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après le Chancelier, l'arrêter & le ramener à Alep. On accompagna la demande d'un préfent de quelques veftes. Quand elles eurent été reçûës, le Mutfellem leur répondit qu'ils auroient dû empêcher la fuite du Chancelier; mais que felon les apparences il n'étoit plus dans les terres de fa Ju#ifdiction, & qu'il ne vouloit point fe faire d'affaires avec les autres Gouverneurs, & que d'ailleurs fil ne devoit point fe mêler des affaires des Francs, à moins que le Public n'y fût intereffé; qu'il leur confeilloit de vivre en paix, & de ne point trou. bler la tranquillité publique, parce qu'autrement il feroit obligé d'y mettre ordre d'une maniere qui ne leur feroit pas agréable. Il gagna ainfi fes veftes, & les renvoya fort mécon

tents.

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Cependant le Chancelier qui avoit de l'avance & qui faifoit diligence arriva à Conftantinople, préfenta fes Lettres & fes Memoires à l'Ambaffadeur qui connoiffant très-particulierement le Chevalier d'Arvieux, fa droiture & fa candeur, rendit une Ordonnance le 26. Janvier 1686. par laquelle il ordonna entre autres chofes l'élargiffement du Chevalier d'Ar

vieux, & autres chofes que l'on verra dans la copie ci-jointe.

Ordonnance de M. l'Ambaffadeur de Conftantinople pour le Sieur d'Arvieux contre le Sieur Julien Conful d'Alep.

Du 26. Janvier 1686.

Ierre Girardin, Confeiller du Roi

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Plerre en fon Confeil d'Etat & Ambaffadeur de Sa Majefté à la Porte Ottomane: Vû par nous une Lettre fans datte à nous adreffée par le Sieur Julien nouveau Conful de l'Echelle d'Alep, › par laquelle il nous mande entre autres chofes, que les comptes de la Nation font égarés, & que le Sieur d'Arvieux n'ayant pas voulu lui en donner connoiffance, il a été obligé après avoir tenu diverfes Affemblées de le contraindre par une Ordonnance; autre Lettre du Sieur Julien du 3. Decembre dernier, par laquelle il écrit qu'étant arrivé depuis dix jours à Alep, il a trouvé fon prédeceffeur dans le Confulat au coupegorge avec la Nation, de ce qu'elle s'étoit oppofée à quelques taxes &

autres impofitions qu'on vouloit faire fans paffer par par une déliberation, comme il eft porté par les Ordonnances; ce qui lui fait croire qu'il fe fera differentes procédures pardevant lui, & qu'il eft réfolu de renvoyer les comptes pardevant Monfeigneur Morand Intendant de Provence, afin de faire cefler toutes les inimitiés & factions à l'exception des causes où il s'agira des deniers pris contre le droit qu'il ju era à Alep, en profit de caufe à qui ils appartiendront. Autre Lettre au même jour 3. Decembre à nous adreffée par le Sieur d'Arvieux ancien Conful d'Alep, pat laquelle il marque entre autres chofes que quelques Marchands d'Alep s'é ant revoltés contre l'accord & la justice de feu M. de Guilleragues, ont pouffé leur infolence jufqu'à fe fervir des Turcs & prétendre d'abolir l'autorité des Ambaffadeurs du Roi fur les Echelles, & celle des Confuls que Sa Majesté y a établis ; il a rendu juftice fans violence, & exigé fes droits fur le pié des accords faits entre lui & la Nation; que le Sieur Julien nouveau Conful prévenu par les mutins qui l'ont été trouver jufques à Alexandrette, fans examiner les procé

dures qui tont dans la Chancellerie, fe met en devoir de n'en pas bien ufer avec lui fou prétexte de rendre juftice; quoique par plufieurs railons il ne puiffe être fon Juge, & qu'il prétend rendre des condamnations contre lei à l'effet du pouvoir, fous le prétexte de retenir entre fes mains environ huit ou neuf mille écus qu'il lui doit, ou pour le prix de fes meubles, ou pour la dépenfe du Confulat qu'il avance pour lui depuis le premier de Mers qu'il en a été invefti; que cela peut caufer du défordre entre eux & du fcandale à l'égard des Turcs; que ledit Sieur Julien n'a pas du bien pour répondre de cette fomme d'argent; que lui d'Arvieux ne doit rien; mais a été obligé d'emprunter des Turcs pour fournir à la dépense du Confulat, pendant que ledit Sieur Julien prétend garder son bien entre fes mains, & le mettre hors d'état de payer fes dettes, & que pour toutes ces raifons il nous fupplie de vouloir ordonner au lit Sieur Julien de fuivre les ufages & les coûtumes pratiquées à Alep ente les Confuls, pour le regard de l'interêt & du payement, & de faire regler leurs comptes par deux arbitres, pour

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aprés avoir fait entre eux les procé dures neceffaires fur les prétentions à regler, être renvoyées à qui de droit il appartiendra d'en connoître. Autre Lettre dudit Sieur Julien du 23. du même mois de Decembre , par laquelle il nous écrit que c'est avec bien du chagrin qu'il le voit obligé de fe plaindre à nous de la conduite du Sieur d'Arvieux, auquel il a fait voir les procurations de M. le Marquis de Seignelai,. pour l'obliger à rendre compte de fa recette du droit de Confular depuis le premier jour de l'an 1684. à quoi il s'est rendu refufant, proteftant que ledit Sieur Jalien n'étoit pas Conful d'Hollande, & difant, que pour la recette du Confulat de France, il iroit lui-mê, me rendre compte à M. le Marquis de Seignelais qu'ayant depuis appris que ledit Sieur d'Arvieux vouloir faire embarquer fes domeftiques & partir la nuit à fon infçu, il l'a mis fous la garde de fes Janiffaires en la maifon d'un François où il s'étoit re tiré, & a fait fceler une chambre qui lui reftoit encore dans la maison Confulaire, afin de l'obliger de lui donner un compte, & pour mettre à couvert plus de fix mille piaftres

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