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fre, fera d'un grand usage pour ceux-
qui savent bien notre langue, & qui ECRITSSUR
veulent la parler exactement. Il n'est LA RIME.
pas vrai non plus, comme il le dit,
que chaque mot ait ses synonimes ; & il eft
bien prouvé au contraire qu'il n'y a
point de synonimes parfaits. De-là la
difficulté de n'employer jamais en vers
que le mot propre ; mais difficulté qui
peut être vaincuë, & qui a d'ailleurs
ses avantages, comme le prouvent les
écrits dont je vous ai rendu compte.

Si je ne vous ai presque rien dit de
ceux où l'on examine lequel est pré-
férable ou de traduire les Poëtes en
prose, ou de les traduire en vers, c'est
qu'il auroit fallu vous citer presque tou-
tes les préfaces des différens traducteurs
des Poëtes: détail ennuyant, & qui me
paroît afsés inutile. Chacun y prend
parti pour ou contre, felon qu'il a lui-
même traduit ou en vers ou en profe.
Chacun fait de grands efforts pour per-
fuader qu'il a raison, & la question n'en
est peut-être pas moins problématique.
Toutes chofes égales, une bonne tra-
duction d'un Poëte en vers, me paroî-
troit préférable à une bonne traduction
en profe, Madame Dacier donne la
préférence à la derniere dans la préface

de sa traduction de l'Iliade. Le fieur ECRITSSUR Gacon la réfute avec plus de vivacité,

LA RIME.

CATION:ET

ce semble, que de folidité, dans la troifiéme partie du discours dont il a groffi sa traduction d'Anacréon fans Penrichir. On difpute encore fur ce sujet, & il y a lieu de croire que l'on pourra difputer encore longtems fans s'accorder. De tout ce que j'ai lû fur ce sujet, rien ne m'a plû davantage que ce qu'en a écrit M. le Président Bouhier dans la préface dont je vous ai fuffi famment parlé.

CHAPITRE XVI

Des Ecrits für les Regles de la Versi fication: & des Dictionaires de

Rimes.

CHAQUE art a ses regles qui lui REGLES DE font propres : pour y réüffir, il LA VERSIFI- faut les connoître & les observer. La verfification Françoise est l'art de bien faire des vers François. Le but de cet art eft de plaire, & l'on ne peut plaire en s'écartant des regles :

DES DIC

TIONAI

RES DE RI

MES.

Un faux brillant en vers est aussi faux qu'en profe,
On n'extravague plus en vers impunément;

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Aux regles du discours & du raisonnement,
Un Poëte est soumis comme les autres hommes.

REGLES DE

LA VERSIFI

RES DE RI

Ie P. Mour

Outre qu'il feroit honteux à tout hom- CATION:ET
me qui se pique de savoir notre langue, DES DIC-
d'ignorer la structure & la mesure de TIONAL-
nos vers, & de ne pouvoir rien dire MES.
autre chose lorsque l'on en entend li-
re, finon que l'on ne s'y connoît pas, gues en fon
une autre raifon nous oblige à prendre
quelque connoiffance de notre verfifi-
cation: c'est que l'on ne sçauroit être
sûr dans la prononciation des vers Fran-
çois, fans en connoître la mesure.

On néglige peut-être trop la lectu-
re de nos anciens traités de verfifica-
tion. Ils font fort mal écrits, j'en con-
viens: on n'y trouve point ce goût,
cette élégance, cette critique que nos
bons Ecrivains modernes ont tâché de
mettre dans leurs ouvrages. Mais les
premiers ont le mérite de l'invention,
& cette qualité nous devroit fuffire
pour ne les pas mépriser. Ariftote,
Horace, & quelques - autres nous ont
donné d'excellens préceptes de poëti-
que; mais s'ils étoient seuls, nous au-
rions toujours ignoré les regles particu-
lieres de notre poëfie. Nous avons plus
d'obligation que nous ne le penfons, à
ceux qui nous en ont conservé la for-

traité de la

poël. Franç.

LA VERSIFI

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an

me qui lui eft propre, & qui n'a rien REGLESDE de commun avec celle de la poëfie CATION:ET cienne, ni avec celle de la poëfie qui DES DIC- eft en usage chés les autres peuples de l'Europe. Et dès-lors j'ai fait l'éloge de MES DE RI-I' Art poëtique composé par l'Infortuné, & qui fert d'entrée à fon Jardin de plaifance où je vous ai déja introduit: de l'Art de Rhétorique pour faire rimes ballades, compofé sous le regne de Charles VIII. de l'Art de Rhétorique pour apprendre à ditter & rimer en plu fieurs manieres, petit ouvrage qui paroît avoir été écrit sous le même regne, & que l'on a imprimé fans date, in-4°. en caracteres Gothiques : enfin de la feconde partie de la vraie & pleine Rhétorique du sieur Fabry, Curé de Meray, imitateur & fouvent copiste de PInfortuné.

Ces ouvrages font les premiers qui nous ont tranfmis les regles de notre verfification; & malgré leur vieux langage, on les lit encore avec quelque fatisfaction, quand on n'y cherche que cette connoiffance. Rappellés-vous ce que je vous en ai déja dit, excepté du troifiéme, lorsque je vous ai entretenu des écrits des modernes sur l'art poëtique.

in'ana

Defe

Dëfieci

uples de

logee

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CATION:ET

Ils contentent certainement beaucoup plus que l'art poëtique de Ron- REGLES DE sard qui n'est pas moins fuperficiel fur LAVERSITI ce qui regarde notre verfification, DES DICque fur ce qui appartient à l'art poëti- TIONAL que en général. J'en dis autant du peu RES DE RIque l'on trouve fur ce sujet dans l'art MES. poëtique de Pelletier, & dans le petit traité que Charles Fontaine a mis à la fuite de fon Quintil-Horatian.

Pierre de Deimier, contemporain de ces derniers Auteurs, n'étoit pas lui-même fatisfait de leurs écrits : ce fut pour les cenfurer, & pour fuppléer à ce qu'ils n'avoient point dit, qu'il entreprit fon Académie de l'art poëtique, qui parut en 1610. dédiée à la Reine Marguerite. L'Auteur y montre une affés grande connoissance de la pureté de notre langue, pour le tems où il écrivoit: on voit qu'il avoit bien lû les meilleurs Poëtes qui l'avoient précédé; & presque toutes les fautes de langage :ou de verfification qu'il cenfure dans Ronfard, Desportes, du Bartas, & quelques-autres, font bien reprises. Il s'étend fur les licences poëtiques, & en expose les abus. Tout ce qu'il dit fur l'élifion, l'hémistiche, les hiatus ou baillemens, eft conforme aux vraies

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