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Henri II. à celle de Saint-Quentin &c.

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Aujourd'hui quand le terrain le permet, nos Armées fe rangent fur deux lignes: l'Infanterie au centre, & la Cavalerie fur les deux ailes, fuivant la manière des Romains, le plein de la feconde ligne, c'està-dire, les Efcadrons, ou les Bataillons répondent au vuide de la première, ou à l'intervalle, qui fe trouve entre deux Efcadrons, ou deux Bataillons de la première ligne ; & cela afin qu'un Bataillon, ou un Efcadron de la première ligne, venant à fe rompre, il ne fe renverfe, pas fur un Efcadron ou fur un Bataillon de la feconde, mais qu'il trouve du terrain pour fe rallier.

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Il y a ordinairement entre la première, & la feconde ligne un espace de deux ou trois cens pas. Les Efcadrons de la même ligne font éloignés les uns des autres d'environ 5o. ou 60. pas; les intervalles des Bataillons, font environ de la largeur du front du Bataillon, qui pour l'ordinaire eft de cent hommes,

Le poste du Général eft communément au Corps de Bataille. Les Lieutenans-Généraux,& Maréchaux-de-Camp font partagés aux ailes & au centre.

Si le pays eft coupé, ou fourré, l'on met des Brigades d'Infanterie, ou de Dragons, aux flancs de la droite, & de la gauche, pour empêcher par leur feu l'ennemi d'en approcher- Si le champ de bataille eft partagé par des plaines & buiffons, quelquefois l'on place dans les intervalles de l'Infanterie des Efcadrons pour la foutenir.

Quand on le peut, on a un corps de réferve compofé de bonnes Troupes, mis comme en troifiéme ligne, à 50. ou 60. pas de la feconde ligne; mais toutes ces difpofitions varient fuivant l'habileté,& les vûes du Général, & fuivant la fituation, & l'arrangement de l'Armée ennemie.

ARRANGEMENT des Troupes dans les marches. L'arrangement d'une armée, prête à en venir aux mains, eft tout different de celui qu'on lui donne dans les marches ; fi elle marchoit dans une vafte plaine, l'arrangement pourroit être le même. Mais les bois, & les rivieres, les villages, & les défilés, que l'on rencontre, obligent à féparer l'Armée en differens corps,pour la faire arriver en même tems à un nouveau camp, ou à la vûe de l'ennemi.

Ces marches font dangereuses, quand l'ennemi eft en campagne, parce que les corps peuvent être attaqués féparément ; mais on prend à présent une infinité de précautions, qu'on ne prenoit pas autrefois, pour prévenir les inconveniens, ou pour y remedier. Les Maréchaux des Logis de l'Armée fçavent parfaitement ( du moins doivent le fçavoir) la Carte du pays: Ils ont fous eux des Capitaines des Guides, chargés du foin d'avoir plufieurs Guides du pays, dont on fe fert pour empêcher que les Troupes ne s'égarent, fur-tout quand les marches fe font pendant la nuit. Les Officiers-Généraux ont des Cartes Topographiques très-exactes; il y a des travailleurs à la tête des colomnes, pour réparer les chemins, & pour faire des ouvertures, où il en eft befoin; pour don

ner libre paffage. On fait des ponts avec une extrême promptitude pour le paffage des rivieres. On fait aller en avant des partis, & des gros, détachemens pour tenir l'ennemi en refpect, & donner avis de fes mouvemens. Enfin le Général difpofe fi bien la marche de fon Armée qu'un Corps puifle être bien-tôt fecouru d'un autre, s'il eft attaqué; & chaque Bataillon ne marche point fans fes Grenadiers à la tête, & fon piquet à la queue. ... Quand on fait des marches forcées, pour prévenir quelque deffein de l'ennemi, on a foin de faire trouver des vivres dans les lieux, où les Troupes arrivent, & tout ce qui eft néceffaire pour leur foulagement dans ces fatiguantes marches.

Les grandes Armées marchent ordinairement fur trois colomnes, & fuivant l'ordre de bataille que le Général a fait dès le commencement de la campagne. Les Troupes de la droite prennent le chemin de la droite, les Troupes de la gauche forment les colomnes de la gauche. L'artillerie, les vivres, & les gros bagages font ordinairement dans le centre

Quand on marche vers l'ennemi, l'Artillerie marche toujours dans le centre excepté, quand il en va une Brigade à la tête de chaque colomne, précédée de quelques Troupes; mais les gros bagages marchent derrière, couverts du Corps de réserve,

Dans un pays coupé de défilés on fait marcher des Dragons à la tête des colomnes avec un détachement confidérable des Grenadiers. Si l'ennemi eft derrière foi quand on décampe, les bagages, les vi

vres, l'artillerie, avec quelques Escadrons pour leur fureté marchent devant, & les meilleures Troupes avec une ou deux Brigades d'artillerie font pour l'arrièregarde.

Si l'ennemi eft à côté, par exemple à la droite de l'Armée, l'artillerie, les vivres, les bagages marchent fur la gauche; fi l'ennemi eft fur la gauche, tout cela marche à la droite.

&

Une petite armée peut marcher fur une colomne, l'artillerie & les bagages entre l'avant-garde, & l'arriere-garde; fi elle eft obligée de fe mettre en bataille, les Dragons & la Cavalerie de l'avant-garde font une des ailes, ceux de l'arriere-garde l'autre aile; l'Infanterie le centre, l'Artillerie fe place devant l'Infanterie. Jufqu'au regne de Louis XIII. il n'eft point fait mention de ces détails dans nos hiftoires, il falloit cependant qu'on prêt des précautions contre ces fortes de marches. Il est vrai qu'il n'y avoit pas tant de bagages, ni de fi gros équipages d'artillerie. Mais quand l'ennemi étoit proche on avoit d'autres dangers à éviter, que celui de la perte du bagage & de l'artil lerie. Sans doute que le Général y pourvoyoit par un grand fecret pour le décampement & par les ftratagêmes dont il fe fervoit pour cacher fa marche à l'ennemi.

ARRANGEMENT des Troupes dans les marches particulieres. De tous temps il y a eu des reglemens pour la marche des Troupes, foit quand elles marchent en corps, ou quelles marchent féparément

pour aller joindre les Armées, ou qu'elles paffent d'un lieu à un autre. Ces reglemens étoient plus ou moins obfervés felon le plus ou moins d'application du Prince, & des Officiers, qui agiffoient fous fes ordres pour l'obfervation de la difcipline militaire. Louis le Grand, à qui rien n'a échappé pour la perfection de la difcipline militaire, eft le premier qui ait le plus defcendu dans le particulier de cet article de la Milice ; & jamais les Romains n'ont obfervé un plus bel ordre foit dans les marches générales, foit dans les marches particulieres, que celui qu'on obfeive aujourd'hui dans nos Troupes en execution des Ordonnances, qui ont été faites.

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ARRANGEMENT des Armées dans les campemens. Du tems de Charles V ce n'étoit guéres la mode de se retrancher en campagne, d'une maniere qui rendit un camp inacceffible aux ennemis. Ce fut dans les guerres d'Italie fous Louis XII. que l'ufage en vint; mais depuis le regne de Louis XIV. on a porté l'Art & la régularité des campemens, & la police des Armées à la plus haute perfection. L'application, & l'habileté des Ingenieurs font dreffer des camps avec autant de jufteffe & d'ordonnance, que des Villes dont ils traçeroient des plans à loifir pour les bâtir. Nos Camps ont de la reffemblance aux Camps des Romains en plufieurs chofes. Ce qu'ils appelloient le Prétoire, eft ce que nous appellons aujourd'hui le Quartier général, c'eft-à-dire, l'endroit où campe le Général; mais quant à l'af

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