que par les lumieres d'un prétendu bon fens, auquel ils affujettiffent le facré, ainfi que le profane ; & comme le détail des faits concernans la Religion, prefente trop de veritez, qui humilient la raison, & qui rebutent la cupidité, ne croyez pas qu'ils y foufcrivent fans les contredire, eux qui viennent armez de tous les traits d'une Critique contentieuse, pour , pour le défendre du joug imperieux de la Foy. Voilà, en effet, le mauvais fonds, d'où fe font élevez mille doutes criminels ou frivoles, qu'on a oppofé aux faits inconteftables de la Tradition. Voilà ce qui a fait ériger en titre d'honneur la qualité d'incredule; n'eût-on pour combattre ou éluder les veritez les plus refpectables, que des conjectu res puériles; n'eût-on pour renverfer ce qui eft le mieux établi, qu'un argu ment négatif, fujet à cent exceptions, & qui entre les mains des Critiques eft fouvent comme un glaive à deux tranchans en celle d'un furieux. De maniere qu'il femble qu'en des Sçavans de ce caractere, la parole de Salomon s'accompliffe (8) Le Scrutateur de

(8) Prov. 25. 27. Qui Scrutator eft majer fatis opprimetur à gloria.

la Majesté fera accable de fa gloire ; & que faint Paul ait tourné exprés contre eux cet Oracle du S. Efprit: (9) Je détruirai la fageffe des Sages, & je re→ jetterai la fcience des Sçavans; qu'enfin tout ce que les Peres après l'Apôtre f10) ont dénoncé de malheurs qui naîtroient d'une vaine ou fauffe Philophie, fe reproduife dans les malheureufes fuites d'une Critique trop hardie.

C'eft, dit M. de Cambray, (11) le piege funefte que le Tentateur a dreßé en nos jours. On réduit tout à raisonner en Philofophe Critique. Or fans fondor trop curieufement les intentions de ces -Meffieurs, qui ne voit qu'avec leur belle hardieffe à tout difcuter en rigueur, & à foumettre à leurs corrections jufqu'au Texte facré, ils ne vont pas à moins qu'à fe rendre indociles & prefque inacceffibles à la Foy ; & qu'’

(9) 1. Ad Cor. 1. 19. Scriptum est enim perdam fapientiam fapientium, & prudentiam prudentium reprobabo.

(10) Ad Coloff. 2. 8. Videte ne quis vos decipiat per Philofophiam & inanem fallaciam Jecundum traditionem hominum, fecundùm Elementa mundi, & non fecundùm Chriftum.

(11) II. Inftruction Paft. fur l'Infaillibilité de l'Eglife. chap. 5. fect. 6.

après tout, s'il faut en appeller à l'ex perience, leurs recherches trop inquiétes n'ont fouvent abouti qu'à autorifer un Pyrrhonisme fort fcandaleux ? Scandale dont ils fe font fait bien moins un fujet de gemiffement avec les gens de bien, que de triomphe avec les impies. N'attendez pas que des Auteurs de ce caractere s'étudient à fortifier la Foy des foibles, ou à diffiper les ténébres des incrédules : ils leurs creuferont plûtôt cent nouveaux abymes, & les y poufferont.

Exemples M. Bayle mettra en œuvre tout fon d'égarem és bel efprit & tous les refforts de fa Crijet, tique, pour donner ou de la force à l'infenfée (1) hypothese des Mani

fur ce fu

chéens, ou de la couleur aux miferables doutes des (13) Pyrrhoniens, ou du crédit aux prétendues bonnes mœurs des (14) Athées, ou une enveloppe

(12) Voyez le Dict. Crit. aux mots Mani chéens Pauliciens, auffi-bien que dans les éclairciffemens donnez fur ces art. à la fin du 3. Tom. 2. Edition.

(13) Voyez les mots Pyrrhon & Simonides, &c. avec les Eclairciffemens fur les Pyrrhoniens, &c.

(14) C'eft fur tout dans les Penfées diverfes fur les Cometes, & dans la fuité de ces pensées,

tranfparante, (15) un beau jour même, aux plus fales ordures des débauchez. La plume de M. le Clerc fi fertile en pointilleufes obfervations, en citations & en redites, fera employée à amaffer cent volumes (16), qui ne tendront qu'à élever fur les ruines de la Tradition fon Socinianifme, fon Tolerantisme, fes licentieufes interprétations de l'Ecriture ; & lui qui n'omet rien pour décréditer les faints Peres, & pour découvrir, fi on l'ofe dire, leur nudité, comme Cham maudit de Dieu, fe récriera contre la partialité de ceux qui l'attaquent là-deffus: comme fi, après qu'il s'eft permis de tant écrire pour flétrir la primitive Eglife, c'étoit un crime de ne pas plus ménager fa réputation qu'il proftitüe fi honteuse

ment.

M. Dodwel enlévera impunément à la primitive Eglife la multitude prefqu'on trouve l'Apologie de l'Atheisme par raport aux bonnes mœurs.

(15) C'eft avoir péché contre la pudeur par principe, que d'avoir ofé juftifier les obfcénitez répandues dans le Dict. Crit. par des Eclairciffemens mis à la fin.

(16) On indiqucra plus bas quelques Ouvrages de M. le Clerc, dans lefquels il a débité ces differentes erreurs.

fur

que innombrable de ses Martyrs, (17 qu'il réduira à un très-petit nombre, plûtôt felon fon bon plaifir, que aucune preuve concluante; & on aimera mieux l'en croire, & en donner le démenti à l'ancienne Tradition,. quoiqu'autorisée par une nuée de témoins non-fufpects, que de rejetter les vaines conjectures de ce docte Anglican, qui a depuis ofé donner atteinte à l'immortalité de l'ame fur d'auffi frivoles raifons.

On fouffrira qu'un autre Critique (18) vienne ouvrir de fa propre autorité le Temple de Janus, que le confentement des Saints Peres avoit crû fermé au tems précis de la Naiffance de Jefus-Chrift; & on lui fçaura gré d'avoir fait paffer la hardieffe de fa prétendue découverte à la faveur des ténébres répandues fur la Chronologie de ce tems-là, & d'avoir traité les Peres de fort mauvais garans fur les veritez hiftoriques, & de vanteurs in

(17) Inter differt. Cyprianicas undecima de paucitate Martyrum infcribirur. Extant fub finem Operum fancti Cypriani in Edit. Oxon. an.

1700.

(18) Fani templum Chrifto nafcente referatum, &c. Autore 7. Maffon. Roterod. an 17005