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a ufurpé, & fi des Lecteurs juf ques-là peu précautionnez contre les périls d'une contagion fi funefte, se servent des préservatifs qu'on leur offre dans cet effai. Peut-être eût-il mieux valu, felon la regle de Tertullien, expofer précisément au mépris plufieurs vifions creuses & irreligieufes des Critiques, qu'y donner du poids par une réfutation grave (26). Peut-être auffi que comme la foy a fes myfteres, qu'il n'eft pas permis de trop approfondir; la critique de fon côté a les fiens, j'entens fes myfteres d'iniquité, qu'il eft défendu de trop manifefter. Il y a dans l'efprit comme dans le cœur de l'homme, un miferable fond de corruption, qui ne manque gueres d'exhaler de malignes vapeurs dés qu'on le

(1) Tert, in L, adverfus Valent. cap. 5. Si & ridebitur alicubi, materiis ipfis fatisfier: multa funt fic digna revinci, ne gravitate adorentur.

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remuë

5

remue trop. Voici donc avec
quelles précautions on publie cet-
te efpece d'hiftoire des égaremens
de la Critique.

Précau tion qu'on

prend

pour van

ligion

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la maniere

traite ce

1o. Encore qu'il foit difficile de ne pas paroître ému, à la vûë des droits de la Religion, ma- ger la Re nifeftement violez, on prendra & expligarde à ne s'élever contre les cation de Auteurs de ces abus fi crians, dont on qu'autant qu'il faut pour faire fujer. entir leur tort fans les aigrir. On en excepte ceux dont l'impieté démafquée, ne merite que nôtre horreur, & que les termes qui l'expriment. Car trop de fang froid à leur égard, reffembleroit à une neutralité injurieufe à la caufe de Dieu; comme fi felon la parole impie de Tibere (2) .on s'en remettoit à Dieu du foin

diis

(2) Tacit. L. 1. Annal. Deorum injuriæ djis curæ. C'est dans le même fens que Tite-Live au Liv. 1o. de fon Hift. fait dire, ad Deos id magis quam ad fe pertinere, ipfos vifuros ne facra fua polluantur.

Tome I.

de vanger fa querelle. A cela prés, loin de chercher à diffamer les plus licentieux Critiques, parmi lesquels on a honte de compter des Prêtres & des Docteurs celebres, on voudroit, à l'exemple du grand Conftantin (3), couvrir leurs fautes fous la pourpre, & applaudir à leurs grands talens, s'ils n'en abufoient avec fcandale pour le malheur des ames.

2o. On ne prétend donner ni pour des découvertes fort nouvelles, ni pour des décifions fans appel, tout le détail d'abus qu'on a recueillis; mais pour des remarques difperfées peut-être ailleurs, & raffemblées ici. Remar

(3) Theod. l. Hist. Eccl. cap. 11. de Const. Mag. fic loquitur, interprete H. Valefio. Nefas effe aiebat ut facerdotum delicta ad vulgi notitiam pervenirent,ne populus offendiculi occafionem inde arripiens licentiùs in flagitia prorumperet: addebat fe illegitimum facinus paludamento fuo obtecturum effe, &c.

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ques qu'on laiffe à eftimer felon la valeur précise des preuves dont on les autorife. On n'entreprend fur la liberté de perfonne, mais on ne fe prive pas de celle d'expliquer fon avis, tant fur des points que l'autorité de l'Eglife, ou leur notorieté ont mis hors de doute, que fur d'autres, lefquels, quoi qu'indécis, tiennent aux pre miers par des confequences affez claires.

2

3. On s'eft appliqué fur tout à relever la fcandaleufe licence de certains Critiques connus par leurs doutes impies, fur les plus e précieux monumens de la Tradition ; & en céla on a un peu moins épargné les Proteftans (4) que d'autres, parce qu'ils ont plus excedé, principalement contre les Peres; & que par une partia

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(4) M. Du Pin les en reprend avec raifon dans la Préface du premier Tome de fa Biblio-, teque, auff-bien que M. Fleury dans la Pref. de fon Hift. Ecclef.

lité odieufe, ils ont payé à l'Eglife & à fes défenseurs, une efpece de tribut d'injures, fans quoi ils auroient paffé dans leur parti pour mauvais Religionnaires. On verra à quel point il faut fe défier de tout ce qui vient de ces Critiques envenimez, à la temeraire décision defquels S. Auguftin (5) ne pouvoit fouffrir qu'on s'en rapportât pour le jugement des Livres. Ils fe plaindront, peut-être, que par droit de reprefailles, on ne leur fait ici ni grace, ni juftice, mais à tort : car comme on a tâché de remonter jufqu'à l'origine des abus qu'ils ont introduit, on en a auffi appuyé le détail fur des preuves de fait & de droit affez concluan

(5) Aug. L. de Util. credendi sap. 6. Nihil eft profecto temeritatis plenius, quam quorumcumque librorum fententiam requirere ab his, qui conditoribus illorum atque auctoribus acerbiffimum, nefcio qua cogente caufa, bellum indixerunt.

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