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M. Du Pin qui a acquis par fon expérience, & un peu à ses dépens, le droit d'en juger, ne difconvient pas du fait (6), non plus que Dom Mabillon (7). Le célébre Abbé de la Trappe, fi oppofé d'ailleurs à ce docte Benedictin fur le fait des études des Moines, n'a eu garde de le contredire fur celui de la Critique, dont il leur interdit (8) tout ufage. M. l'Abbé Fleury, tout perfuadé qu'il paroît de la neceffité de la Critique (9), fe plaint avec trop

( 6 ) Préface du 1. Tome de la nouvelle Bibliotheque, 2. Partie. Il est également dangereux, dit-il, d'ignorer les regles de la Critique, ou de les prendre de travers, & d'en faire un mauvais ufage, &c.

(7) Traité des Etudes Monaft. 2. Part. chap. 13. Souvent on en abuse, dit-il, & on se donne des libertex qui ne font gueres moins préjudiciables à l'efprit, que l'erreur ou l'ignorance. Les dogmes même de la foy n'en font pas à couvert, & on prononce fur un point de religion avec plus d'affurance que ne feroit un Coneile. (8) Rep. au Traité des Etudes Mon. page

275.

(9) Préface de l'Hift. Ecclef. Tom. I. LA

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de raison, que les Proteftans l'ont outrée jufqu'à ne laißer rien de certain, & que la mauvaise émulation de paroître fçavans, a entraîné quelques Catholiques dans cet excés. Joignons à ces témoignages, celui d'un Proteftant tres-éclairé, qui a reconnu (1) que la critique peut être une voye d'erreur, d'illufion & d'égarement, pour le moins autant que la Metaphyfique,puifqu'il ne faut qu'un terme mal entendu, &dont la force eft ignorée, une fauffe allufion, & quelquefois la vifion d'un Rabin, une expreffion équivoque, pour nous faire donner dans les fentimens les plus extravagans.

M. le Clerc, bien que tres-ardent à nous vanter les merveil

Critique, dit-il, eft donc neceffaire: fans manquer de relpect pour les Traditions, on peut examiner celles qui font dignes de créance: on le doit même, fous peine de manquer de respect

aux vrayes.

(1) Abadie, Traité de la Divinité de J. C fect. 6. chap. 8.

Autre preuve de

de ces a

les de cet art, est forcé lui-même d'en reconnoître (2) les abus, dont il pourroit feul fervir de modele. Enfin avant ces Critiques, Jufte Lipfe bien perfuadé de la griéveté du mal, y avoit cherche (3) des remedes proportionnez, avec cette referve pourtant, que fa réforme ne tendoit qu'à réprimer les dépravateurs des ouvrages profanes, fans toucher aux corrupteurs des Livres facrez.

Mais fans nous étendre à rela réalité cueillir là-deffus les fuffrages des bus, irée Maîtres de l'art, bornons-nous des écrits à quelques exemples qui nous Bayle & le conduiront à la fource du mal,

de Mrs

Clerc fur

cette matiere.

en nous faifant voir qu'au lieu de refferrer la critique dans les limites qui lui font prefcrites, on lui a laissé une pleine licence de

(2) Artis Critica Praf. Sect. 3. pag. 27. T.2. ejufdem Artis, parte 3. Sect. 1. cap. 13. ubi agit de mendis Criticorum.

(3) Vide Fufti Lipfii Satiram Menippeam.

s'exercer fur les fujets les plus refpectables,comme fur les plus minces, & de s'élever contre Dieu même & fes Saints; ou qu'au moins on l'a fait fervir à nourrir une vaine & dangereufe curiofité qui enfle l'homme, & que Dieu réprouve.

Témoin entre mille ouvrages de ce caractere, le Dictionnaire Critique de M. Bayle, qui est un amas d'erreurs capitales qu'on y a entaffées fous prétexte d'en corriger d'affez indifferentes, en fait d'histoire & de litterature. Ouvrage à la Mofaïque, qui dans fon bizarre assortiment de citations & de reflexions férieuses & comiques, fournit de quoi former le plus monftrueux affemblage d'obfcénitez, d'héréfies, & d'athéïfme. Ouvrage, qui pis eft, trop propre à infinuer ces poisons avec tout l'agrément que peuvent répandre la délicateffe

de l'efprit, la légéreté de la plu me, & la varieté de l'érudition, jointe à la finesse de la Critique.

Sans recourir même à un fi pernicieux livre, il fuffiroit d'alléguer en preuve l'Art Critique de M. le Clerc, qui fous l'écorce d'un grand nombre d'obfervations purement grammaticales par où il débute, cache tresmalignement trois fortes d'erreurs qu'il gliffe enfuite, non fous les fleurs, mais fous les épines. La premiere confifte à arracher de l'ame des fidéles, ce refpect qu'imprime l'autorité des Peres qui ont été l'honneur du Chriftianifme naiffant. La feconde regarde le Socinianifme, dont il répand le venin avec artifice parmi l'étalage de fes découvertes, tant fur l'antiquité que fur l'E

criture. La troifiéme eft l'incrédulité ou la tolerance de tout culte faux, qu'il établit fur les

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