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Quant aux regles & au caractere de ECRITSSUR la parodie, il montre fort bien qu'elle

LE SONNET

doit avoir pour but l'agréable & l'utile, de même que tous les autres genres de poëfie. On peut la regarder comme une fiction ingénieuse, sous le voile de laquelle on propose quelque vérité. Elle entreprend, tantôt d'expofer au grand jour les ridicules qu'on observe dans la conduite des hommes, tantôt de faire appercevoir les fauffes beautés d'un ouvrage, & de défiller les yeux à un Auteur que l'amour propre & la flaterie avoient féduit: elle lui faic envisager l'éloignement où il est de la perfection qu'il croyoit avoir atteinte : par-là on l'excite à redoubler ses efforts pour y parvenir; on le tire d'une fécurité dangereuse qui l'empêche de faire tout l'usage qu'il pourroit de ses talens.

Le sujet qu'on entreprend de parodier doit toujours être un ouvrage connu, célébre, estimé. La critique d'une piéce médiocre ne peut jamais devenir une piéce interressante, ni piquer la curiofité. Il faut un art bien délicat pour entrer dans l'esprit d'un ouvrage qu'on parodie, pour mettre en œuvre les expressions qu'on en tire, sans qu'il paroiffe aucune contrainte, & fans rien

ECRITS SUR

perdre de ces graces naïves qui doivent être inféparables de la bonne paro- LESONNET die. L'imitation doit être fidele & exacte; les plaifanteries doivent naître du fond des chofes, & paroître s'être présentées d'elles-mêmes fans avoir coûté aucune peine. M. l'abbé Sallier recommande avec soin de bannir de ces piéces l'esprit d'aigreur, la bassesse de l'expreffion & l'obscénité.

Il passe ensuite au style de la parodie: il veut qu'il soit simple & naif, & qu'il n'y ait rien ni de bas, ni de burlesque. Un Auteur ne doit espérer aucun succès de ses parodies, s'il n'a pas appris à diftinguer le simple & le naïf du plat & du bouffon, & s'il ignore que le style le moins noble doit avoir • fa noblesse. En un mot pour donner à la parodie fon véritable caractere, il faut qu'elle imite fidélement fans avoir rien de servile ni de contraint; qu'elle foit févere fans aigreur, simple fans bafsesse, modefte, équitable, & que fa plus grande attention soit de joindre Putile à l'agréable.

Le discours de M. l'abbé Souchay, de l'Académie des belles lettres, sur Mémoir. de l'origine & le caractere de l'épithalame, l'Acad. t. 9. n'est pas fait avec moins de foin que

ÉCRITSSUR

celui de M. Sallier dont je viens de vous donner une légere idée. Le mot LE SONNET d'épithalame est Grec, & fignifie un chant nuptial. Comme les Grecs appelloient Thalamos l'appartement des nouveaux époux, & qu'après la folemnité du feftin, & lorsque ceux-ci s'étoient retirés, on chantoit à la porte de leur appartement quelque chose à leur honneur, ou pour les féliciter de leur union, ce chant étoit appellé Epithalame. C'est donc une espéce de poëfie fort ancienne; les Hébreux mêmes en ont connu l'usage, au moins dès le tems de David. Chés les Grecs, avant Homere, il y avoit des chants, ou du moins une espéce d'acclamation confacrée à la folemnité des nôces. M. l'abbé Souchay explique en quoi consistoit cette acclamation, & comment elle a paffé dans l'épithalame; & du détail favant dans lequel il entre fur ce sujet, il réfulte que l'épithalame Grec eft un, véritable poëme; quoiqu'il n'imite aucune action, & que fon but foit de fai re connoître aux nouveaux époux le bonheur de leur union par les loüanges qu'on leur donne, & par les avantages, qu'on leur annonce pour l'avenir. C'eft ce que l'Auteur explique solidement;

355 après quoi il examine l'origine de l'épi-thalame chés les Latins; ce que vous pouvés lire dans sa differtation.

ECRITSSUR

LE SONNET

Venant au caractere de ce poëme, il dit que le Poëte qui entreprend de composer un épithalame, devroit chercher une fiction qui fût tout ensemble juste, ingénieuse, propre & convenable aux personnes qui en feroient l'objet. Il examine fur cette idée les épithalames les plus connus des anciens & des modernes, & il n'en trouve presque........ point qui ayent les qualités qu'il exige. Il finit ce détail par quelques précep tes fur ce genre de poëfie, que vous apprendrés mieux dans sa differtation que dans le précis que je pourrois en

faire.

Vous trouverés encore dans les mé- Ibid. tom. moires de l'Académie des belles lettres, deux difcours de M. de la Nauze, membre de la même Académie, fur les chanfons de l'ancienne Grece, qui peu vent fatisfaire ceux qui aiment ce genre d'érudition. Comme ils n'appartiennent qu'affés indirectement à la matiere que je traite, je me contente de vous les indiquer.

ÉCRITSSUR

LA POESIE

QUE.

1718.

CHAPITRE XIII.

Des Ecrits fur la Poësie Burlesque.

F

de l'Acadé

Eu Monfieur Boivin, mie Françoise, dans une préface BURLES- qu'il destinoit pour la traduction en vers François de la Batrachomyomachie, & qui n'a été imprimée, comme je le Mois de Janv. crois, que dans les mémoires de Trévoux, dit qu'il y a deux fortes de burlesque; l'un qui tourne en ridicule les chofes les plus férieuses & les plus magnifiques; l'autre qui donne de la gravité & de la nobleffe aux chofes les plus ridicules. Il met dans ce dernier rang la batrachomyomachie, ou le combat des rats & des grenoüilles, petit poëme attribué à Homere, mais que Pon prétend, après Plutarque, être du Carien Pigrès. Ce fecond genre de burlesque n'a point encore déplu; ceux qui ont déclamé avec le plus de vivacité contre le premier, n'ont point fait difficulté de s'appliquer au second. Il eft certain, ajoute M. Boivin, qu'il est plus du goût des honnêtes-gens; qu'il est même plus difficile à traiter, parce

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