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accord. C'est de savoir fi la fatyre eft ECRITSSUR un poëme permis, & que l'on puisse fai

LA SA TYRE.

re en conscience. Si vous écoutés Vauquelin, Challine & M. Defpreaux, la question eft décidée. Ces trois Écrivains apologiftes de ce genre de poëfie, l'ont légitimé. M. Dacier est plus réservé à lui accorder fon passeport. D'un côté il nous renvoye aux devoirs de la charité envers le prochain, & aux regles de la correction fraternelle, qui lui paroissent également bleffés dans la satyre. De l'autre il met dans un affés beau jour les raisons que l'on peut apporter en faveur de la fatyre, & qui font à peu près les mêmes que celles que M. Defpreaux a fait valoir; & il abandonne décision à qui voudra la former. Il se contente de montrer qu'on ne peut nier au moins que ce genre de poëme n'ait beaucoup de difficultés : les ménagemens qu'il y faut garder ne font pas aifés à observer; le chemin eft gliffant & environné de précipices, la satyre a moins que toute autre poëfie, de pardon à espérer; celui qui s'érige en cenfeur public, doit être exemt des vices, des défauts, des ridicules qu'il cenfure, ou il doit s'attendre à n'être point épargné.

la

Une autre difficulté, c'est l'amour propre, & la pente que l'on a à se trom- ECRITSSUR per foi-même, en prenant pour génie LASATYRE. & pour talent de la poësie, une certaine facilité de rimer, & une malignité naturelle aiguisée par une jalouse envie de médire & de blamer. On ayouera à M. Dacier que ces défauts sont condamnables; mais la vraie fatyre en doit être exemte: on peut abuser de celle-ci, & on ne le niera pas; mais il ne s'agit point des abus que l'on doit & que l'on peut éviter. Que l'on garde les mesures & les bornes qu'elle doit avoir, fera-t'elle criminelle en foi ?

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La fatyre en leçons, en nouveautés fertile,

Sçait seule afsaisonner le plaisant & l'utile,
*Et d'an vers qu'elle épure aux rayons du bon sens
Détromper les esprits des erreurs de leur tems;
Elle seule bravant l'orgueil & l'injuftice,
Va jusques fous le dais faire pâlir le vice;

Et souvent, sans rien craindre, à l'aide d'un bon

:

9.

A

Defp. fat.

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Voilà une partie des droits & des bor

LA SATYRE.

- nes de la fatyre: attaquer les vices en ECRITSSUR épargnant le vicieux : s'élever contre le Traité de la mauvais goût, & les ouvrages qui Fat. P 318. & pourroient l'autorifer; mais éviter les personalités; ce qu'il faut avouer que beaucoup de fatyriques & M. Defpreaux lui-même, n'ont pas toujours fait.

iv.

>> Ce qu'on appelle proprement fa>> tyres, dit M. l'abbé de Villiers dans >> un traité sur ce sujet, sont des discours >> quelquefois en profe, mais plus fou>> vent en vers, où l'on entreprend d'at>> taquer les défauts des hommes avec >> des traits vifs & piquans.... Ce qu'el> les ont de commun avec les autres >> corrections, c'est de combattre les vi>> ces; ce qu'elles ont de particulier,

c'est la vivacité & le sel des tours > qu'elles prennent pour les attaquer. > Elles ne sçauroient être criminelles < en ce qu'elles ont de commun avec >> les autres corrections: puisque se pro> poser de faire la guerre au vice, c'est >> une chose non-feulement honnête & > permise, mais absolument néceffaire, > pour s'acquitter du précepte de la >> correction fraternelle. Ce n'est donc > que par le caractere des traits qu'el- les employent à cet usage, qu'on peut

juger de ce qu'elles ont de bon ou de « mauvais.... Or attaquer le vice par des traits vifs & piquans, ce n'est ja- « mais un mal, parce qu'on ne peut c trop le décrier, ni le rendre odieux.

On peut donc décider d'abord, dit l'Auteur, que tant que les fatyres n'en veulent qu'aux vices, elles ont droit de mettre en usage tout ce qui les diftingue des autres corrections. « Ainfi « par ces tours ingénieux, ou par des vers d'autant plus faciles à retenir « qu'ils ont plus de beauté, un fatyri-a que met le vice en fon jour; ces pein- a tures vives & naturelles, ou le déréglement qu'on représente frappe dès « la premiere vûë; ces expressions déli- « cates où rien n'échappe de ce qu'il y a a de mauvais dans le caractere de cer- « tains vices; cette adresse à en déve- « lopper tout le ridicule par des traits « naifs qui retirent du sérieux ; enfin c tout ce qui semble appartenir de droit & aux fatyriques, est une maniere loüa- « ble d'attaquer le vice, tant qu'on se c renferme dans la correction du vice, & que ces traits différens n'ont point « de caractere spécial, qui puisse con- « venir à quelque autre chose qu'à ce a qui est un véritable défaut. >>

V

ECRITSSUR

LASATYRE,

M. l'abbé de Villiers va plus loin ECRITSSUR il prétend que cette maniere d'attaquer LASATYRE. les vices n'est pas seulement loüable,

que l'on peut dire qu'elle est encore né cessaire; foit que l'on confidere ceux qui en peuvent être l'objet, soit qu'on envisage le caractere des vices qu'elle cenfure, ou qu'elle ridiculife. La raifon eft, qu'il y a des vices qu'on ne peut utilement attaquer que par cette voie, & des gens à qui l'on ne peut guéres faire connoître autrement qu'ils les ont. L'Auteur entre sur cela dans un détail, où sans trop se répandre en moralités, il donne des avis fort utiles qu'il exprime avec beaucoup d'agrément & de délicateffe.

Mais pour rendre la fatyre utile, il veut qu'elle ne se propose que ce qui est défaut véritable, & qu'en le combattant, elle évite un écueil où tombent affés ordinairement les fatyriques, de combattre un vice, & d'en inspirer un autre. Dès qu'ils n'auront pour but que de faire aimer la vertu, il n'y a guéres de sujets qu'ils ne puissent traiter. L'abbé de Villiers nomme plusieurs satyres de ce caractere, entr'autres fon poëme de l'art de prêcher, celui du pere Sanlecque contre les mauvais geftes des

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