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mener avec lui, pour les obliger à lui donner une quantité de poudre & 1683. d'armes à feu, ou une groffe fomme Février, d'argent pour en acheter ailleurs. Il fe trouvatrompé ; ilen fut au defefpoir, & manqua fon coup.

Nous en eûmes obligation aux avis qui me furent donnés par deux Officiers du Serail que j'avois pratiqué, & dont j'avois cultivé l'amitié par des colations & de petits préfens que j'avois foin de leur faire de tems en tems; l'experience m'ayant appris qu'un Conful doit faire fouvent de petites gratifications aux gens qui ont part au Confeil des Pachas & aux autres Officiers dont on a à craindre ou

à efperer, parce que par ces moyens innocens on eft averti, & on prévient le mal qu'ils pourroient faire; au lieu que fans ces avis, on feroit fouvent des pertes infiniment plus confiderables que les préfens qu'on leur fait pour entretenir leur amitié.

Le troifiéme Mars, je fis enregif- Mars. trer une Ordonnance de M. de Guilleragues portant défense à Jean-Baptifte Biafci Marchand Venitien refidant à Tripo i de Syrie, de plus s'ingerer dans les affaires des François, & ordre aux Capitaines des Bâtimens

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de s'adreffer directement & auffi tôt qu'ils viendroient à terre au Sieur

Mars. Fabre mon Vice-Conful, à peine de

cinq cens piaftres d'amande, & de confifcation du fond qui leur appartiendroit. J'envoyai cette Ordonnance à Tripoli pour être mife en execution, & fignifiée aux Capitaines aufsitôt que leurs bâtimens feroient moüillés, avec une Lettre du Baïle de Venife à Biafci à même fia.

Le 4. Je reglai les émolumens de la Chancellerie, conformément à ce qui eft porté par l'Ordonnance du Roi fur le fait de la Marinc.

Le 16. Les Fermiers du poids ayant trouvé un Marchand qui pefoit quel ques marchandifes avec fa Romaine, en porterent leurs plaintes au grand Doüannier, qui voulut entreprendre de les faire caffer toutes; mais comme les Marchands en ont eu de tout tems dans leurs maifons, pour fervir à la verification de leurs poids, & qu'ils ne peuvent s'en paffer, je foûtins vivement cette affaire, & j'envoyai les Députés au grand Douannier pour lui reprefenter mes raifons.

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Le 8. J'écrivis par le Vaiffeau le Pont-d'Or à. Meffieurs les Echevins

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& Députés du Commerce de Mar feille, tout ce qui fe paffoit ici touchant les interêts publics, & je les preffai de nous envoyer au plûtôt de quoi payer les vingt mille piaftres de la Lettre de Change de M. l'Ambaffadeur. Je leur donnai auffi avis que j'avois chargé fur le même Vaiffeau une caffette contenant tous les comptes des Députés de cette Echelle depuis l'année 1664. conformément aux ordres que j'avois reçûs.

Le 26. Arriva à Alexandrette la Barque du Patron Barthe emi Odou de Marfeille, qui nous apprit que les Tripolins après avoir rompu la paix que M, du Quefne avoit conclu avec eux devant Chio, avoient pris quelques-uns de nos Bâtimens, & arrêté prifonnier le fils du Sieur Bon, pe Corfe de Marseille qui leur portoit la ratification du Roi avec un paquet de Lettres, pour lesquelles ces Barbares n'eurent ni confideration ni refpect. La Barque échoua devant la Ville & tout l'Equipage fut fait ef clave.

Nous reçûmes fept mille piaftres compte des vingt mille que nous avions payés.

Nous apprîmes auffi la prise du

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1683.

Capitaine Artaud par une lâcheté inoüie. Il commandoit le Vaiffeau Mars. les Trois Rois, avec lequel il pour Prife du voit non feulement fe défendre, mais Capitaine enlever le Vaiffeau qui le prit.

Artaud,

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Il étoit parti d'Alexandrette quelques mois auparavant avec le Capitaine Corail, & après avoir pris en Chypres le refte de fon chargement, ils mirent enfemble à la voile. Artaud cut fon grand mât caffé pour avoir porté trop de voiles dans un gros tems. Il revint en Chypres où M. Dutertre Capitaine du Pont-d'Or lui en donna un de rechange pour fe remâter, & l'avertit que nous avions la guerre avec les Corfaires de Tripoli. M. Sauvan Conful de Chypres voulut l'obliger de prendre l'efcorte du Convoi Venitien qui partoit en même-tems, ou celle des Vaiffeaux des Capitaines Etienne Jean & Serry, qui en efcortoient trois ou quatre au tres; mais il n'en voulut rien faire. Il prétendoit arriver à Marseille devant eux; mais il n'alla pas loin. Il fur arrêté en chemin par un miferable petit Vaiffeau à qui il ne reftoit plus que dix hommes d'Equipage, les autres ayant été perdus avec la chaloupe dans une tempête. La maniere dont

1683.

il fut abordé eft des plus fingulieres. Le Corfaire n'ofant fe mettre côté en travers, l'aborda par fon arriere, & Mars. mit fon beaupré fur fon couronne- Abordage ment. Le Capitaine Artaud alla d'a- fingulier. bord fe cacher dans la foute au bifcuit avec quelques autres, le refte de fon Equipage imita fon exemple. Il ne refta fur le tillac que les Sieurs. Jofeph Barberin & Faifan, & deux autres qui fe battirent pendant deux heures contre ceux qui venoient à eux le long de leur beaupré. A la fin trois d'entre eux ayant été bleffés le quatriéme fut obligé de fe rendre. Les Corfaires traiterent affez humainement ces quatre prifonniers; mais ils maltraiterent étrangement le refte de l'Equipage, & ils eurent foin de donner au Capitaine Artaud cinquan te coups de bâton tous les jours jufqu'à leur arrivée à Tripoli, l'appellant fans ceffe lâche, poltron, in fâme › & l'ayant chargé de chaî

nes.

Cette prife & la maniere honteufe dont Artaud s'étoit conduit firent former bien des foupçons, & l'on craignit avec raifon, que la perte de ce Vaiffeau qui valoit cent mille écus, ne fit faire des banqueroutes à Mar

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