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SOCIÉTÉ D'ÉDITIONS SCIENTIFIQUES

4, Rue Antoine Dubois, VI

Téléphone 807.23

1902

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DECR LE904

CHAMPIGNON DU FAVUS DE LA SOURIS

(ACHORION QUINCKEANUM)

PAR

E. BODIN

Professeur à l'École de médecine de Rennes

Je me propose en ce travail d'étudier le favus de la Souris dont je viens d'observer plusieurs cas chez cet animal et une inoculation à l'Homme. Il s'agit donc ici d'un parasite dont l'existence est connue et dont divers auteurs ont donné des descriptions, entre autres Quincke, Bær, Désir de Fortunet et Busquet. Notons toutefois que ces travaux sont antérieurs aux recherches récentes qui ont si profondément modifié le chapitre des teignes, qu'ils demandent à être complétés et que certains d'entre eux visent un parasite différent de celui dont je veux parler ici. Il y a donc intérêt à reprendre cette question avec les documents nouveaux que j'apporte et j'espère montrer que cet intérêt n'est pas seulement limité à la description d'une Mucédinée parasite, mais qu'il s'étend à l'histoire générale des mycoses.

Mais tout d'abord je dois préciser ce qu'il faut entendre par favus de la Souris. On sait en effet que si les godets faviques comportent chez cet animal une indiscutable unité clinique et objective, ces lésions peuvent être occasionnées par divers parasites et que plusieurs Hyphomycètes, notamment ceux du favus de l'Homme, du favus du Chien, du favus de la Poule sont susceptibles, d'après Sabrazès, de déterminer des godets sur la peau de la Souris. Il s'ensuit naturellement que le fait de produire en inoculation des godets chez la Souris ne saurait suffire pour faire considérer une Mucédinée comme le Champignon du favus de la Souris, et que cette dénomination doit être réservée exclusivement au parasite qui, se rencontrant ordinairement chez ce Rongeur dans des lésions dont l'origine humaine, canine ou aviaire ne peut être retrouvée, ne s'observe au contraire jamais chez l'Homme

ou chez les autres animaux en dehors d'une contagion muridienne directe ou indirecte.

Après cette remarque qu'il importe de ne point perdre de vue, il est nécessaire que je résume rapidement l'histoire du parasite décrit comme cause du favus de la Souris.

C'est Quincke (1) le premier qui, en 1886, a étudié ce Champignon sous le nom de Champignon a, précisant que la Souris est son hôte habituel, qu'il s'inocule à l'Homme, à la Souris et au Chien en produisant des godets et que ses cultures croissent avec une grande rapidité; d'après cet auteur, sur gélatine et sur agar-agar, le développement du Champignon aboutit, en quelques jours, à la formation d'un épais tapis duveteux, absolument blanc, présentant une couleur jaunâtre quand on l'examine par sa face postérieure ; cultivé sur pomme de terre sa croissance est terminée en 8 jours et donne de petits boutons blanc duveteux.

Ce Champignon n'a pas été revu par Král, Plaut, Pick, Mibelli, Sabrazès (2) et autres observateurs qui se sont ensuite occupés du favus. Zopf lui donna en 1890 le nom d'Achorion quinckeanum qui doit lui être conservé désormais, à l'exclusion de tout autre, pour une raison de priorité sur laquelle je n'ai pas à m'arrêter.

Boer (3) peu après Quincke aurait retrouvé ce Champignon du favus de la Souris et dans la description qu'il en a donnée, il insista sur la présence, à l'extrémité des filaments de cette Mucédinée de renflements claviformes qui pour lui sont caractéristiques.

Enfin plus récemment, Désir de Fortunet et Courmont (4) ont rencontré dans une éruption vésiculeuse marginée de la main un Champignon que Busquet (5) identifie à celui de Boer et qu'il donne comme le parasite du favus de la Souris en l'appelant Achorion

(1) QUINCKE, Ueber Favuspilze. Arch. für experim. Pathol. und Pharmak., XXII, p. 62, 1886. Ueber Favus. Monatshefte für prakt. Dermatol., VI, 1887. (2) Ce fait n'a rien d'étonnant, eu égard à la grande rareté de l'inoculation du favus de la Souris à l'Homme, rareté sur laquelle j'attirerai l'attention dans un paragraphe ultérieur.

(3) BOER, Zur Biologie des Favus. Vierteljahrsschrift für Dermatol. Syph., XIV, p. 429, 1887.

(4) DESIR DE FORTUNET et COURMONT. Annales de dermatol., 1890, p. 239. (5) BUSQUET, Etude morphologique d'un Cryptogame nouveau trouvé dans une éruption circinée de la main. Thèse de Lyon, 1890. Etude morphologique d'une forme d'Achorion; l'Achorion Arloingi, Champignon du favus de la Souris. Annales de micrographie, III, p. 9-21, 62-73, 136-149, 1891.

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