Imágenes de páginas
PDF
EPUB

GRIFFET, [Henri] Jéfuite, Prédicateur du Roi, né à Moulins en Bourbonnois en 1698,

mort en 1771.

L'éloquence de la Chaire, l'Hiftoire & la Critique ont fucceffivement exercé les talens. Ses Sermons, quoique très-estimables, quoique d'un ftyle naturel, oratoire & afforti aux différens fujets, ne font pas la partie la plus frappante de fon mérite. La Continuation de l'Hiftoire de France du P. Daniel, & l'Hiftoire de Louis XIII, est vraiment ce qui lui affûre une gloire solide parmi nos utiles Littérateurs. Les Differtations qu'il a répandues dans le corps de l'Ouvrage du P. Daniel, font d'une inftruction & d'une netteté qui jette le plus grand jour fur plufieurs points de nos Annales, qui n'étoient pas encore affez développés. L'érudition, la fagacité, la méthode, y marchent d'un pas égal, revêtnes da genre de style convenable à ces fortes de difcuffions. Le volume qu'il a ajouté aux Mémoires chronologiques du P. d'Avrigny, fon Confrere. a le même mérite. Son dernier Ouvrage fur les Preuves de l'Hiftoire, doit être regardé comme le Code de tous les Hiftoriens.

On a encore du P. Griffet, plufieurs Livres de piété, comme l'Année du Chrétien, l'Exercice de Piété pour la Communion, &c. qui prou

vent autant la diverfité de fes talens, que fou zele pour la Religion.

GROS DE BESPLAS, [Jofeph-Marie-Anne] Docteur de Sorbonne, Vicaire-Général du Diocese de Befançon, Aumônier de MONSIEUR, Prédi cateur du Roi, de l'Académie de Beziers, né à Caftelnaudary en 1734.

Il a fu mériter à la fois, pár fes Ouvrages, & l'eftime des Littérateurs & la reconnoiffance des bons Citoyens. Celui qui a pour titre, des Caufes du bonheur public, offre une infinité de vues patriotiques, qui donnent l'idée la plus avantageufe de fon cœur, en même temps qu'elles honorent fon efprit, par la maniere énergique dont elles font préfentées. Son Effai fur l'Eloquence de la Chaire, malgré quelques idées fingulieres que le vrai goût n'adoptera jamais, peut être regardé comme un des morceaux de Littérature les plus inftructifs qui aient paru fur cet objet. C'est un tableau raccourci des progrès & de la décadence de la Prédication dans les différens Siecles, accompagné d'obfervations didactiques, qui supposent une étude approfondie des Auteurs facrés & profanes qui fe font diftingués dans la carriere de l'éloquence. Il ne sient qu'à M. l'Abbé de Befplas d'y marcher lui

même avec gloire, à en juger par le Panégyrique de S. Bernard, & par le Difcours fur la Cène, imprimés à la fuite de cet Effai. Doué d'une fenfibilité vive & touchante, d'une imagination brillante & féconde, nourri de la lecture des Ecrivains les plus fubftantiels, il n'a befoin, pour cet effet, que de mettre plus de liaison dans fes idées, communément nobles & élevées, plus de naturel dans son style, souvent énergique & élégant, mais surchargé de figures parasites, de métaphores recherchées, qui le rendent quelquefois emphatique & bourfoufflé. Nous ne craignons pas d'être accufés de trop de févérité dans ces remarques, parce que la critique n'humilio les efprits médiocres ou incorrigibles.

que

GROSIER, [Jean-Baptifte-Gabriel-Alexandre] Abbé, né à St. Omer en 1743.

Les articles qu'il a fournis à l'Année Littéraire, du vivant & après la mort de M. Freron, annoncent un Littérateur formé sur l'étude réfléchie des

bons modeles ; un Critique doué de l'efprit d'analyse, & d'une fagacité merveilleuse pour faifir les beautés & les défauts d'un Ouvrage ; un Ecrivain correct, zélé pour les vrais principes, & capable d'y ramener les efprits qui s'en écartent. C'est ce qui fait regretter qu'il n'ait pas continué d'enrichir cet Ouvrage du fruit de fon travail

Nous ignorons les motifs qui l'en empêchent; mais nous favons que fon zele pour le maintien des regles, l'a porté à folliciter la Rédaction d'un Journal Littéraire, & que les Philosophes, fi intéressés à arrêter la plume des Ecrivains en état d'éclairer le Public fur leurs défauts & leurs travers, ont eu le crédit de faire fupprimer ce Journal. On ne peut cependant nier que le Gouvernement ne soit intéressé à multiplier les Ouvrages capables de rappeler les Littérateurs aux principes du goût & de la raison. Et véritablement, ce seroit fermer les yeux aux confidérations les plus indifpenfables de la Politique, que de ne pas regarder la Littérature comme un des objets les plus dignes de l'attention du Miniftere. Les Productions de l'efprit ont toujours eu une influence marquée fur le génie des Nations, fur leurs mœurs, fur les révolutions qu'elles ont éprouvées, & peuvent même être la fource de ces révolutions. Quand on ne les confidéreroit que comme un moyen de gloire & de délaffement, c'en feroit affez pour devoir mettre en œuvre tous les moyens capables d'en prévenir la dégradation. L'état actuel de la Littérature, en France, démontre, à préfent plus. que jamais, la néceffité d'y travailler efficacement. L'efprit d'anarchie s'eft répandu fur tous les genres en matiere de goût, comme en masiere de raifon, tout le réduit à l'arbitraire; le plus

[ocr errors]

grand nombre des Ouvrages d'agrément annoncent l'oubli des regles, l'amour des fyftêmes, le renversement des principes reçus ; les Ouvrages de morale ne font le plus fouvent que le fruit d'une imagination indépendante, qui assujettit à ses caprices les fentimens, les devoirs, les bienséances; dans les Ouvrages de raifonnement, le fophifme triomphe, la Philofophie attaque les vérités les plus certaines, mine avec activité les fondemens de la Religion, des Loix, des Mœurs, rompt les nœuds de la Société, & obfcurcit jufqu'aux notions les plus claires de la Nature. Comment ces défordres pourroient ils fubfifter, fans que l'intérêt général n'en éprouvât des atteintes?

Au milieu de ce renversement général, que chaque moment peut rendre plus rapide & plus funefte, il exifte cependant des Efprits fages, des Ames honnêtes, des Citoyens zélés pour le véritable honneur de leur patrie: mais à quoi peuvent fe réduire les efforts de leur zele? A gémir fur les travers dominans, à defirer qu'on les réprime, à murmurer de l'indifférence qu'on témoigne à cet égard.

Il eft donc effentiel de remédier à leur im→ puissance; & parmi tous les moyens qu'un Gouvernement fage peut employer fans fe compromettre, le meilleur feroit d'autorifer des voix affi→ dées & courageufes, deftinées à avertir, à re

« AnteriorContinuar »