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pris tous les éclairciffemens que me put donner le Frere Quêteur fur cette avanture, j'envoyay ,, fçavoir dans quel état étoit nôtre Confrere prétendu. On me rapporta qu'il raifonnoit & plaifantoit ,, avec ceux que je lui avois laiffé pour lui tenir com,,pagnie ; & on m'ajoûta que fes plaifanteries ne roù,, loient que fur la fituation où il fe trouvoit, mais qu'il n'y mêloit rien dont nous euffions fujet de ,, nous plaindre: qu'au contraire, il gardoit tous les ,, ménagemens poffibles, pour ne rien faire paroître dans fa conduite, qui donnât lieu de foupçonner, qu'il fut homme à paffer les bornes du respect qu'il devoit, & à la Maison & à ceux qui y demeu roient. Ce rapport m'étant fait, je trouvay à pro,, pos de l'aller voir: je pris avec moy deux de nos ,, Peres, & le Frere Quêteur chargé de l'habit qu'il , avoit fait apporter avec lui.

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CHAPITRE V..

Suite de l'avanture extraordinaire arrivée à un Petit-Maitre. Hiftoire d'un jeune Religieux.

DANs le tems que le Pere Mononte achevoit les

dernieres paroles qu'on vient de lire, on entendit un grand bruit dans la rue à la porte de Frianne; elle mit la tête à la fenêtre, & fur fort furprise de voir plufieurs Archers qui menaçoient d'enfoncer la porte fi on ne l'ouvroit. Elle fut fi faifie de frayeur, qu'à peine eut elle affez de force, pour ordonner qu'on l'ouvrit, afin d'éviter cette violence. Le Reverend Pere ne fut pas moins émû qu'elle; & affurement tout homme comme lui, étant dans une telle maison, l'auroit été pour moins. La porte ayant été ouverte, ces Satellites s'emparerent de toutes les autres portes & de tous les appartemens, afin que perfonne n'en pût fortir, fans qu'ils viffent auparavant, fi ceux qui voudroient s'échaper, n'étoient point du nombre des criminels qu'ils cherchoient. Ces prétendus criminels étoient Frianne, fa tante & tous fes domeftiques. Le Commandant ayant pris toutes fes mefures, pour réüffir dans la commiffion qu'on lui avoit donnée, s'adreffa à Frianne, & lui dit, qu'il avoit ordre de fe faifir d'elle & de tous les gens qui lui appartenoient, pour les mettre en lieu de fureté, jufqu'à ce qu'elle eût rendu compte de Bibambos, dont on n'avoit point entendu parler depuis la derniere vifite qu'il lui avoit renduë,& qu'ainfi il falloit qu'elle le reprefentât, ou qu'elle apprit à fes parens ce qu'il étoit devenu. A cette requifition, Mononte & Frianne reprirent leurs efprits, & Le

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rétablirent dans leur tranquillité. "Monfieur, répon dit Frianne à cet Officier, il y a une heure que j'au,, rois été fort embarraffée pour vous répondre fur la demande que vous me faites, puifque je n'en fçavois pas plus que vous. Mais à prefent vous allez avoir une entiere fatisfaction: ce ne fera pas de moy, ,, le Reverend Pere fçaura bien mieux vous contenter fur ce que vôtre curiofité recherche : interrogez-le, ,, il n'y a perfonne qui fçache mieux que lui l'avanture ,, de Bibambos. Mononte raconta ce qu'il convenoit que ce Commandant apprit, c'est-à-dire, que Bibambos avoit pris le parti de quitter le monde, de fe retirer dans fon Convent, & qu'inceffamment il alloit embraffer l'état Religieux. L'Officier, après avoir entendu tout ce que ce Pere jugea à propos de lui dire, laiffa par précaution felon les devoirs de fon métier, fes Archers chez Frianne, & alla rendre compte de ce qu'il avoit appris, à ceux qui y prenant le plus interêt, l'avoient chargé de fe rendre maître de la maifon de Frianne, & de toutes les perfonnes qui y demeuroient. En attendant fon retour, le Pere Mononte continua fon recit de cette forte.

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Quand nous arrivâmes dans la chambre de Bibam,, bos, & qu'il vit fon habit: Hé quoy! dit-il, mon Reverend Pere, voila mon habit! dites-moy, un peu, je vous prie, qui vous a chargé de me faire cet,, te reftitution. Eft-ce par repentir qu'on me la fait ? ,, ou bien, eft-ce qu'on l'eftime beaucoup moins que ,, celui-ci (il parloit de fon habit Religieux) qu'on m'a ,, donné en fa place? J'allois lui répondre, mais j'en ,, fus empêché par un de nos jeunes Peres, que la curiofité avoit attiré à nôtre fuite, fans que je le fçuffe, qui auffi-tôt qu'il l'eût vû, fe jetta à fon cou, & l'embraffant étroitement, s'écria: hé c'eft toy, mon cher amy! quel plaifir de te retrouver ici & de t'embraffer fous une même habit que le mien! croy-,, moy, ne le change point, tu ne peux mieux faire,

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que

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