tes; n'oubliant jamais cette maxime (6) que s'il fuffifoit d'accufer, nulle innocence ne feroit à couvert; & ne recevant, pour ainfi dire, qu'avec un billet de fanté, tout ce qui vient de pays ou d'Auteurs qui leur font fufpects. On ne fe croit pas aprés cela, à couvert de toute furprife: mais l'attention qu'on a euë à examiner fes démarches, pour ne pas s'égarer à la fuite de mauvais conducteurs; & la difpofition où l'on eft de reconnoître fes erreurs, fi on s'y est laiffé aller, doit contenter les plus difficiles. 4. Ce qu'on fouhaiteroit le plus de gagner fur les Critiques, c'eft que plus réservez à faire naître des foupçons pernicieux, ils fcuffent fe taire, quand il n'y a (6) Julien l'Apoftat, au rapport d'Ammien Marcellin, Liv. 22. de fon Hiftoire, a reconnu l'équité de cette maxime, & difoit, Ecquis innocens erit, fi accusasse sufficit? que du danger fans profit à parler; quand fur tout ils ne peuvent s'autorifer que fur des défiances mal prifes, à rejetter des traditions édifiantes, & affez bien fondées. Mais les Proteftans grands zelateurs de la vérité en apparence, fe' moquent de nos timides précautions; comme fi on ignoroit que de quelque dehors de fincérité dont il ait plû à ces Meffieurs de fe parer, il s'en faut bien qu'ils ayent paru à l'épreuve d'un interêt de parti, quand il s'eft agi de cacher ou de publier des veritez oppofées à leurs prétentions. Quels reproches, par exemple, n'ont pas eu à effuyer (7) Grotius & Blondel : le premier, pour avoir ouvert les yeux aux Proteftans, fur la chimere du Pape Antechrift; le fecond, (7) De Grotio vide Epiftolas Gerardi F. Voffit, tum ad Francifcum, Junium tum ad Grotium ipfum. De Blondello confule Curcell. in Praf. Apol. apud Marefum. pour avoir convaincu de faux la fable de la Papeffe Jeanne? 5o. Comme le fujet qu'on fe propose de traiter ici, peut fournir non pas à un, mais à plufieurs gros volumes, qui par malheur ne fe lifent plus guéres, il a falu en refferrer l'étenduë, & fe borner à l'effentiel, en écartant ce qui eft incident, ou hors d'œuvre. Sur ce principe, on a crû qu'entre plufieurs exemples, il faloit s'arrêter au choix des plus importans, par lesquels on pût juger des autres qu'on ne touche point. On a même laissé plufieurs de ceux qu'on a pris, dans une certaine généralité; de peur qu'en s'attachant à les particularifer, on ne tombat dans une longueur ennuyeuse par raport fur tout à des matières de controverfe trop rebatuës. Ce parti affez propre à foulager la pareffe des lecteurs, fans trop trop accommoder celle de l'Auteur, a paru préférable à un trop long détail, pourvû que d'ailleurs il ne nuife ni à l'éclairciffement des matieres, ni à la force de la conviction. Plaise à Dieu de faire goûter à ceux que je ne reprens ici qu'à regret, les veritez odieuses, que la neceffité du fujet m'oblige d'expofer, avec affez de ménagement pour leurs perfonnes, & fans adouciffement pour leurs erreurs. Que fi en cela j'en ufe avec trop de liberté, qu'ils me pardonnent encore celle que je prens de leur dire avec faint Þaul (8): Si j'ai été imprudent, c'est vous qui m'y avez contraint. Du refte, je foumets fans reserve tout l'ouvrage au jugement de l'Eglife, dont Dieu m'eft témoin que je n'ai eu en vûë que les interêts. 1. (8) 2. Ad Cor. cap. 12. V. 11. SOMMAIRE એ છે ને, એ છે પ SOMMAIRE DES LIVRES ET ARTICLES. LIVRE PREMIER. Rd'une Critique licentieufe, par rap Eflexions générales fur les dangers port à la Religion. I. Quelques raisons qu'on ait eu de s'attacher à la Critique, on en a eu de plus fortes d'en craindre les Abus. II. Un des premiers fujets de fe défier de la Critique, eft la vanité de la confiance qu'on y a eu. III. 6 Autre fujet de fe défier de la Critique par rapport à la Foy, pris du mauvais penchant qui s'est déclaré dans plufieurs Critiques fur la croyance des miracles. |