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Font reffortir avec intérêt les matieres, & conduifent fans fatigue l'efprit à la conviction.

Les autres Ouvrages du P. Hayer ont pareillement pour objet la défense de la Religion. Sans être aussi estimable que le premier, ils prouvent l'activité de fon zele, & ne font pas moins honneur à fes lumieres qu'à fes fentimens.

HELVÉTIUS, [ Claude - Adrien] ancien Maître d'Hôtel de la Reine, ci-devant FermierGénéral, né à Paris en 171S, mort dans la même ville en 1771.

Le goût, ou pour mieux dire, une paion enthoufiafte pour les Lettres, le porta à de grands facrifices, & l'engagea dans de grands écarts. Tout le monde conno le fort de fon Livre de l'Esprit, où une Métaphyfique téméraire a répandu tant d'erreurs & enfanté tant d'affertions infoutenables. Mais fi M. Helvétius a eu le malheur de fe tromper, il a eu au moins le courage de fe rétracter, & la prudence de ne rien mettre au jour, depuis le malheureux fuccès de fon Ouvrage.

S'il nous eft permis de faire quelques réflexions fur fon caractere, nous ferons autorisés à dire, que l'amour de la célébrité & trop de penchant à fe laiffer féduire par des infinuations artificieuses, ont été la vraie cause de l'abus qu'il a fait de ses

talens, propres d'ailleurs à le faire estimer. La candeur, la bienfaifance & les autres vertus de fon ame faifoient pardonner, par ceux dont il étoit connu, les illufions de la Philofophie. Nous pouvons affûrer, d'après nos propres observations, qu'elle étoit dans lui une espece de manie involontaire, fruit de fes premieres liaisons, plutôt qu'une morgue arrogante & fyftématique. Aussi M. Helvétius n'adopta-t-il jamais les intrigues & les procédés de la cabale qui avoit su se l'attacher d'abord par adreffe, & le conferver enfuite, par la jufte crainte qu'il avoit d'en devenir la victime. Il connoiffoit trop bien le Stylum philofophicum, pour ne pas s'attendre à fe voir accablé de farcalmes, pour peu qu'il eût paru fe détacher de l'étendard fous lequel on le retenoit captif. Il fe contentoit de gémir, dans le fein de l'amitié, de l'extravagance & des excès de tant de Maniaques qui fe faifoient gloire de l'avoir pour Confrere. On ne peut donc que le plaindre d'avoir eu le courage de paroître Philofophe, avec tant de rifques; & la foibleffe de n'ofer ceffer de l'être, avec tant de moyens d'affûter fa gloire par d'autres bons Ouvrages qu'il étoit capable de donner.

N. B. Cet Article, tel qu'on vient de le lire, a fervi de texte à feu M. de Voltaire, pour nous accufer d'ingratitude à l'égard de l'Auteur

qui en eft l'objet. Quoique les efprits judicieux & vraiment éclairés, les feuls dont l'homme sage doive ambitionner l'eftime, fachent démêler Ja calomnie à travers les artifices de la malignité, il ne fera pas inutile de réfuter celle-ci, moins pour notre juftification, que pour faire comoître avec quelles armes on a repouffé nos critiques. Pour cet effet, il nous fuffira d'extraire d'une de nos Lettres à un Seigneur étranger, l'endroit où nous lui avons rendu compte de l'Ecrit où M. de Voltaire nous impute d'avoir déchiré le cadavre

de M. Helvetius.

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» Je paffe, Monfieur, au quatrieme Libelle: fon titre eft des Dictionnaires de calomnies * auxquels il fourniroit un article des mieux con»ditionnés. Oh! pour celui-ci, M., il n'eft pas permis d'en rire: c'eft un fatras morne, langoureux, indigefte; une trifte doléance de M. de Voltaire, qui y parle en fon propre nom. Et » que dit-il? Il m'impute ce à quoi je n'ai jamais fongé; il me transporte où je ne fuis jamais » allé... Par exemple, vous connoiffez la ville » de Strasbourg, Capitale de l'Alface : j'ignore

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* Ce Libelle, qui a d'abord paru fous le titre d'Extrait d'un Ouvrage nouveau, Chap. 15, fait à préfent partie du tome 13 de la Collection complette des Euvres de M. de Voltaire, en 41 vol. in-8.9

» fi vous y avez jamais été; pour moi, je fais bien que je ne l'ai jamais vue que fur la Carte ; & cependant, par un trait de fa plume magique, » me voilà ès-prifons de ladite ville, occupé à » faire des Vers infames, & voilà le Nécro

mant de Ferney en poffeffion de mes Vers Al» faciens. Quelle invention ! Comme on décrédite » jusqu'à la vérité même, quand on se permet » de pareilles impoftures ! Si vous lui écrivez » jamais, M., priez-le de vous envoyer ces » Vers, avec un certificat du Préteur, du Géolier & de la Mufe libertine qui m'aura inspiré » fi magnifiquement : il y a apparence que M. de » Voltaire connoît tout ce monde-là....

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» Ce n'eft pas tout: il prétend, dans le même

Ouvrage & avec la même vérité, qu'ayant été » tiré de la plus extrême mifere par feu M. Hel» vétius, la premiere chofe que je fais après fa » mort, eft de l'outrager avec fureur, & de » déchirer fon cadavre.

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» Lifez, M., je vous prie, l'article Helvétius » dans les différentes éditions des Trois Siecles, » & vous verrez fi je l'ai outragé, je ne dis pas » avec fureur, mais d'aucune maniere; vous » verrez fi, dans un Ouvrage spécialement dirigé » contre les principes dangereux de la nouvelle » Philosophie, il étoit poffible de s'exprimer avec » plus de modération fur le Livre de l'Esprit. Je

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me fuis acquitté, dans cet article, de ce que » je devois au Public & à M. Helvétius de ce que je devois au Public, en condamnant des » erreurs que l'Auteur lui-même avoit rétractées » authentiquement de ce que je devois à l'aɔɔ mitié de M. Helvétius, en paffant rapidement fur l'abus de fes talens, en plaignant fes illu→ fions en rendant justice aux bonnes qualités » que je lui avois reconnues, & en m'indignant, par ›› intérêt pour lui, contre une fauffe Philofophie » qui fut toujours l'ennemie de fa réputation & » de fon repos.

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» Si ce généreux ami vivoit encore il ren» droit plus de juftice à mes fentimens, & feroit » le premier à s'élever contre l'Ecrivain qui lui » fait les honneurs de m'avoir tiré d'ume mifere

que je n'ai point éprouvée. Il diroit que s'il >> me mit au nombre de fes Penfionnaires, après » m'avoir appelé dans la Capitale, ce ne fut que » pour me procurer une indépendance` qui me donnât le loifir de cultiver les Belles Lettres, » & pour m'ôter tout prétexte d'ambitionner quelque place qui eût pu me dérober ce loifir. Il pourroit dire encore que, dans nos converfations, je me fuis fouvent élevé contre la Secte qui l'avoit attiré dans fon parti, & qu'il mé» prifoit fi fort, parce qu'il en connoifsoit mieux » l'artifice. Je pourrois, à mon tour, lui rappeler

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