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ces fortes de fituations font bonnes pour les citadelles, les Châteaux & les petites forterefies, qui donnent les moyens de fe rendre maître du plat pays.

PLACE MARECAGEUSE: On fortifie à peu de frais une Place Marécageufe: il n'y faut point une forte Garnifon. Ses fortifications font difficiles à faire fauter en l'air, & l'ennemi n'en peut approcher qu'en s'expofant d'y périr. Mais dars une Place Marécageufe tout doit être piloté: & les défavantages qu'elle a, fort qu'il eft prefqu'impoffible de la fecourir, que les forties en font ordinairement infructueuses, que l'air y eft toujours mal -fain, ce qui caufe de fréquentes maladies, que l'eau y eft toute gâtée; & qu'enfin ces fortes de lieux peuvent être attaqués fans perdre grand monde, quand on at

PLACE ENVIRONNE'E D'EAU. Une Place environnée d'eau a l'avantage de ne pouvoir être minée. Pour la défendre on n'a pas besoin d'un grand ouvrage. Les Affiégés peuvent facilement mettre le feu dans les navires de l'ennemi; l'Armée navale fe trouve expofée à la vue de l'Artillerie de la Place; & les coups de canon des Affiégeans ne font pas toujours fürs, parce que l'eau leur ôte la force, mais ils peuvent facilement couper les vivres & empêcher le fecours. Avec de fimples bateaux on attaque une telle Place, & la Cavalerie n'y eft pas néceffaire: d'ailleurs ces Places font fujettes à de plus

fréquentes maladies que les autres. Cependant ces Places environnées d'eau, font encore les meilleures, parce qu'elles font comme fortifiées par la natu

re.

PLACE ELEVE'E DANS UN PLAT PAYS: Ces fortes de Places font prefque toutes régulières : la bonne terre y eft en abondance. L'eau n'y manque jamais: On y fait aifément des retranchemens, quand l'ennemi vient l'attaquer trop brufque. ment, & il faut deux ou trois Armées, fi T'on veut couper les vivres & les munitions qui viennent de toutes parts pour ceux de la Place. Mais fi le bon terrein d'une Place élévée dans un plat pays cft avantageux aux Affiégés, il l'eft encore plus aux Affiégeans. Il leur fert pour faites des retranchemens, batteries, approches, redoutes, & autres ouvrages de deffus lefquels l'ennemi peut faire grand dommage aux Affiégés. Il y forme un Camp auquel il peut donner une forme réguliére, & l'environner d'un bon rempart. Il Y peut encore creufer facilement des Mines pour aller fous la Place: ces fortes de Places font les meilleures. Si l'Affiégeant y trouve des avantages, les Affiégés les orit au double.

PLACE fituée fur le penchant d'une montagne le penchant d'une montagne eft un fort mauvais endroit à fortifier. Les Places, qui y font fituées, n'ont aucun avantage, parce que le fommet de la montagne commande prefque toujours au-dedans de la Place.

PLACE fituée dans une vallée: la vallée eft encore un méchant endroit pour y mettre des Places. L'ennemi les peut découvrir tout-a-fait du haut de la montagne.

PLACE fituée fur les bords d'une grande rivière. Les Places fituéesfur les bords d'une grande rivière font préférables à toutes les autres, en cas qu'on foit maître du paffage, par lequel il faut amener les vivres & les munitions. On y fait conduire par eau toutes les chofes néceffaires. Les fortifications en peuvent être régulières, & du côté de l'eau, on fortifie à peu de frais. Les fecours y font aifés. La terre y eft abondante pour la réparation des ouvrages, & pour faire des retranchemens. On y peut faire des éclufes pour inonder toute la Campagne voifine. On n'y manque jamais d'eau. Quand on en veut faire le fiége il faut à l'ennemi beaucoup de Troupes à caufe de l'éloignement des quartiers: & fi l'on attaque ces quartiers, l'Af fiégé peut aifément paffer la riviere & être fécouru par des bateaux; & fuppofé qu'on l'attaque en même-tems par terre & par eau, il faut des Armées,ce qui coure beau coup. Mais fi la rivière fert à l'Affiégé elle fert auffi à l'Affiégeant pour faire tranf porter ce qui eft néceffaire pour un fiége. L'ennemi peut éléver des maffes de terre pour commander dans la Place, & il fe peut aisément couvrir contre le feu de la Place, ayant de la terre en abondance,

Ce n'eft pas affez d'avoir fait voir les avantages, de ces différentes fituations

de

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de Places. Voyons comment elles peu-. vent être attaquées. Une Place fortifiée & fituée fur un rocher de 25. & 30. 40. 5o. ou 60. pieds de haut, fi le roc eft fain, & bien escarpé, il eft inacceffible de ce côté-là; fi le rocher bat au pied d'uene rivière d'eau courante, ou dormante

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c'eft encore pis. Si une Place par quelque = côté en plein terrein eft bordée d'une rivière, qui ne foit pas gayable, & qui ne puiffe être détournée, fi cette rivière du côté de la Place eft bordée d'une bonne fortification, capable d'en défendre le paffage on la peut dire inattaquable de ce côté là. Si fon cours eft accompagné de Eprairies baffes & marécageufes en tous tems, elle l'eft encore davantage.

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Si une Place eft environnée en partie d'eau & de marais, qui ne peuvent fe deffécher, fi étant en partie acceffible par des terreins fecs, qui bordent ledit marais, elle y eft bien fortifiée; s'il y a des piéces dans les marais, qui ne foient pas abordables, & qui puiffent voir de revers les attaques du terrein ferme, cette Place n'est pas avantageufe pour les attaques, à caufe des lieux inacceffibles, & qu'il faut pouvoir embraffer ce qu'on attaque. Si une Place eft environnée de terre bafle, & de marais, s'il n'y a point moyen de les deffécher, comme il s'en trouve dans les Pays-Bas, & qu'elles ne foient abordables que par des Chauffées on confidére, fi on ne peut point deffécher les marais, s'il n'y a pas un temps dans l'année, où ils fe défféchent eux-mêmes, & en quelle faiM m

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fon, & fi on ne peut pas les faire écouler & les mettre à fec. On examine fi les Chauffées font droitesou tortues, enfilées en tout , ou en partie, de quelle étendue eft la Place, fi on y peut tournoyer une Tranchée en la défilant. Avant que de rien entreprendre, on regarde fi l'on peut affeoir des batteries au-deffous ou à côté fur quelque terrein moins bas que les autres, qui puiffent croifer fur les parties que l'on veut attaquer. Si ces parties font fi fortenfilées, qu'il n'y ait pas de traverse, qui faffe front à la Place d'affez près, on cherche quelque pofte qui puiffe faire un couvert confidérable contre elles, en rélevant une partie de fon épaiffeur, & l'on voit à quelle diftance ce pofte fe trouve de la Place.

aux

Des Chauffées voifines l'une de l'autre, aboutiffant à laPlace, peuvent s'entresecourir & fournir des volées de canon croifées, ou de revers fur les piéces attaquées. On fait attention à la nature de la Place, à fes dehors, aux chemins couverts foffés qui les bordent, aux avants foffes, qui les féparent. Si ceux-ci font pleins d'eau Courante, ou dormante, on n'attaque pas par là, pour peu qu'il y ait apparence d'approcher de la Place par ailleurs, parce qu'elle eft prefque toujours enfilée, & continuellement expofée au canon fans pouvoir s'en défendre, ni s'en rendre maître, ni embraffer les parties attaquées de la Place.

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Pour une Place fituée dans une Plaine, voici les précautions que l'on prend. On

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