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commun, il n'est point Poëte, il me ECRITSSUR dispense d'une admiration qu'il l'eût mis LA RIME. dans un rang à part.

L'Auteur de la même lettre soutient

que la profe avec la vivacité des ima ges, la hardieffe des figures, la pompe de l'expression, ne pourra point tout ce que peut la poëfie accompagnée du vers, parce qu'il manquera toujours à la prose cette espece particuliere d'harmonie, qui, au jugement de l'oreille, ne peut résulter que d'une telle mesure qu'on appelle vers. L'éloquence & la poëfie font deux fœurs; mais elles ont chacune leur beauté propre. Il est inutile de dire qu'une profe poëtique peut réünir ces différentes beautés. Je ne sçai ce que c'est, dit M. d'Olivet, ni que prose poëtique, ni que poëfie profaïque: je ne vois dans l'une que d'insipides vers, & dans l'autre qu'une prose où se rassemblent tous les vices que Longin oppofe au fublime.

M. l'abbé d'Olivet paffe ensuite au fecond paradoxe, à celui qui regarde la rime. Il ne paroît pas admettre l'origine barbare que quelques-uns donnent à celle-ci; fur quoi il renvoye à l'article de l'Huetiana, dont je vous ai

parlé, & à une lettre de feu M. d'Herbelot,

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belot, inférée dans le Traité de l'origi ne des Jeux floraux, par M. de la Lou- ECRITSSUR bere. Vous trouverés cette lettre de- LA RIME puis la page 96. jusqu'à la 101. de ce traité qui a été imprimé à Toulouse en 1715. M. d'Olivet remarque fort bien, que quand la rime auroit l'origine qu'on lui donne, cela ne prouveroit point qu'on ne dût pas l'admettre dans notre poëfie. Aussi ceux qui la rejettent, ne la profcrivent-ils principalement, que parce qu'ils la regardent comme une contrainte inutile, & fouvent pernicieuse aux véritables beautés de la poësie. Ont-ils raison ? C'est ce que l'Auteur examine dans le refte de sa lettre où il ne fait presque qu'abréger ce que M. le Président Bouhier avoit déja dit.

Cette lettre de M. l'abbé d'Olivet eft bien écrite, & il y foutient une bonne cause par d'excellens moyens. C'est le jugement qu'en porte M. l'abbé des Fontaines, qui est entré auffi dans cette dispute, & qui fortifie par d'excellentes réfléxions celles de M. l'abbé d'Olivet, à la fin de son écrit intitulé, Racine vengé, que je vous ai fait connoître ailleurs. Il y expose d'abord le texte de M. Trublet, & la réfutaTome III.

*

S

LA RIME.

tion qu'il en fait, eft en même-tems celECRITSSUR le de M. Soubeyran de Scopon autre apologiste de la prose contre les vers, comme vous avés dû le voir dans fes observations fur les remarques de grammaire de M. d'Olivet fur Racine, dont il a été question, lorsque je vous ai entretenu des obfervations fur notre langue. Il faut lire ces différentes piéces, fi vous voulés avoir une jufte idée de cette dispute littéraire. En finissant le compte que je vous en rends, je veux vous rapporter le jugement qu'un homme d'esprit (M. le Fevre de faint Mard) porte de plusieurs de ces écrits dans un ouvrage que j'ai lû manufcrit, & qui a été auffi communiqué à M. l'abbé d'Olivet.

« Une Lettre à M. le Président Bouhier, dit M. de Saint-Mard, termine le > livre de M. d'Olivet, & des Réfléxions fur l'objet de cette lettre finiffent celui * de M. l'abbé des Fontaines. Ils fou>>tiennent l'un & l'autre une cause >> fort bonne, & qui fournit fi bien d'elle-même tout ce qui peut fervir à fa >> défense, qu'on auroit lieu de s'éton > ner qu'ils n'euffent pas réüffi. Dans >> tout ce qu'ils disent des vers rimés, >> je ne vois presque rien qui ne foit fo

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lide, & peut-être fans réplique. Si «
je ne suis pas en tout de leur avis S,
ce n'est que fur quelques propofitions «
incidentes, qui n'appartiennent pas c
proprement au fond de la matiere. «
Mais en leur rendant justice, je
n'en dois pas moins aux deux criti- «
ques éclairés qu'ils combattent. Il c
faut l'avoüer, si jamais une mauvai- c
se cause a dû paroître avec éclat,
c'est celle des vers non rimés. Quel-
les reffources n'a-t'elle pas trouvées «
dans la vive & féconde imagination <-
de l'Auteur du Pour & contre, & «
dans les profondes réflexions du ju- <<<
dicieux Ecrivain des Essais fur di- c
vers fu'e's de morale & de littérature! «
Défendus par de tels Avocats, les c
vers non rimés gagneroient infailli- «
blement leur procès, s'ils n'étoient &
pas absolument incompatibles avec la «
nature de notre langue. «

Le but de M. Soubeyran de Sco- a
pon dans ses Obfervations critiques, est œ
de mettre la profe au-dessus des vers, a
comme M. l'abbé d'Olivet, à ce qu'il «
prétend, a voulu mettre les vers au- «
dessus de la profe. Je doute que &
ç'ait été le projet de ce dernier. Il c
me semble par le commencement de

ECRITSSUR

LA RIME.

ECRETSSUR

LA RIME.

> sa lettre à M. le Président Bouhier, >> que fon but est de maintenir la profe » & les vers dans une parfaite égalité. >> Quoi qu'il en soit, tout ce que je puis >> dire sur le sujet de cette dispute, >>c'est que la prose ne l'emporte pas fur >> les vers, ni les vers sur la profe. L'un >> & l'autre genre d'écrire a ses avanta>> ges qui lui sont particuliers. Ils s'é>> galent, ils se surpassent mutuellement à différens égards. Rien n'est mieux >> imaginé que ce que dit l'ingénieux Académicien de Toulouse en faveur >> de la profe: mais par malheur tout >> cela ne conclut que contre les mau vais vers.

Je croyois ne vous plus rien citer fur la rime: mais en ouvrant le tome pre mier des Oeuvres mêlées de feu M. l'abr bé Nadal, je trouve encore une apolo gie de la rime dans la Lettre de cet Auteur à Madame la Présidente Ferrand. Je ne prétends rien diminuer de l'éloge qu'il en fait, ni des avantages qu'il lui attribue. Mais quand il exhorte le Poëte à profiter de la supériorité qu'il

lui donne au-dessus de celui qui écrit en Journ. des profe, & à la chercher dans le nomSavans, Mai bre & dans les inversions des paroles, je ne scai fi cette ressource qu'il lui of

1739

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