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derne [3], eft celui de tous les fiecles, fur tout du nôtre; & de tous les peuples, principalement des François. Rien [4] n'est plus à la mode que la critique, ajoûte le P. Mabillon; tout le monde s'en mêle, & il n'y a pas jufqu'aux femmes qui en font profeffion. C'est là peut-être une des maladies de nôtre fiecle.

fait qui dé

tique ne

gue qu'au

Mais quand l'aveu des maîtres de Preuves de l'Art, quand tout ce qu'on vient de montrent pofer en fait ne fuffiroit pas pour con- que la cri vaincre de faux la prétendue décaden- fut jamais ce de la critique, il ne faudroit plus en vopour appercevoir la chimére de cette pré-jourd'hui, tention, qu'ouvrir les yeux fur tant d'Editions récentes, & des SS. Peres & des Auteurs profanes, reveuës fur d'anciens manufcrits, & enrichies de nouvelles Notes critiques. Combien a-t-il paru en nos jours d'amples in folio, où les plus rares monumens des antiquitez Grecques & Romaines fe trouvent éclaircis? Quand a-t-on vû plus de difcuffions chronologiques fur l'histoire du monde, plus de recherches pointilleuses fur celles de l'Eglife

(3) L'Auteur de l'Esprit du Siécle, dans la Préface.

:

(4) Té des Etudes Monaft. Partie 2. Chap.

& de l'Empire? Combien d'Historiens, à force de fcrupules fur des minuties de critique, laffent l'attention des lecteurs, en rompant le fil de leur narration ?

En quel fiécle a-t-il paru plus de remarques critiques, tant fur le texte, que fur les Verfions de la Bible; plus de rabinage même & de curiofité à entrer dans les rites & les rêveries des Juifs? Ce qui fait voir en paffant, que la raifon alleguée par M. Simon pour autorifer l'impreffion de fon Hiftoire Critique, n'étoit qu'un prétexte. Comme cette étude, dit-il (5), eft aujourd'hui négligée, & qu'il y a peu de perfonnes qui s'y appliquent avec join; j'ai crû être utile an public, en lui donnant une Hiftoire Critique du Texte de la Bible. Çette efpece d'érudition ne manquoit pas de partifans, avant qu'il fe mit à leur tête, & qu'il animât les gens de Let

(5) Hift. Crit. du Vieux Testament, Liv. 1. Chap. 1. La Remarque de M. Simon ne paroît pas mieux fondée à cet égard, que celle de Sixtinus Amama & de Drufius, par rapport aux Prédicans ou Miniftres de leur temps, qu'ils accufoient d'une profonde ignorance dans les Langues & dans la Critique, comme s'ils n'euffent fçû que leur Catechisme; car c'étoit tout le contraire.

tres à marcher sur fes traces. De quoi on doit lui fçavoir plus de gré que de cet amas de fcience qu'il jette à la tête de fes Lecteurs; c'eft qu'il convient modeftement de l'indifcrétion qu'on a pû lui reprocher d'avoir (6) écrit fon Livre en une langue entenduë du peuple. Revenons.

Vit-on jamais plus d'application à l'étude des anciennes Médailles, des Bas-reliefs, & des Infcriptions antiques; le tout au profit de la critique, & au grand ennui de ceux qui aprés bien de la peine, n'y apprennent quelquefois rien de folide (7). Combien

(6) C'eft ce qu'avoue M. Simon, dans le commencement de fa Réponse à la Lettre de M. Spanheim.

(7) Voyez ce que M. l'Abbé Fleury remarque à ce propos, dans fa Préface de l'Hift. Eccl. Avant lui M. Bayle, dans fon projet d'un Dict. Critiq. avoit parlé ainfi. Qu'on ne me dife pas que notre fiecle revenu & guéri de l'esprit critique qui régnoit dans le précédent, ne regarde que comme des pedanteries les écrits de ceux qui corrigent les fauffetez de fait, &c. Car il eft certain, à tout prendre, qu'on n'a jamais eu plus d'attachement qu'aujourd'huy à ces fortes d'éclairciffemens... Pour un chercheur d'Experiences Phifiques, pour un Mathematicien, vous trouverez cent perfonnes qui étudient à fond l'hiftoire avec toutes les dépen

même de demi-fçavans fe font ruinez, ou privez du néceffaire, pour remplir leurs cabinets & leurs têtes de ces curiofitez? Quelle attention fur tout ce qui aide à fixer les Epoques de mille faits, ou à corriger les mé comptes qui s'y étoient gliffez?

Enfin l'art de la Diplomatique forti avec tant d'éclat de l'obfcurité des cloîtres, a-t-il manqué depuis peu, ou de maîtres ou d'adverfaires (8) zelez

dences; & jamais la fcience de l'antiquariat 'avoit été cultivée, comme elle l'eft presentement, &c.

(8) Le P.Mabillon publia en 1681. fon grand Ouvrage de Re Diplomatica; mais les régles qu'il y établit pour difcerner ces titres vrais ou faux, ayant paru peu feures au P. Germon, ce Jefuite propofa fes doutes au Benedictin, dans le Livre de Veteribus Regum Francorum diplomatibus, & arte fecernendi antiqua diplomata vera à falfis. Là il produit plufieurs preuves de fait en vertu defquels il s'infcrit en faux, tant fur les principes de la Diplomatique, que fur plufieurs titres dont elle s'appuyoit. LeP.Mabillon répond à fon adverfaire, fans le nommer, par fon Supplément à la Diplomatique. Ce docte Jefuite y ayant répliqué, quelques au tres fçavans, comme les PP. Ruinard & Couftant, M. l'Abbé Fontanini &c. fe font chargez de la défenfe du P. Mabillon, fans que le P. Germon ait acquiefcé à leur Critique, qu'il a même réfutée. Il n'y a que l'ouvrage du P. Cou

A quels

excês on a

vû monter

& habiles à éplucher critiquement tout ce qui a pû, ou y fervir, ou y nuire? Ses régles n'ont-elles pas repaffé fous la coupe de la plus exacte critique? Feuilles antiques, rouleaux, diverfitez de papiers, de temps, de lieux, de foufcriptions, de caractéres, d'orthographe, d'abbreviations, points de faits litigieux, tout s'eft développé, rien même de ce qui dépend d'un travail méchanique n'y a été omis. Difons plus : la Critique, qui autrefois renfermée dans des minuties de Grammaire n'alloit que terre à terre, par degrez & ne s'occupoit que de diverfes & la critique, d'antiques leçons à la maniere des Tur- d'une vo nebes, des Lambins, des Manuces, gue trop des Gruters, des Murets; enhardie parmi les depuis par l'exemple des Centuria Nations teurs & d'Erafme, n'a-t-elle pas élevé fon vol jufqu'au trône de Dieu, pour lui demander compte des faits de fa révélation, & des miracles opérez par la vertu de fon bras? A-t-elle craint de mettre la main à l'encenfoir (9) comme Ofias, ou à l'Ar

foûtenue

› univerfelle

stant, qu'il a laissé jusques à préfent fans réponfe, parce qu'il ne touchoit point au fond de la question.

(9) L 2.2. Paralipom. cap. 26. v. 18.

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