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en lui-même qu'il les voit, & qu'il nous les fait voir. Quoi qu'il en foit, je dis pofitivement tout le contraire de ce que l'Auteur m'attribuë: & cela dans l'article même du Traité, & dans la 9. Meditation qu'il cite, & je l'avois dit fouvent ailleurs. Mais quand je n'en aurois jamais parlé, fur quel fondement pourroit-on m'attribuer un fentiment auffi odieux qu'est l'éternité de la matiére, & auffi généralement condamné : Tous les Livres du P. Malebranche, dit-il encore dans le même chapitre, font remplis de continuels paralleles de la matière avec Dieu. Cela eft fort général, & fort fignificatif. Cependant fi on lit exactement tous mes Li vres, on ne trouvera nulle part. que j'aye fait aucun parallele entre deux chofes fi oppofées. Mais il eft permis à cet Auteur de dire tout ce qui lui vient dans

l'efprit : & je ne dois pas trouver mauvais qu'il me range avec les anciens hérétiques, les Valentiniens , les Marcionites, &c. Car Pag. 76. le Pere Malebranche eft tres-incapable d'impieté... & fauf le respect, Pag. 11, dit ce refpectueux perfonnage, qui eft du à S. Justin, S. Irenée, S, Clement d'Alexandrie, Origene Tertullien, & Eufebe, le fentiment de Valentin fur fes Eons,qu'ils nous dépeignent comme le comble de l'im pieté & de la folie, ETOIT TRES. CATHOLIQUE... le fens qu'il entendoit étoit TRES - ELEVE ET TRES-ORTHODOXE.... Mais Baronius à l'exemple de plufieurs Pag. 10. anciens Peres de PEglife, & de tous les Hiftoriens modernes, n'a pas rendu affez de juftice aux premiers ennemis de l'Eglife. Ils ont tous mis en ufage à leur égard ce premier precepte de l'Eloquence qu'Ifocrate & les Rheteurs donnent aux Hiftoriens & aux Orateurs, à

fçavoir de dire tout le plus de mal qu'on pourra, fans garder aucune mefure, de ceux qu'on voudra décrier..... Voilà le précepte qu'ont mis en ufage tous ceux qui ont combattu les fentimens de Valentin fur la Divinité. Car l'Au Pag. 1. teur a entrepris de prouver clai rement qu'ils étoient tres-Orthodo xes, il eft bien mieux inftruit des fentimens de ces premiers héré tiques que les anciens Peres. Il veut rendre justice à ces efprits. fublimes qu'on a condamnez in juftement. En effet, il les juftifie pleinement dans le 4. ch. dont le titre eft: Que tout ce que dit le R. P. Malebranche fur le Verbe Eternel, confulté comme Sageffe notionelle, par le Pere Eternel, & fur Jefus Chrift, caufe occafionnelle & déterminative de l'efficace de Dieu, n'est qu'un rechauffé des vieilles opinions des Marcionites, Valentiniens & Encratites ; & qu'on ne

peut condamner ceux-ci fans anathematifer l'autre. Le P. Malebranche eft,dit il, incapable d'impieté. Donc on a eu tort de les condamner. Cela eft clair,

Mais parlons ferieusement. Cet Auteur ne craint-il point qu'on l'accufe d'observer bien plus éxactement que les Peres le précepte d'Ifocrate, de ne garder aucune mefure, & de dire tout le mal qu'on peut de ceux qu'on veut décrier? Dans le 2. & le 3. ch. de fon Livre, il n'a rien avancé que de faux touchant mes fentimens; & j'ai rapporté tout ce qu'il en dit.Mais dans le quatriéme il paroît même par le titre que l'on vient de voir, qu'il n'y garde nulle mesure. En effet c'est un tiffu fi étrange de fausfetez & de broüilleries, qu'une Préface n'eft pas un lieu propre pour les démêler; Et aprés ce que je viens de dire, je puis bien

me difpenfer d'en parler jamais. Il y a des ouvrages qu'on peut méprifer, & des Auteurs qu'on doit plaindre. Mais en général l'Auteur des Eclairciffemens confond étrangement les faits qu'il rapporte. Il déguise les fentimens des hérétiques, mais en leur faveur. Il corrompt les miens; dans quel deffein? Dieu le fçait. Il ne craint point de mettre en Italique, comme mes propres paroles ce que je n'ai jamais dit. En un mot, s'il eft de bonne-foi,ce qu'il faut s'efforcer de croire, il n'entend ni mes fentimens ni ceux des anciens hérétiques; fi ce n'eft peut-être qu'il fçait mieux que moi ce que je penfe, & ce que penfoient les anciens hérétiques, que les Peres qui les ont condamnez.

Je prie donc les Lecteurs, ou de laiffer là més Livres pour ce qu'ils vallent, ou de n'en point

juger

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