ART POE Et au folio verso il est dit : La Cour a TIQUE DES permis à Jacques Peletier pouvoir faire ANCIENS. imprimer ... l'art poëtique... par lui-mê me revû & corrigé. Dans l'avis au lecteur, Peletier parle en peu de mots de fon nouveau systême d'Ortographe, d'écrire comme on prononce ; & il donne quelques raisons pour autorifer ce systême auquel il étoit affectionné. L'Epître dédicatoire qui fuit cet avis eft en profe, & adressfée à trèsvertueux & noble homme Crétof le Pé rot, Ecuyer, Sénéchal du Maine. C'est une apologie de notre langue, & une exhortation preffante à l'étudier, & à composer en cette langue. Il reprend ceux qui la négligent pour ne se livrer qu'au Grec & au Latin. Mais il convient qu'on eft redevable aux auteurs qui ont écrit en ces deux langues, des anciennes découvertes dans les sciences, & des progrès de celles-ci. On trouve ensuite ce dizain que Peletier adresse à fon livre : Petit livret qui n'est mien qu'à đemi, Au fort, je n'ai du tout perdu mon tems; Peletier ne manquoit pas certainement d'érudition pour son tems. Quoique Docteur en médecine, il s'étoit appliqué avec affés de succès aux mathéma tiques, aux belles lettres, & à la poёfie Françoise; mais il n'étoit ni bon poëte, ni bon traducteur en notre langue. L'art poëtique d'Horace perdit fous sa plume toute fon élégance & fa délicatesse. Sa traduction manque fouvent même d'exactitude. L'Auteur après avoir été toute sa vie aussi inconftant dans ses occupations que dans ses études, mourut à Paris, étant Princi pal du collége du Mans, au mois de Juillet 1582. âgé de 65. ans. ART POETIQUE DES ANCIENS. Après sa mort, Luc de la Porte, Parifien, Docteur en droit & Avocat, prit la peine de revoir sa traduction, & ne la rendit guéres plus fupportable. On dut cependant lui savoir quelque gré des soins qu'il se donna, puisque l'on n'en avoit pas alors de meilleure. Cette traduction ainsi revûe & corrigée, parut chés Claude Micart en 1584. in-12. à Paris, dans un recueil de traductions des œuvres d'Horace faites en vers ART POE- François par différens Auteurs. TIQUE DES ANCIENS. Avant la fin du même siécle, Peletier eut deux émules, qui après s'être déja fait quelque réputation par leur traduction de Virgile en vers François, publierent dans le même goût les œuvres d'Horace. Ils n'y oublierent pas l'art poëtique. Leur traduction adrefsée au Roi Henri III. fut imprimée en 1588. à Paris. Malgré les troubles dont le Royaume étoit agité alors, & qui causoient de grands dommages aux études, elle fut bien reçue, & goûtée même de ceux qui conservoient encore quelque amour pour les lettres. Elle est plus exacte que celle de Peletier; mais le style n'en est pas plus agréable. Il y avoit alors des Poëtes qui écri voient avec plus de pureté & d'énergie. Ces deux émules étoient Robert & Antoine le Chevalier, surnommés d'Agneaux. Ils étoient du pays de Vire en Normandie. Je ne connois point d'autres traductions de l'art poëtique d'Horace, qui ayent paru dans le seiziéme fiécle. Le fiécle suivant & le nôtre en ont fourni un plus grand nombre. Cet ouvrage du Pindare des Latins y est tombé en tou > ART POE TIQUE DES tes fortes de mains. Fort maltraité par les uns, rendu avec peu de fidélité & d'élégance par d'autres, à peine en ANCIENS. avons-nous trois ou quatre traductions qui puissent mériter notre estime. Comme je dois vous rendre compte des différentes traductions Françoises des an ciens Poëtes Grecs & Latins, je laisse ici tous ceux qui ont mis en notre langue les ouvrages entiers d'Horace, pour ne vous parler que des traductions particulieres de l'art poëtique. J'en excepte seulement celle de M. Dacier, tant parce que ce célébre Ecrivain a prétendu nous donner lui-même un art poëtique dans les remarques qu'il y a jointes, que parce que fa traduction a occafionné entre lui & M. le Marquis de Sevigné, une dispute littéraire que je ne dois point renvoyer ailleurs. Tout le monde connoît le mérite, & fur-tout la vaste érudition du Traducteur, que deux de nos célébres Académies de Paris s'étoient empressé de posséder. Il avoit une grande lecture des anciens; il affectionnoit Horace; il n'étoit pas content des traductions qui en avoient été faites; il entreprit d'en donner une nouvelle avec tant d'éclair cissemens & de notes, qu'il comptoit, ART POE- fans doute, ne plus rien laisser à défirer pour l'intelligence de ce Poëte, ni ANCIENS. pour la connoiffance, soit des différens genres dans lesquels il avoit travaillé, foit des diverses espéces de vers dont il avoit fait usage. Il donna successivement sa traduion depuis 1681. jufqu'en 1689. en dix volumes in- 12. L'art poëtique forme le dernier. Dacier dans On ne peut nier que cette traduction ne foit presque par-tout exacte & fidéle. Il me femble qu'on ne lui a guéres reproché qu'un peu trop de séchereffe, & quelquefois de dureté dans le style. Les sentimens ne font pas si uniformes fur les longues remarques qui l'accompagnent. Les uns trouvent les recher ches savantes, & la critique judicieuse. Eloge de M. Les autres représentent M. Dacier la bibli. Fr. comme un compilateur fans goût, qui ou hift. litt. a préféré la ridicule vanité d'étaler une &c. t. 1. P. érudition affés fade au plaisir solide de 20.21. ne dire que ce qu'il falloit pour éclaircir les endroits obfcurs de l'Auteur, dont il avoit entrepris de faciliter l'in telligence. D'autres tiennent un milieu, & prétendent que M. Dacier a fort bien éclairci plusieurs endroits d'Horace, mais qu'en général il n'a pas été heureux à nous en développer le sens. Une |