partage avec le Roy la qualité de Fondateur; & que plus je me fens pénétré de vos bontez, plus je m'efforce de rendre PREFACE, Où l'on donne une idée generale de la Critique, & du plan de cet Ouvrage. P OUR un petit nombre d'excellens Livres de Critique dont le monde fçavant s'ap plaudit, il eft fi fatigué de médiocres, & fi infecté de mauvais, qu'apparemment il me fçaura gré de m'être moins attaché à louer le mérite des premiers, qu'à arrêter, s'il fe peut, la contagion des derniers. Mon deffein n'est pas de décrier Notion dé la Critique, mais de contribuer à la Critique. en rectifier l'usage: elle a un credit trop bien établi, pour qu'on puiffe y donner atteinte par le dénombrement des abus qui s'y fant gliffez. Comme fon but est de juger des Auteurs & des Livres, fon emploi (1) eft de les examiner par le dehors & par le fond avec des yeux auffi perçans, quoi ( 1 ) M. des Maizeaux dans fa Lettre à M. Bernard, infèrée dans les Nouv. de la Rep. des Lettres, Août 1701. défaprouve avec raison, l'idée de la Critique qu'a donné M. Coufin dans le Journal du 14. May 1699. où ce President dit que la Critique examine feulement fi ce que les uteurs ont dit, eft vrai ou faux. Mais ce que M. des M. fubftitue pour rectifier cette idée, ne fuffit pas. J'avois toujours crú, dit-il, que le droit d'examiner fi ce que les Auteurs ont dit, eft vrai on faux, appartenoit à la Logique; & que le but de la Critique étoit uniquement de nous faire entendre ce qu'ils ont voulu dire, fans fe mettre en peine fi cela est vrai ou faux: M. le Clerc en juge de même dans la Pref. de fon Art Critique. Mais la Critique prife dans fa jufte étendue, renferme l'un & l'autre rien ne lui convenant mieux que de donner à chaque preuve fa valeur précife; & que d'entrer dans l'examen de la verité des faits, foit hiftoriques, foit dogmatiques, fur lefquels elle prononce de plein droit, ou fert de regle aux fciences fupe rieures pour former leurs décifions. En forte que pour bien exercer la Critique, il faut être bon Grammairien, bon Logicien, bon Chronologifte, bon Philofophe, bon Theologien même quand on difcute les monumens de la Religion; & avoir la clef des fciences dont on qu'un peu moins malins, que ceux Son origine, comme celle des plus beaux arts, n'a rien eu de fort illuftre, mais fes progrés n'en ont eu que plus d'éclat, Car bornée d'abord à de pures juge, avec les difpofitions que fouhaitoit Jufte Lipfe: Cupere etiam in minimis vera fcire. difcuffions(2) de Grammaire,elle a enfuite acquis ou ufurpé le droit de juger de tout : & s'il étoit poffible qu'il ne fe fût mêlé à ses jugemens, ni ignorance, ni préjugez, ni paffions, quel avantage n'en tireroit-on pas, foit en dé ( 2 ) Euftathe sur Homere, appelle les Critiques d'exacts Grammairiens, axerberigus Yeamarin's, Edit. Rom. p. 773. Et quoiqu'ils ne fiffent anciennement ni fecte ni profeffion à part, n'ayant pour principe qu'un cer tain bon fens cultivé par la lecture, & appliqué avec methode à la difcuffion des ouvrages d'ef prit, on peut dire qu'aprés Ariftarque, qui fi→ gnala fa Critique fur les Vers d'Homere, les plus diftinguez dans ce genre d'étude parmi les payens, font Denys d'Halycarnaffe, dans fes caracteres des Anciens ; Quintilien dans le Livre 10. de fes Inftitutions; Longin dans fon Traité du Sublime, &c. Et qu'entre les Chrétiens, Origene & S. Jerôme ont exercé avec fuccès une espece de critique fur l'Ecriture; de même qu'Eufebe, fur tout ce qui appartient à la fcience Ecclefiaftique, en jugeant d'un grand nombre de livres, tant dans fon Hiftoire, que dans fa Préparation Evangelique, & dans fa Démonftration: qu'enfin Photius a traité en maître la Critique dans fa Bibliotheque, où il donne fon jugemeut & fes extraits fur 290. Aus teurs facrez & profanes. |