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LA SATYRE.

Prédicateurs, la fatyre contre les petits ECRITSSUR
Maîtres, &c. Je suis surpris qu'il place
au même rang la satyre sur les direc-
teurs, ou contre les abus de la direc-
tion: il y a dans cette piéce qui est en-
core du pere Sanlecque, des obscéni-
tés, & d'autres traits fort libres qu'il
me paroît difficile de justifier. On pour
roit même condamner absolument cet-
te piéce par les principes de M. l'abbé
de Villiers, qui entre les autres regles
qu'il donne pour rendre la fatyre utile,
infiste sur celle-ci; d'y éviter toute per-
sonalité, aussi - bien que les matieres
fur lesquelles on ne peut presque s'ex-
pliquer librement fans donner lieu au
scandale.

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la poëf. &c.

M. Rémond de faint Mard parle à Réfléx, fur peu près de même dans ses réfléxions fur la fatyre; mais ce qu'il dit est exprimé avec une grace & une délicatesse qui amusent & qui plaisent. On.oublie presque que l'on a lû les mêmes choses dans d'autres écrits, & il semble que l'Auteur nous parle pour la pre miere fois du sujet qu'il traite. Il feint d'être embarraffé sur le génie & le ca ractere de la fatyre: faut-il tonner comme Juvenal, ou badiner comme Hora ce? Et peu après il répond lui-même :

badinés fur les ridicules, tonnés sur les ECRITSSUR vices. Autre question: doit-on préfé

LA SATYRE.

rer le naturel de Regnier, ou l'élégan-
ce de Despreaux ? M. Rémond se dé-
clare pour le naturel, & louë beaucoup
M. Defpreaux. Il défend aussi les per-
sonalités. « Je sçai, dit-il, combien il
>> est important que la satyre foit sage:
> & pour cela je prie Dieu qu'il défen-
>> de aux passions de s'en mêler; car les
>> paffions font injuftes, & je ne veux
>> pas que la fatyre le foit. » Ainsi pense
tout Auteur judicieux. Que le sieur
Gacon s'écarte de ces regles, qu'il don-
ne trop d'étenduë à la fatyre, qu'il lui
accorde trop de liberté, foit dans la
préface de sa traduction des odes d'A-
nacreon & de Sapho, foit dans fon
apologie de la fatyre qui fait partie de
fon livre intitulé: Le Poëte fans fard,
&c. C'est un Écrivain dont l'autorité
n'est pas d'un affés grand poids pour en
impofer.

Je ne sçai fi l'on ne pourroit pas re-
garder comme des apologies de la faty-
re réduite à des bornes sages & mefu-
rées, deux petits ouvrages compofés
autrefois par deux Écrivains célébres
que l'on avoit accusés d'avoir employé
un style trop vif & trop mordant. Je

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ECRITSSUR

me contenterai de vous citer ces écrits dont la lecture m'a paru très-utile. L'un est la Réponse à la lettre d'une personne de condition touchant les regles de la conduite des faints Peres dans la compofition de leurs ouvrages pour la défense des vérités combattuës, ou de l'innocence. calomniée. Cet écrit fut fait pour juftifier une espece de poëme qu'il avoit plû à l'Auteur d'intituler : les Enluminures du fameux Almanach des Jésuites. On fçait que ce poëme étoit de M. le Maistre de Saci. L'Auteur de la lettre qu'on y opposa, vouloit le faire regarder moins comme une critique que comme une fatyre outrée. M. Arnauld tâcha de justifier M. de Saci dans la réponse qu'il y fit, & j'y ai trouvé beaucoup de principes que l'on peut appliquer au genre de poëfie que nous nommons fatyre. C'est tout ce qui m'engage à vous en parler. L'Autre écrit est encore de M. Arnauld: c'est une Differtation selon la méthode des Géometres, pour la justification de ceux qui employent en écrivant dans certaines rencontres, des termes que le monde estime durs. L'Auteur examine ce que l'on doit entendre par ces termes durs, & dans quelles occafions ceux que l'on regarde

LA SATYRE.

comme tels, peuvent & doivent être

ECRITSSUR employés. Vous voyés que cela peut LA SATYRE. revenir aux regles & aux principes de la

fatyre. Je mets à part ce qu'il y a de théologie dans ces deux écrits; je ne les confidere que par rapport au sujet dont il s'agit ici.

Vous pouvés lire encore les observa-, tions du pere Brumoy sur la fatyre, qui forment un article de celles dont il a enrichi la derniére édition du traité de la poëfie Françoise par le pere Mourgues fon confrere. Le bon goût & la justesse d'esprit de l'Auteur s'y font sentir. Mais après avoir lû la dissertation de M. Dacier, vous pouvés omettre la lecture du chapitre cinquiéme des regles de poëtique tirées d'Ariftote d'Horace & de Despreaux, par feu M. Gaullyer. Ce chapitre n'est presque qu'un extrait de la differtation que je viens de nommer. L'extrait néanmoins eft bien fait; & M. Gaullyer y a ajouté plusieurs réfléxions indicieuses tirées tant de Cafaubon & de Scaliger qui ont écrit en Latin sur le même sujet, que de M. Defpreaux.

CHAPITRE XI.

Des Ecrits fur l'Epigramme.
E connois peu d'écrits François fur
plus de court

Jepigrospectie

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tous les ouvrages de poëfie. L'abbé de GRAMME, Marolles en a donné un au-devant de fa

traduction de Martial en vers. Le fond de cet écrit eft tiré de celui que Raderus, savant Jésuite, a compofé en Latin. Je ne vous en dirai rien de plus ici: je vous en parlerai suffisamment à l'occafion de la traduction de Martial par l'abbé de Marolles.

Un traité plus ancien sur l'épigramme, mais qui a toujours été estimé, eft celui que Guillaume Colletet composa vers le milieu du dernier fiécle pour l'inftruction de François Colletet fon fils: il le rendit public en 1653. & le joignit en 1658. à ses autres écrits concernant l'art poëtique. C'est ce que nous avons de plus ancien fur l'épigramme, & peut - être aussi de meilleur. Ce difcours n'est pas d'un style agréable, il rampe souvent, il ennuie par sa prolixité: mais le fonds dédommage de la forme. On y trouve tout

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