& qui fe plaifent à languir (9) aprés des questions, qui, felon faint Paul, ne produisent que des jalonfies & des querelles. Nous n'avons garde de recueillir cent frivoles conteftations auffi heureusement enfevelies dans l'oubli, que malheureusement fertiles en volumes, tous remplis d'une érudition méprisable, & de groffieres injures: comme on vit Gruterus & Pareus, pour un fujet auffi grave que celui des Comedies de Plaute, en falir le papier, & fe traiter (1) en vrais pedans, d'â ( 9 ) 1. Ad Timoth. cap. 6. v. 14. (1) Voyez le Diction. de Bayle à l'article Pareus, où il eft rapporté que le Jefuite Gretfer dreffa une lifte alphabetique des injures dont s'honoroient ces deux Critiques. Le P- Theophile Raynauld en parle dans fes Erotemata, pag. 115. Ce font ces bagatelles, dit le Pere Malbranche, (dans le 2. livre de la Recherche de la Verité, chap. 6.) qui ont excité tant de guerres d'érudition. Ces queftions vaines & impertinentes, ces genealogies ridicules d'opinions inutiles, font des fujets importans de critique aux Sçavans. Ils croyent avoir droit de méprifer ceux qui méprifent ces fottifes, & de traiter nes, de mulets, de vérats, de be- vûë gene rale des ex Critique. der Plût à Dieu qu'on eût pû gagner fur des Critiques, tels que cés de la les Centuriateurs, qu'Erafme, Scaliger, Blondel, Daillé, Rivet, Saumaife, gens d'ailleurs fi habiles, qu'ils en fuffent demeurez là, & que l'inquietude de quantité d'autres auffi hardis, & moins fçavans qu'eux, n'eût pas pris l'ef fort à leur exemple. Mais jufqu'où n'ont-ils pas porté la hardieffe de leur vol? Ni divines Ecritures, ni autorité des Peres & des Conciles, ni ufages confacrez par la piété des anciens Fidéles, rien n'a pû arrêter des plumes fi licentienfes. La fuite de ce Traité en reprefentera un grand nombre d'e d'ignorans ceux qui font gloire de les igno fer. í iiij E xemples, tous propres à faire sentir à quel point il eft difficile jufques dans les fciences, de s'en tenir précisément à ce qui eft permis, & de ne pas fuivre la pente qui entraîne prefque autant au libertinage de l'efprit, qu'à celui des paffions. Ce qui verifiera tout à la fois la propofition d'unAuteur plus habile à redreffer les autres, qu'à fe préserver de chutes. Les (z) Critiques, dit-il, ont donné tant de preuves de l'infirmité humaine, qu'on peut compofer de gros volu mes de leurs faufferez. Cette longue fuite d'égremens qu'il faudra expofer, n'auroit rien de fort furprenant en certains pays de liberté, où il a paru tant de grands genies, que nul frein de Religion n'a retenus; & où fans égard à la Tradition ni à l'Eglife, l'Ecriture entenduë fe : (2) M. Bayle projet d'un Dictionnaire Critique, inferé à la fin du 3. T. de ce Dict. 2. Edit. lon le fens de chaque particulier tient lieu de regle de foy. Mais qu'en des terres catholiques, où l'Eglife eft écoutée fous peine d'anathême; qu'en des lieux où les Pasteurs veillent à garder le dépôt qui leur eft confié; on ait paru laiffer le champ libre à tant de Critiques, à tant de femeurs de zizanie ; c'est un scandale contre lequel des fidéles zélez n'ont que trop de droit de fe foulever. Dans ces fortes de conjonctures, tout homme ( 3 ) eft foldat, dit Tertullien; il n'eft permis à perfonne d'être furpris fans arme dans cette efpece de champ de bataille, où la Religion attaquée veut des défenfeurs ardens à maintenir des droits qu'on lui conteste. (3) Tertul. in Apol. cap. 2. In reos majestetis & publicos hoftes omnis homo miles eft. Item in L. ad Mart. cap. 3. Vocati fumus ad militiam Dei, jam tum cum in verba Sacramenti refpondimus. Et certainement, on ne comprendroit pas les raisons d'une forte d'indolence qui a paru à prévenir ou à réprimer de pareils abus, fi l'on ne confideroit qu'ils n'ont pas toûjours été déferez aux puiffances chargées d'y remedier, ou qu'ils ont pu être tolerez pour un temps, & laiffez comme dans l'oubli, de peur d'en rendre le fcandale trop public par l'éclat des cenfures. A cela prés, nôtre fiécle qui en eft un de réforme autant que de critique, auroit-il du négliger ces defordres; & nôtre nation, au milieu de laquelle on s'eft plaint chez les Proteftans, qu'il fembloit s'établir une efpece d'inquifition fur les livres, ne s'eft-elle pas un peu endormie là-deffus? On s'eft tant récrié contre le relâchement ou le rigorifme de la Morale, & on l'a flétri par tant de cenfures: on louë ce zele: |