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comme l'avoient bien prévu les Moines & leurs partifans, qui ne ceffoient de déclamer & contre Reuchlin, & contre Braf me, contre les autres fleaux de la Barbarie. Ainfi, conclut-il, pendant que les Catholiques Romains ont fujet de déplorer les fuites qu'ont eues les études des belles Lettres, les Proteftans ont fujet d'en loner Dieu.

A joûtons, conformément à l'aveu de cet admirable Critique, que les Libertins s'étant trouvez avec les Proteftans en caufe commune, & de la meilleure intelligence du monde, ils ont eu également raifon d'en triompher, tandis que l'Eglife Catholique en gemifloit.

C'eft de quoi convenoit un Ecrivain, autrefois attaché à cette Eglife, mais devenu depuis fon ennemi, & un ardent zélateur de la prétenduë Réforme. Les Proteftans (4) feroient plus loüables, dit-il, d'avoir publié de bons Livres, fi la Réforme n'avoit pas donné occafion à certains Critiques de dé biter leurs fentimens libres & leurs conj.e-. Etures hardies fur nos Livres facrez. Ce n'est pis, poursuit-il, qu'il n'y eût de

(4) Préf. du Traité de la Veritable Religion par M. le Vaffor.

Fatheisme de l'incrédulité avant la Reforme, mais c'étoit un atheisme plus grof fier & une incredulité moins rafinée. Depuis que l'on s'eft mis dans la tête d'examiner tout par foy-même, & de ne rien croire que ce qui eft clairement défini dans Ecruure fainte, on a veu des gens ret nouveller les blafphêmes de Paul de Samofate & de Photin. Il gemit enfuite de ce que les Sçavans n'ont pas reconnu qu'une Réforme qui a des fuires fi fàchenfes, ne peut venir de l'efprit de Dieu, & il comprend combien il eft difficile de retenir des efprits libres, quand on a levé la barriere de la Tradition & de l'autorité de l'Eglife, qui les arrêtoit. C'eft en ce fens qu'on peut paffer quelques Proteftans leur remarque, hors de là auffi fauffe qu'injurieufe à La Religion [5]: Que l'Eglife Romaine a bien de l'obligation à l'ignorance, mais que l'étude des fciences lui a été fa

à

(5) M. Jurieu dans les Préjugez legit mes contre l'Eglife Romaine, fait valoir cette Remarque auffi-bien que Seldenus dans fon Traite de Libris varioque eorum asu & abufu. Ce der nier au commencement du fecond Livre, parJant de Paul II. comme d'un ennemi déclaré des Livres & des Sçavans, ajoûte que les Papesont tant d'obligation à l'ignorance, qu'ils n'ou Blient rien pour la maintenir.

Autre pende M. Jurieu, fur le

fée bizarre

même fu

jet.

tale. Car il eft vrai que ces Sçavans fuperbes, tels qu'on en vit pendant & aprés le temps de Luther & de Calvin, vanter leur critique & lever l'étendart de la révolte, n'ont fervi qu'à former des fchifmes; & que l'Eglife n'a eu que trop de fujet de s'affliger des ravages qu'ils ont caufez jufques dans fon fein. En effet, à quoi ont abouti leurs recherches téméraires, qu'à autorifer l'incrédulité, au préjudice de la créance & du refpect dû à ce qu'il y a de plus facré ?

X.

Autre préjugé, tiré de l'entêtement des Critiques pour les Ecrits du Paganime, & de leur mépris pour les Ouvrages

des SS. Peres.

Un Prélat Proteftant, Anglois, a obfervé à ce propos [1], que nos Déïftes modernes font bien fâchez

qu'un auffi rare Ouvrage que celui des quinze Livres de Porphyre contre le Christianisme, se foit perdu. Mais en

(1) Lettre au Docteur Bentlei, fur la Vie de Pythagore, par M. de Stillingfléed, Evêque de Vorchefter, qui a mis cette Lettre à la tête de fon Recueil Chronologique.

verité ces Meffieurs ont affez de quoi s'en confoler, graces aux Critiques, qui ont fuppléé abondamment à cette perte. Il s'en faut bien que Celfe, ni Julien l'Apoftat en ayent fçû autant qu'eux.

Mais à quoi penfent ces Critiques, de tant regretter des Ouvrages qui le méritent fi peu? De quoi s'avifent-ils de trouver mauvais, qu'on fe foit empreffé dans le Chriftianifme à fupprimer ce que l'infidelité oppofoit à nôtre Religion? Car ne falloit-il pas ôter aux ames foibles cette pierre de fcandale? Ignore-t-on d'ailleurs que, par rapport aux Sçavans, les écrits des Payens étoient la foibleffe même, & que les Chrêtiens, dit S. Chryfoftome, bien loin [2] de redouter ces Livres, les fouloient aux pieds, comme les plus miferables infectes ?

Certainement, à en juger par les morceaux les plus apparens, qu'en ont confervez & réfutez Origéne, Eufébe, S. Auguftin, S. Cyrille d'Alexandrie; on a fait trop d'honneur à de pareils rapfodiftes de les citer, & cela ne fert qu'à nous apprendre leur ignorance & leurs folies, avec leurs noms.

(2) Lib. de S. Babyla,& contra Gentiles

» Ayant connu Dieu [3], ils ne l'ont » pas glorifié; mais leurs efprits fe font » évanouis dans leurs vains raifonne

mens,& leurs cœurs infenfez ont été » remplis de ténébres; d'autant plus fous » qu'ils fe difoient fages, & qu'ils ont » transferé à l'image d'un homme corfuptible la gloire qui n'eft duë qu'au » Dieu incorruptible.

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Exemples

du mau

Qu'y a-t-il en effet de plus follement imaginé, que leur parallele impie de Jefus-Chrift avec Pythagore, avec Apollone de Tyane, avec Apulée? Quelle comparaifon plus indécente & plus infenfée, que celle des faux preftiges produits par Celfe aux vrais miracles du Sauveur Touchons en paffant, ces deux points, qui feront juger des autres, & du goût de nos Critiques pour ces écrits impies.

Premierement, quel fpectacle de vais goût voir Porphyre [4] & Jamblique predes Payes, fenter leur encens à Pythagore, diparalleles gne objet de leur adoration? Voulez

tirez des

(3) Ad Rom. cap. I. v. 21. 22. c.

(4) Vide Pythagor & Vitam, Gracè à Malcho feu Porphyreo fcriptam, Latinè redditam à Foan. Don. Ferrario. Item Famblici de Vita Pythagora Librum unum, interprete Vlrico Obrechto: Orig. adverfus. Celfum, lib. 6. pag. 280. Edit. Spenceri.

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