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le Canon, & que ce fentiment l'a en- « fin emporté. Ce qui fignifie, par rap- « port à un Critique fufpect, comme il l'eft, fur l'article; que de gré ou de force il a fallu que l'Eglife univerfelle, entraînée par les avances de quelques particuliers, en paffât par leur mot : d'autant plus, qu'il affûre là-même, que plufieurs anciens Chrétiens ont « marqué que ces livres n'étoient pas re- « connus pour canoniques, qu'ils étoient « apocryphes, douteux, contredits CC par des Eglifes, qu'on les lifoit bien com- « me des livres utiles, mais qu'on ne « pouvoit les regarder comme une Ecri- « ture fainte, ni s'en fervir ve des dogmes.

pour la preu

De bonne foy, cette affectation de déprifer ces faints livres, & de ne les montrer, fi on l'ofe dire, que du méchant côté, n'eft-elle pas un outrage direct qu'on leur fait, ou une cenfure détournée du jugement de l'Eglife, qu'il femble accufer de faux, pour avoir mis ces livres dans le Canon,malgré la Tradition qui y répugne, & fur laquelle le decret du Concile de Trente devoit fe regler? Auffi M. Basnage (23)

(23) Dans fon Extrait des Prolegomenes de

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juge à la maniere froide dont M. Du Pin répond aux objections contre le Canon des Juifs, qu'il y adhere; & on peut, dit-il, penetrer au travers de fes raifons, que fans l'autorité du Concile de Trente, il les auroit abandonné. Or, qu'aprés cela, M. Du Pin déclare qu'il fe foumet à fon decret [24], perfuadera-t-il de la fincerité de fa foumiffion à ce decret, qu'il femble combattre de front?

nouveau.

Il eft vrai qu'aprés avoir trop rabaiffé les livres Deutero-canoniques de l'ancien Teftament, il fait en revanche plus de grace ou de juftice à ceux du Mais il eft malheureux à prendre fon parti fur le bien comme fur le mal. Car n'outre-t-il pas la matiere, en affurant que [25] l'Epître aux Hebreux a été reçûë auffi-tôt qu'elle la Bible au mois de Juillet 1701. Hiftoire de ouvrages des Sçavans.

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(24) Livre 1. de fes Prolegomenes, chap. 1. Seff. 6. p. 53. de l'Edition de Paris. Toutes ces raifons, dit-il, & ces confiderations jointes enfemble, font fuffifantes pour établir l'autorité de ces livres, dont la définition du Concile de Trente ne laiffe aucun lieu de douter,

(25) Diff. prelim. fur les Livres de la Bible, Sect. 2. Dans le jugement qu'il porte de cette Epître de S. Paul. Voyez là-deffus les Remarques des Peres Benedictins de S. Vannes, T. 1.

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a paru,prefque par toutes les Eglifes du
monde ? Mais la critique péche trop
rarement par cet excés , pour
faire un crime.

lui en

Propofi daleufes de

tions fcan

& de l'Au

teur du

qu'il a ado

uns des Li

Le grand fcandale eft d'entendre les termes de mépris qu'employe M. le Clerc de concert avec l'Auteur d'un M.leClerc, Memoire impic, tant fur quelques livres compris dans le Canon des Juifs, Memoire que fur le Canon même. Il nous don- pté contre ne entre autres le livre d'Efther, com- quelquesme celui de Judith [26], pour une hiftoire faite à plaifir, qui fent l'efprit fabuleux des Juifs, qui ont été depuis ce temps-là de grands faiseurs de Romans. Quelle licence ! & combien oppofée à la Tradition! Grotius avoit déja avancé le même sentiment fur ces faints livres.

vres infe

rez dans ce Canon.

Et qu'on n'aille pas objecter à M. le Clerc, que l'Hiftoire d'Efther, étant dans le Canon des Juifs, doit paffer pour confacrée. Erreur, répont-il, « de quelques particuliers qui l'ont ajoû- « tée à l'Ecriture, parce qu'elle leur plai- « foit. Ce n'eft pas une herefie, dit l'Au- ce teur favori qu'il adopte [27], de re

(26) Sentimens de quelques Theologiens de Holl. Lettre 8. page 164. & 165. (27) Lettre 11. des fentimens de quelques

ce

» jetter un livre du Canon des Juifs; » comme ce n'en eft pas une d'en rejetter » un du nôtre. Voilà comme les impie

tez se suivent ici de prés. Il ajoûte plus » bas, qu'on n'apporte point de raifon claire, qui perfuade que ce Canon soit » dreffé par gens infaillibles ou infpirez, &c. Toutes fauffetez pleines de blafphêmes, qu'il avance avec plus de confiance que n'en donne la verité.

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Que fi on le preffe fur ce que J. C. a reconnu pour divins ces livres du vieux Teftament, il en eft quitte pour répliquer que J. C. les approuve [28] feulement en gros, & que fon deffein n'étoit pas de nous rendre habiles Critiques. Peut-on fe jouer plus indignement de la parole de Dieu, que de la livrer ainfi aux entreprises témeraires de la Critique? Ne diroit-on pas qu'il eft donné à ces nouveaux Efdras de fuppléer, pour ainfi dire, aux manquemens du texte facré ; & de prononcer de leur chef fur ce qu'ils y trouvent indécis? Quoy, au lieu d'adorer dans les livres canoniques le doigt de Dieu,

Theol. de Holl. Memoire de ***
Edit. de 1685.

page 238.

(28) Lettre 12. Suite du même Memoire,

page 378.

ils en contefteront l'autorité; & ils préféreront fur cela les tenebres de leur propre efprit, à la lumiere pure de Efprit de Dieu ? Mais que devoit-on attendre de mieux de ces Auteurs, l'un Remontrant, & infecté de Socinianifme; l'autre pire encore, & tres-fufpect pur Deïlme; qui tous ne parlent que de bon fens & de clarté, où il ne s'agit que de foumiffion à la foy. Enfin, comme il ne manquoit plus à Doutes ima l'audace de certains Critiques, que de pies, pu

de

bliez par J.Tolland,

contre le Canon

N. Teft.

s'être élevez directement contre le Canon du nouveau Teftament, l'Angle- condu terre a fourni un Auteur affez hardi pour fe charger de cette entreprife, & pour l'executer par la publication de fon infame libelle (29) intitulé Amyntor. C'eft-là qu'il fait aller du pair les livres apocryphes avec les canoniques, comme ayant été indifferemment ou adoptez ou rejettez par les anciens. Aveugle, qui refufe de reconnoître que le confentement des Peres & des Egli

(29) Ce libelle impie eft écrit en Anglois par J. Tolland, & a été refuté dans la même langue par J. Richardson, qui a composé la Défense du Canon du N. T. Voyez-en l'Extrait dans le Journal de Trevoux au mois de Juin 1704.

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