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comme à l'Original. Commandons au premier nôtre Huiffier ou Sergent de faire pour l'execution d'icelles, tous Actes requis & neceffaires, fans demander autre permiflion; & nonob ftant clameur de Haro, Charte Normande, & Lettres à ce contraires : CAR tel eft nôtre plaifir. DONNE' à Verfailles le vingt-cinquième jour de May, l'an de grace mil sept cens dix; & de nôtre Regne le foixante-huitiéme. Signé, Par le Roy en fon Confeil,

FOUQUET.

Regiftré fur le Regiftre, No. 3. de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris, page 47. No. 47. conformément aux Reglemens; & notamment à l'Arreft du 13. Aouft 1703. A Paris le 22. Fuillet 1710.

Signé, DE LAULNAY, Syndic

ABUS

A BUS

DE LA

CRITIQUE

EN MATIERE

DE RELIGION.

LIVRE PREMIER.

Réfléxions générales fur les dangers d'une Critique licencieuse par rapport à la Religion.

I.

Quelques raifons qu'on ait eû de s'attacher à la Critique, on en a cû de plus fortes d'en craindre les Abus.

72210702 N s'eft attaché en ces derniers, temps à perfectionner la Critique, parce qu'on a éprouvé

que par les régles toutes dreffées fur celles du bon feps, elle donnoit & de

meilleurs principes aux Sciences, & de nouvelles vues à ceux qui les cultivent, & d'heureufes ouvertures pour déterrer ce qui étoit échapé aux fiécles précedens. On a crû même que comme fon but eft de déveloper tous les replis des Ouvrages d'efprit, & de difcerner le vrai du faux, tant fur le texte des Livres, que far leurs dattes, & fur les faits perfonnels des Auteurs, on ne pourroit s'égarer fous la conduite d'un fi bon guide: qu'il abrégeroit le temps & la peine des Etudes, en foulageant du poids énorme de tant de Livres, ou alterez, ou fuppofez, on inutiles, ou pernicieux que les bons fe reconnoîtroient d'un coup d'œil aux marques de diftinction que laCritique y mettroit, & que les mauvais renvoyez, au rebut, ou notez d'un caractere d'infamie, dif paroîtroient, fans qu'on fût obligé d'acquerir le droit de les méprifer, ou de les cenfurer, par la fatigue de les

lire.

Il n'eft donc pas étonnant que l'art critique foutenu de préjugez fi avanta geux, le foit fort accrédité, & qu'avec la paffion de tour fçavoir, qui s'accorde fi peu avec la brieveté de la vie, & avec l'immenfe étendue des Sciences

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on ait fort goûté un art qui a ouvert
des voyes abregées pour tout connoître.
On s'y eft affectionné à mesure qu'on
a mieux fenti combien la carriere des
Sciences eft longue (1), la vie courte
le temps rapide, l'experience hazardeu-
fe, le difcernement difficile. Car quelle «
vie fuffiroit à débroüiller, & à épuifer
tout en fait de Livres, depuis l'heureu-
fe ou malheureuse invention de l'Im-
primerie Et quelle patience foûtien-
droit l'ennui de cette difcuffion, par
rapport même à ces derniers fiecles, où

bien plus que du temps de Salomon,
(2) la demangeaifon d'écrire a multi-
plié les volumes à l'infini ?

on s'en pro

Mais trifte renversement des efpé- La Criti rances qu'on fondoit fur un appui trop, que n'a pas fragile! Il n'a tenu qu'aux Sçavans de effers fe convaincre même à leurs dépens, metroit, & qu'avec tous les fecours qu'a pû fournir en a cû de la Critique, ce qu'on appelle Science eft mauvais, aufquels encore mis à tres-haut prix; qu'il en on ne s'atcoûte trop pour découvrir affez peu de tendoitpas, verítez mêlées de beaucoup d'erreurs ; & qu'au de-là des bornes d'une certaine étendue de connoiffances, qui ne va pas loin, l'esprit des plus habiles Criti(1) Hippocr. 1. Aphorifm. 1.

(2) Ecclefiaftis 12. 12.

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ques ne fçait fouvent plus où fe fixer, & va fe perdre, ou dans les efpaces imaginaires des conjectures, de celles même qu'on peut traiter de rêveries, ou contre des écueils fameux par mille naufrages.

T

Encore fi la Critique n'étoit accompagnée que de ces inconveniens prefque infeparables des Sciences humaines, peut-être la laifferoit- on jouir d'une réputation qui n'interefferoit en rien la foy ni la confcience; & content d'exhorter les curieux à fe tenir en garde contre fes furprifes pour l'honneur de leur jugement, on ne s'oppoferoit pas trop à la grande autorité qu'elle a ufurpée. Mais la multitude & l'importance des abus introduits fous fon nom, iroit à tout infecter jufques dans le fein de l'Eglife, & dans les plus pures fources de la verité, fi l'on n'arrêtoit le cours d'un mal fi contagieux. Il eft für au moins qu'en ce qui touche la Science des monumens & des faits de la Religion, les premiers progrès de la Critique, dont on fe promettoit d'heureufes fuites, ont été fort traversez, foit par les grands abus qui s'y font mêlez, foit par la deftinée des chofes humaines, dont la décadence fuit d'affez près l'élévation.

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