for commentaire sur l'Exode, le Dif- POESIE EN cours de feu M. l'abbé de Fleuri fur la GENERAL poësie des Hébreux, imprimé dès 1713. dans le commentaire du R. P. Calmet fur les Pseaumes, & depuis, mais avec beaucoup de différences, dans le tome XI. des Mémoires de littérature & d'hiftoire recueillis par le pere des Molets, de l'Oratoire; un autre Discours de M. Fleuri fur l'Ecriture, dans le même volume des Mémoires que je viens de vous eiter; & celui de M. l'abbé Guyon fur Hist. des le même sujet dans la seconde partie de Rép. tom. 12. fon hiftoire des Athéniens, vous verrés P.210. & finv. dans ces différens écrits les mêmes idées fur la premiere origine, & fur le premier usage de la Poëfie. M. Fleuri Emp. & des va même jusqu'à compter Difcours for les livres de l'Ecriture qu'il croit poëti- poësie des Héques, sçavoir, le livre de Job, les Can-breux. tiques de Moïse, des Prophètes & des autres personnes, rapportés dans les livres historiques & dans les Prophêtes, le Cantique des Cantiques, les Lamentations de Jéremie, mais fur-tout les Pseaumes. « Quand, dit-il, on lit d'abord ceux-ci, ou qu'on les récite fans & attention, on croit n'y voir que des paroles qui difent toujours la même c chose; mais plus on s'y applique, plus POESIE EN cates. ... >> on y trouve de différences, plus on y GENERAL. remarque des pensées folides & déliIl n'y a pas une pensée qui >> n'ait sa figure, & cela avec une telle >> variété, que les figures changent pref>> que à tous les versets. C'est une des >> preuves les plus claires du grand art > de ceux qui ont compofé ces Canti>> ques: car cette variété se trouve dans >> toutes les bonnes poëfies de l'antiqui>> té.... Ces figures font fortes, mais >> naturelles; des interrogations, des >>> apoftrophes, des exclamations: tan> tôt c'est le Prophête qui parle, tantôt >> Dieu, tantôt les pécheurs. Il adresse >> la parole aux choses les plus fenfibles, > & leur donne de l'action & du mou vement. Dans le difcours sur l'Ecriture, M. Fleuri prouve en particulier, que ce que nous admirons le plus dans les anciens Poëtes & dans les anciens Hiftoriens, est encore mieux dans les livres faints. Que le style d'Homere & celui d'Hérodote, mais furtout le premier, ressemblent beaucoup à celui de l'Ecriture. Qu'il n'y a rien dans Job ni dans les Pseaumes de fi emporté & de si peu suivi en apparence, que dans Pindare, & dans les chœurs des Tragédies: Que POESIE EN l'on apperçoit dans ces anciens Poëtes une infinité de choses de même génie, GENERAL. & conformes aux mêmes idées que l'on voit dans l'Ecriture: Qu'enfin l'Ecriture fainte avec laquelle les ouvrages des anciens ont tant de rapport, est auslibien écrite que cès ouvrages tant van tés, & peut-être mieux. Je ne déciderai point si cette poëfie des Hébreux étoit mesurée & rimée, comme quelques-uns le croyent; fi leur pöëtique étoit un art méthodique, un art réduit en regles: Pour réfoudre cet te question difficile, & dont l'examen n'est pas d'ailleurs de mon plan, il me faudroit des connoissances que je n'ai point. Le pere Calmet dans la differtation dont je vous ai déja parlé, pense qu'il eft fort croyable que la poëfie des anciens Hébreux ne confiftoit que dans la grandeur, la noblesse & l'élévation des pensées & du style; dans la hardiesse des expreffions, dans des manieres vi ves & pathétiques; dans un difcours concis & coupé, dans un tour plus fleuri, plus animé, plus expressif, plus propre à peindre, & à mettre devant les yeux ce que l'on veut dire, que le difcours ordinaire: Que les poëmes des A iiij Hébreux font des productions d'un gé POESIE EN nie heureux, animé & pouffé de l'efprit GENERAL. de Dieu, qui dans fon enthousiasme, 1 Mais comme cette matiere eft aban'donnée à la difpute des Savans, je ne suis pas furpris d'entendre M. Fourmont tenir un langage fort différent dans fa Differtation fur l'art poëtique fur les vers des anciens Hébreux, imprimée dans le tome 4. des Mémoires de l'Académie des infcriptions & belles lettres dont ce Savant est membre. On peut admirer fans risque la vafte érudition dont il fait usage, pour montrer qu'il y a eu une poësie rimée chés les anciens Hébreux, que leur langue est pleine de rimes, que les Hébreux les affectent jusques dans la profe. On peut louer les conjectures ingénieuses qu'il a l'art d'accumuler pour faire trouver chés les Hébreux différentes fortes de poëmus & de vers, des chœurs de person 3 GENERAL. hes que les Prophêtes introduisent, selon lui, dans leurs odes, les chœurs de POESIE EN musique qui chantoient ces odes, les refrains & les autres particularités de cette nature qui ne font peut-être connues que de lui. Mais on le trouvera trop hardi, fans doute, lorsqu'il décidera auffi affirmativement qu'il le fait, que l'amour de la rime a fait négliger aux Auteurs des Preaumes & des Cantiques, la propriété des termes & le tour naturel des phrases. Peut-être n'aurat'on pas même la condescendance de convenir avec lui qu'il y a plus d'utilité que ne le pense ordinairement ce qu'il appelle le commun des Savans, à faire les mêmes recherches qui font l'objet de fa differtation. Pour l'appercevoir, comme lui, cette utilité, il faudroit d'ailleurs avoir la même vûe, la même science que M. Fourmont, & l'on convient qu'il y en a très-peu qui ayent l'une & l'autre. Servés-vous au moins de la differtation de ce Savant, pour y puiser une autorité de plus, & une autorité d'un grand poids, en faveur de la haute antiquité de la poësie, & de son antériorité sur la fable.. Je ne connois aucun écrit où ce der |