal écrit ; il y a plusieurs digressions inutiles; l'Auteur enfle ou rabaisse trop son style fans raison & fans regles; mais on y lit des vérités importantes, on y trouve des principes fort justes; & une érudition qui convient au sujet, & qui ne le charge point. Je ne ferai que vous citer le petit traité d'André Duchêne sur le même genre de poëfie: c'est plus un avertissement au lecteur qu'il a voulu faire servir d'introduction à sa version en prose de Juvenal, qu'un écrit didactique sur la fatyre.

Le discours de M. Defpreaux fur le même sujet, imprimé pour la premiere fois en 1668. & sa neuvième satyre, font peut-être ce qui est le plus connu entre nos écrits François sur la fatyre, & ce qu'on lit davantage. L'un & l'autre méritent l'estime qu'on leur accorde. Un esprit juste & ami du vrai, un goût fin & délicat, un style pur, élégant, toujours agréable quand le sujet le de Tome III.

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- mande, brillent dans l'un & dans l'au ECRITSSUR tre. Mais ces deux écrits ne font au LA SATYRE. fond qu'une apologie de la satyre. M.

Despreaux étoit plus que tout autre
interreffé à la faire: & s'il ne perfuade
pas toujours par la force de ses raisons,
il nous charme trop par la beauté de fon
efprit, & le tour ingénieux qu'il donne
à tout ce qu'il dit, surtout dans sa neu-
viéme fatyre, pour que l'on puisse se
réfoudre à prononcer sa condamnation.
Tout lecteur n'a pas le courage de
l'abbé Cotin & du fieur Desmarets de
faint Sorlin, qui au hazard de n'être
point lûs, ou de ne perfuader perfon-
ne, se sont élevés avec beaucoup de
vivacité contre cet illustre Écrivain,
l'un dans une fatyre qui n'a rien de re-
marquable que l'aigreur qui y domine,
& fa verfification infipide, & dans fa
Critique définterressée sur les fatyres du
tems; l'autre dans sa Défense du poëте
héroïque, dont je vous ai déja parlé.
L'Écrivain irrité se fait trop sentir dans
ces écrits. Vous pourriés lire cependant
la préface de Desmarets, & cinq ou fix
endroits de fon ouvrage: on ne laiffe
pas d'y trouver de bonnes réfléxions
fur le génie & le caractere de la satyre,
& fur les devoirs d'un Poëte satyrique,

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Il vous fera aifé d'y démêler ce que le
bon fens & la vérité ont dicté à l'Au- ECRITSSUR
teur, d'avec ce que la paffion lui a fait LASATYRE.
dire pour se venger des traits que M.
Despreaux avoit lancés contre lui.

A l'égard des écrits de l'abbé Cotin
sur le même sujet, je ne vous conseille-
rois de lire que fa lettre à M. Tuffier
maître des comtes à Paris, fur la faty-
re, & principalement sur le Madrigal.
Elle fait partie du tome second des Oeu-
vres de l'Auteur, depuis la page 451.
jusqu'à la page 471. Cotin commence
par réprouver la liberté que se donnent
les Poëtes de nommer les vicieux dans
la fatyre, & il foutient qu'on n'y doit
attaquer que le vice & le ridicule, fans
écrire ni désigner les noms de ceux qui
en font atteints. Il avoit un intérêt par-
ticulier à établir cette maxime, & à la
faire valoir, mais il n'a pas été servi à
fon goût, il confond presque l'épigram-
me avec le Madrigal, qu'il croit être
un petit poëme fufceptibse de saillies &
d'un bon mot. Il y a quelques recher-
ches affés bonnes dans cette lettre.

J'y en trouve plus que dans le discours fur les fatyres par M. de la Valterie, imprimé en 1680. à la fin du second volume de sa Traduction des satyres de

ECRITSSUR

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BIBLIOTHEQUE

Perfe & de Juvenal. Ce difcours n'a LASATYRE. que cinq pages. Scaliger définit la fa

tyre: un poëme libre, dont l'air a quelque chose de l'air des compagnons de Bacchus; un poëme oùil n'y a point d'ordre, & qui est parfait lorsqu'il y a beaucoup de traits piquans, & une continuelle médisance. M. de la Valterie combat cette définition, & cette idée de la fatyre, principalement par l'analyse des fatyres de Juvenal, qui montrent qu'il y a un art véritable de compofer des fatyres & que les anciens ont suivi de certaines regles qu'il est difficile d'imiter, mais aise de remarquer dans leurs ouvrages. Du reste ce discours ne dit rien de nouveau.

Pour bien connoître l'histoire de la fatyre; ce qu'elle a été chés les Grecs & les Romains, fon origine, ses progrès, les changemens qu'elle a foufferts, & plusieurs autres particularités de cette nature curieuses & favantes, il faut lire la préface dont M. Dacier a orné sa traduction des fatyres d'Horace, & une differtation fur le même sujet, qu'il avoit communiquée à l'Académie des belles lettres, & qui est imprimée dans Tome 2. les mémoires de cette Académie. Vous trouverés que dans ces écrits, M. Da

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LASATYRE

cier y a versé l'érudition à pleines mains, comme dans presque tout ce qui eft for- ECRITSSUR ti de sa plume: que quelquefois il en est trop prodigue; qu'en la ménageant davantage, & en la plaçant avec plus d'ordre & de méthode, il feroit plus: clair en certains endroits, & ennuyeroit moins dans d'autres. Vous vous fâcherés peut-être quelquefois de le voir un peu s'écarter de son sujet pour se livrer à fes conjectures sur quantité de paffages des Poëtes, des Orateurs, des Philofophes, dont il croit le sens difficile, & qu'il se met en devoir d'expliquer. Mais quand on lit les ouvrages de Savans aussi profonds, on doit s'attendre à ces imperfections: & il faut être afsés indulgent pour les leur pardonner. Du reste, la préface & la differtation de M. Dacier font remplies de recherches utiles qui instruisent, & qui fatisfont par leur folidité.

Le savant Auteur avoit projetté une autre differtation où il ne devoit parler que de la fatyre Françoise; mais ne l'ayant point achevée, ou quelque raifon que j'ignore, l'ayant empêché de la publier, il a ajouté à celle que nous avons un article fur lequel il y a apparence qu'on ne verra jamais un parfait

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