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trer dans ses peintures : il ne prend & que ce qu'elle a de fin & d'enjoüé. « L'autre se jette tête baissée dans une « boufonnerie extravagante, & ne remplit ses tableaux que de marmousfets & & de grotesques. L'un veut du riant, a l'autre du ridicule, &c. » Les idées de M. Rémond de faint Mard sur le style marotique ne font pas toujours les mêmes que celles que je viens de vous rapporter. Je préférerois celles-ci, fi j'avois à prendre parti. Mais vous pouvés en faire vous-même la comparaifon, & décider.

ECRITSSUR

LA POESIE BURLESQUE

Réfléx. fur

la poëf. &c.

CHAPITRE

XIV.

Des Ecrits fur la Poësie Chrétienne
Morale.

V

Ous aurés vû

en lifant les écrits ECRITS SUR

NE.

que l'on a faits sur l'origine de la LA POESIE poësie, qu'elle ne fut d'abord consacrée CHRETIEN qu'à la Religion, & que les premiéres piéces en vers furent des cantiques à l'honneur de la Divinité. « Les peres & les apprenoient à leurs enfans; ils se a fur P'histoire chantoient dans les fêtes & dans les c umv.

affemblées, & perpétuoient la mé- «

moire des actions les plus éclatantes <

Boft. dife,

des fiécles passés: de-là est née la poëECRITSSUR >> sie changée dans la fuite en plusieurs. CHRETIEN->> formes.... C'étoit Dieu & ses peu

LA POESIE

NE.

de son épître

> vres merveilleuses qui faifoient le fu>> jet de ses odes. Dieu les inspiroit luimême, & il n'y a proprement que le >> peuple de Dieu où la poësie soit ve>> nuë par enthousiasme

Une origine fi illuftre prouve affés combien la poëfie s'est avilie depuis qu'elle a pris l'amour pour son sujet faRac. avert, vori. Malgré cette raison, l'on paffe a M. deva pour un censeur outré, lorsqu'on conlincour. damne les poëfies qui n'ont point d'autre objet. La plupart des hommes pré tendent avoir l'heureux privilége d'être à l'abri de tout danger, & de pouvoir en sûreté se trouver aux fpectacles, & lire les vers les plus passionnés. Ovide qui connoiffoit affés le cœur de l'homme, qui en avoit éprouvé toutes les foiblesses, & qui ne sera jamais regardécomme un cenfeur trop sévere, penfoit bien différemment. Il regardoit le théâtre comme un lieu fatal à l'innocence; il a fait le procès à Sapho, à Catulle, à Tibulle, & se l'est fait à luimême. Ce tendre Auteur défend la lecture des Poëtes aussi tendres que lui. Pourquoi donc ayant un grand nombre

}

LA POESIE

de poëfies chrétiennes, en avons-nous
si peu qui soient recherchées, & qui ECRITSSUR
ayent des lecteurs? M. Racine de qui CHRETIEN-
j'emprunte ces réfléxions, & qui se fait NE.
cette objection, y répond ainsi lui-
même :

:

3

A nos chants instructifs

Toujours la vérité doit les rendre attentifs.
Rarement, dira-ton, par des douceurs pareilles
Une Muse pieuse a charmé nos oreilles;
Nos Poëtes chrétiens presque toujours ennuyeux,
Ont à peine formé des sons harmonieux :
Mais des Poëtes seuls accusons la foiblesse.
Aux profanes travaux livrés dans leur jeunesse,
Pour réparer enfin leurs vers pernicieux,
Ils ont offert à Dieu, digne offrande à ses yeux !
Les restes languissans d'une veine épuisée,
Et les froids mouvemens d'une chaleur ufée.

M. Godeau Évêque de Grasse, avoit
été dans le même principe que M. Ra-
cine combat: mais dans la fuite il en re-
connut le peu de solidité, comme il
le dit dans son Discours de la poësie chré-
tienne, imprimé en 1645. à la tête de
fes Eglogues facrées. « Je confeffe
dit-il, que je me fuis autrefois laissé «
emporter à l'opinion de ceux qui «
croyent que les Muses cessent d'être a
civiles aussi-tôt qu'elles deviennent dé- a
votes; qu'il faut qu'elles foient far- c

و

Rac. ép. à M. de Valin cour.

LA POESIE

NE.

- dées pour être agréables, & qu'il est a ECRITSSUR impoffible d'assortir les lauriers profaCHRETIEN-nes du Parnasse avec les palmes fa- « crées du Liban. Mais je me fuis dé- « trompé: & maintenant qu'un âge plus a mûr m'a donné de meilleures pensées, je reconnois par expérience que l'Hé- a licon n'est point ennemi du Calvaire, a que la Palestine cache des trésors dont « la Grece, toute fuperbe & menteuse <<< qu'elle eft, n'oferoit se vanter; & « que si les vers de dévotion ne plai- « fent point, c'est la faute de l'ouvrier, « & non pas de la matiere. Il y a d beaucoup de sujets qui rendroient à « la poëfie la réputation qu'elle a per- « duë, pourvû qu'on les traitât felon les c préceptes de l'art. »

...

Ces sujets font de deux fortes, felon M. Godeau, célestes & humains: il entend par les premiers, ce qui nous est révélé des grandeurs de Dieu dans les livres canoniques, les actions qui ont été faites par les mouvemens de sa grace, les inftructions publiques ou particuliéres qui regardent notre falut. Les sujets humains embrassent tout ce que l'on appelle vertus morales, & ils demandent des ornemens différens selon la dignité particulière de chacune de

CHRETIEN

tes vertus, & celle des personnes en qui elles se rencontrent. M. Godeau ECRITSSUR entreprend donc de prouver dans son LA POESIE difcours que l'on peut traiter ces diffé- NE. rens sujets en vers, d'une maniére nonfeulement utile, mais agréable & interreffante; & il me paroît qu'il le prouve bien. Son discours est dans sa briéveté rempli de principes solides, di gnes d'être suivis par tout Poëte chrétien; & furtout il y montre fort bien que la Religion & la Morale offrent à la poëfie la carriere la plus vaste; que les ouvrages de pur agrément; ceux qui ne portent que fur des chimeres, peuvent, il est vrai, prêter de certaines graces à l'imagination; mais que ce n'est qu'en s'exerçant sur la vérité, que l'esprit peut faire usage de toute sa jufteffe & de toute fon étenduë.

:

Dix aus après, en 1655. Guillaume Colletet donna un Traité de la pоёfie morale & fententieuse, plus curieux du côté des recherches, que celui de M. Godeau. Il l'adressa à M. l'abbé Fouquet, alors Chancelier des Ordres du Roi: mais il l'avoit composé pour l'instruction de François Colletet, fon fils, pour tous les autres encore qui ont de l'inclination pour les bonnes cho

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