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cinq pieds quatre pouces. Sur une pareille idée un Religieux Italien en inventa un à trois canons, unis tout du long, & qui ne fe féparoient point, dont chacun portoit trois livres de balles. Le premier triple canon fut fondu à l'Arsenal de Paris. Mais le canon de M. le Chevalier Folard dont la dépense eft infiniment moins grande, & qui eft plus facile à tranfporter, qu'une pièce de 24. pour fa jufteffe & fon effet, l'emporte fur ceux dont je viens de parler. Il y a eu, & il y a encore des canons, que l'on charge par la culaffe, ou vers la culafle cette idée de charger un canon n'est pas nouvelle : On l'avoit mise en pratique il y a long-tems dans une efpéce de petits canons, qu'on appelle des pierriers. Les petits Vaiffeaux Marchands, ont beaucoup de ces pierriers de fer pour fuppléer au canon, & s'en fervent pour tirer fur les Barques des ennemis.

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Quoique chacun connoiffe la forme exterieure d'un canon, cependant fort peu de perfonnes fçavent l'énumeration de fes parties. Il y en a trois principales, fçavoir la culaffe, le renfort, & la volée. Les autres font des ornemens qui ne laiffent pourtant pas que d'être utiles au canon pour le rendre plus aifément en équilibre fur les torillons. Ces parties font le bouton, le renfort de la culaffe, la platte bande, les moulures, e Chmp de lumiere l'aftragal, le premier renfort du canon, la platte bantde, ornée de moulures, le fecond renfor du canon,les ances pour élever le canon, les torillons, la platte bande du fecond renfort, la ceinture, ou l'ornement de

la volée,l'aftragal de la ceinture,l'aftragal de la volée,le colet,la couronne ou le bourelet,, la bouche à canon, l'ame du canon, c'està-dire, l'interieur jufqu'au fond de la piece.

La partie la plus forte du canon doit être la culaffe, comme étant celle, qui reçoit le premier mouvement de la poudre, auffi lui donne ton plus d'épaiffeur, qu'au refte de la pièce. On lui donne ordinairement le diamêtre du boulet, qu'on lui doit faire tirer; en forte que depuis le haut de la lumiere jufqu'au point diametralement oppofé, il y a trois diamêtres d'un boulet de calibre. Le renfort fouffre encore de la violence, mais non point tant que la culaffe, auffi le fecond renfort fe trouve avoir moins d'épaiffeur que le premier, & la volée encore moins, qui ne fert, qu'à entretenir le feu de la poudre, un peu plus long-tems, afin de donner au boulet plus de force.

Trois chofes mêlées ensemble compofent le corps du canon. La rofette, ou cuivre, l'etain, & le leton. La rosette est un cuivre refondu une ou deux fois,afin de décharger fes parties groffières, & le leton, ou cuivre jaune, eft un mélange de cuivre ou de pierre calamine. Pour avoir des pieces de fonte, qui foient bonnes, les uns fur 100. livres de rozette mettent 9. livres d'étain, & 6. de leton: D'autres fur 100. livres de rozette veulent depuis 10. jufqu'à 20. livres d'étain, & 20. livres de leton. D'autres enfin fur une partie de cuivre jaune mettent un tiers de rozette, un quart de vieux metal, & un dix-feptiéme d'étain. Voilà la compofition de la matière du ca

non, dont on ne peut feulement que donner une idée; car le mélange de cette matiére eft l'ouvrage & l'occupation d'un Fondeur habile.

Quant à la forme du canon, elle change aujourd'hui rarement. On ne trouve plus dans les Arfenaux, que de 7. ou 8. fortes de piéces. Cependant il y en a encore dans quelques Villes, & quelques Fortereffes d'une forme tout-à-fait antique, telle qu'eft le bafilic de 48. livres de balles, & de 10. pieds de longueur: Le dragon de 48. livres de balles,& de 16. pieds de longueur. Le dragon volant de 32. livres de balles, & de 22. pieds de longueur, & plufieurs autres de cette forte, dont l'ufage doit les faire diftinguer, des pièces modernes, dont on fe fert préfentement, & qui font réduites à 7. ou 8. espèces.

Le plus gros canon porte un boulet de 33. livres de balles, & n'a que dix pieds de longueur; fon poids est de 6200. livres. Il y a des canons de 24. livres de balles, long de 10. pieds, & du poids de $100. livres, de 16. livres de balles, longs de 10. pieds; & du poids de 4100. livres; de 12. livres de balles, longs de 10. pieds; & du poids de 3400. livres; de 8. livres de balles, longs de 10.pieds & du poids de 1350.livres; de 4. livres de balles, longs de 10. pieds & du poids de 1300. Le canon de 16. livres de balle eft nommé coulevrine, ou demi canon; celui de 8. livres eft nommé batarde; celui de 4. livres eft appellé moienne: Outre ces fix fortes de pièces, qui font de la même longueur, quoiqu'elles pesent bien differemment, on en trouve une de 8.

livres de balles, & de 8. pieds de longueur, qu'on nomme piéce de campagne. Tous les canons, qui font inférieurs à ces premiers, font nommés Faucons, ou Fauconneaux. Ils portent un boulet depuis un quart de livre, jufqu'à deux livres ; ils ont fept pieds de long quelquefois moins, leur poids eft auffi fouvent different: On en trouve, qui pefent 150. livres, d'autres 200. 400. foo & quelquefois 7. ou 800. livres.

Tous les canons font ordinairement percés en forme cilindrique, de forte qu'un bois bien rond puiffe entrer dedans. Pour donner plus de violence à la poudre, on a trouvé le fecret de faire une chambre ronde au fond du canon. Ces fortes de canons chambres chaffent auffi loin un boulet, que les plus fortes piéces de l'ancienne façon, quoiqu'on les charge avec un tiers moins de poudre. Ces pièces ont encore un avantage, c'eft qu'étant moins longues que les pièces ordinaires, elles font moins péfantes, plus aifées à transporter, & leur fervice plus commode, mais le grand effort qu'y fait la poudre, cause souvent du défordre. Ces fortes de canons font fujets à prendre feu, à fauter fur leurs torillons, à rompre leurs affufts, à érafler leurs embrafures, & à crever lorfqu'ils font échauffés. Il y en a qui, pour remedier à ces inconveniens, pratiquent dans ces fortes de canons une chambre faite en forme de poire.

Une des chofes, à laquelle on fait le plus d'attention dans la fabrique d'un canon, eft la lumiere. C'eft par-là que la plupart des canons font rendus inutiles › parce

qu'après avoir tiré plufieurs coups, la lumiere s'élargit, & fait par ce moyen diminuer l'effort de la poudre, par fa trop grande évaporation. C'eft pourquoi on y apporte toutes les précautions poffibles; le trou de la lumiere fe fait de differentes façons.Les plus fimples,& les plus commodes font celles, dont on ufe préfentement dans toutes les piéces de canon, & dont l'ouverture eft proportionnée à la groffeur & épaiffeur de la pièce.

Pour chaffer un boulet de 24. livres avec violence, il faut du moins 12. livres de poudre, quelquefois 18. & ainfi à proportion dans les autres pièces de differens calibres. Quand on charge un canon › On obferve de ne point refouler fortement la poudre pour lui donner plus de force; on la ferre un peu; on la couvre enfuite d'un gros bouchon de foin, qu'on fait entrer avec force dans le canon.

Pour ne fe point tromper à la mire du canon, on a un morceau de bois que l'on pofe fur le colet du canon, nommé fronteau de mire, lequel fait que la ligne de vue eft parallele à la ligne de l'ame du canon; mais il feroit encore mieux que ce fronteau de mire, fut toujours de métal, comme le canon même, & lié avec lui par la fonte, comme on l'a pratiqué autrefois. Pour rendre l'effort du canon plus violent, on le tire perpendiculairement, contre l'objet qu'on veut détruire & on le tire fouvent, & avec promptitude.

Rien n'eft fi utile, & fi néceffaire à une piéce de canon, que de lui trouver un bon affut, qui eft une machine composée de

deux

in

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