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Irodidae que celles de notre Acarien ont le plus d'analogie, bien qu'elles soient beaucoup plus fortes et plus massives.

Il semble qu'on peut considérer les parties latérales et postérieures du camérostome comme dues à l'expansion d'un article basal des palpes, par exagération de ce que l'on voit chez plusieurs Ixodinae, en particulier chez Rhipicephalus; la frange marginale correspondrait aux soies qui bordent cet article basal chez ces parasites.

Je suis porté aussi à considérer notre Acarien comme vivant en parasite. Il se fixerait énergiquement par les ongles des pattes, si bien qu'il les laisserait implantés quand on le saisit; les quatre individus qui formaient le lot avaient toutes leurs pattes (32 au total) mutilées de cette façon. Comparé aux Ixodidae, il compenserait ainsi, par le rôle des ongles, la faiblesse du rostre. Il semble, en effet, que, chez lui, les chélicères seules soient capables de blesser la peau; encore, si elles sont fortes, ont-elles leurs crochets terminaux peu aigus. La languette et les maxilles ne paraissent être là que pour figure; leur faiblesse ne les rend guère aptes à jouer un rôle vulnérant un peu actif.

Pour rappeler le caractère principal de l'Acarien, je donnerai au genre le nom de Spelæorhynchus (σñéλαιov, caverne; puyos, rostre). Spelæorhynchus n. g. (Femelle). Corps large, plat, pourvu d'un écusson dorsal antérieur; un plastron ventral en arrière du rostre ; pas d'écusson génital. Anus sub-terminal, ventral. Vulve en fente transversale, préanale, à lèvres plissées. Stigmates petits, ventraux, situés en dehors du troisième espace intercoxal. Rostre non saillant; camérostome très grand, profond, ventral, muni d'une frange de soies à sa marge interne; languette filiforme; maxilles petites, membraneuses, saillantes au bord postérieur du camérostome; palpes filiformes, à cinq articles. Chélicères fortes, à deux crochets successifs, situées au fond du camérostome. Pattes subégales, à six articles, sans épimères; deux ongles terminaux, un ambulacre.

Spelæorhynchus præcursor n. sp. (Femelle). Corps brunâtre, plus large dans le milieu; écusson ventral triangulaire. Camérostome orné de facettes à sa face dorsale, à ouverture ventrale quadrangulaire. Stigmates ovales. Pattes inermes. Vivipare. Patrie inconnue.

TRICHOSPORUM ET TRICHOSPORIES

PAR

PAUL VUILLEMIN

Professeur à l'Université de Nancy.

Nous nous proposons de décrire dans cette note une maladie parasitaire des poils, jusqu'alors inconnue en France, présentant, comme la tirea nodosa de Cheadle et Malcolm Morris, comme la trichomycosis nodosa de Behrend, comme la piedra nostras d'Unna, comme les altérations produites par le Champignon des chignons de Beigel, une étroite parenté avec la piedra de Colombie.

M. X., âgé de 36 ans, mécanicien à l'Université de Nancy, vient me trouver le 24 janvier 1901. Il porte une moustache noire, robuste, bien fournie, vierge du rasoir et des ciseaux. Le matin même, il a remarqué sur un grand nombre de poils de la moitié droite et sur une moindre quantité à gauche, des épaississements irréguliers qui arrêtaient le peigne. Les saillies étaient dures, faciles à sentir en passant la moustache entre les doigts, mais assez peu apparentes. Elles résultaient de la présence d'un enduit translucide, tranchant à peine sur le fond noir de la moustache. La première impression de M. X. fut qu'une sauce épaisse était restée collée aux poils depuis le repas de la veille au soir, mais il ne parvint pas à s'en débarrasser malgré des lavages à l'alcool, au pétrole, à l'eau très chaude.

Au premier examen fait à la lumière du gaz, j'eus peine à distinguer les poils malades, d'autant plus qu'ils étaient pour la plupart masqués par les poils sains; les parties superficielles de la moutache étaient en effet épargnées, sans doute parce que l'affection se développe seulement dans les parties protégées contre les frottements et contre la sécheresse.

A l'aide de la loupe, on distingue in situ, l'épaississement brillant à reflets verdâtres, formant, sur une étendue d'un centimètre à un centimètre et demi, une gaine irrégulière, interrompue çà et là (fig. 1, a, b). L'épaississement occupe exclusivement la région moyenne du poil; la pointe en sort intacte et la base est

saine sur une longueur voisine d'un centimètre. Le poil garde son calibre normal dans les portions nues; il n'est ni gonflé, ni émacié. Avec la gaine qui l'entoure, il atteint un tiers de millimètre d'épaisseur. Les poils malades ne s'arrachent pas plus facilement que les autres. La barbe est indemne, ainsi que les cheveux. Un examen rapide me montre une gaîne superficielle adhérant fortement au poil et com

posée uniquement de cellules végétales comme dans les cas de piedra observés en Colombie et de maladies semblables étudiées en Angleterre et en Allemagne. L'enduit parasitaire n'est pas sans analogie d'aspect avec les traces laissées sur les poils par la matière agglutinante des lentes de Pédiculides; un confrère qui vit le malade m'en fit immédiatement la remarque. Juhel-Rénoy nous dit déjà que, dans la piedra de Colombie « le poil porteur de nodosités ressemble au plus haut point au poil porteur de lentes ou de Pediculi pubis, avec cette différence que l'élevure piédrique..... est infiniment plus petite ».

Quelle peut être l'ori

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gine de l'affection? Elle ne s'est certainement pas développée depuis la veille, comme le patient se le figurait d'abord. Pourtant elle avait dû prendre, depuis peu, le développement actuel. Soigneux de sa toilette, M. X. n'avait senti jusqu'à ce jour aucune résistance au passage du peigne. Il est à noter qu'il prenait d'ex

trêmes précautions antiseptiques, parce qu'il avait un enfant atteint de variole. Depuis trois semaines, il se lavait régulièrement la figure, y compris la moustache, avec une solution aqueuse de sublimé à 0,25 pour 1000.

Nous ne trouvons pas non plus dans ses antécédents d'indications sur l'apport des germes parasitaires. M. X. ne fait pas usage de cosmétiques. Il y a trois jours, il s'est appliqué un frisemoustache neuf « le sans-gêne », pièce de gaze que l'on maintient dix minutes en place après avoir humecté la moustache d'eau alcoolisée. Il songea à incriminer cet appareil, mais sans raison. L'affection remontait à plus de trois jours, et, si l'on admettait un développement si rapide, on s'expliquerait mal que les poils superficiels, en contact direct avec la pièce incriminée, fussent restés indemnes.

Le patient ne soigne pas de Chevaux et n'a pas de contact habituel avec des animaux.

Il est allé récemment à Paris, a visité l'Exposition; mais rien n'autorise à penser qu'il en ait rapporté les germes du mal. Nous verrons d'ailleurs que le Champignon se distingue de celui de la piedra de Colombie et très probablement ceux de Morris, Behrend, Unna. Nous n'avons donc aucune raison de soupçonner une origine exotique à cette lésion parasitaire.

Avant d'entrer dans le détail de l'Histoire naturelle du parasite, complétons les renseignements concernant le malade. L'affection a cédé rapidement à l'emploi de lotions de sublimé en solution. aqueuse à 0,5 pour 1000, répétées fréquemment. Quatre jours après le début du traitement, les milieux nutritifs, ensemencés avec les poils et les fragments d'enduits, sont restés stériles. Le sublimé qui, en lavages rapides au quatre millième, avait laissé au parasite toute sa vitalité, est donc un remède héroïque, lorsque la concentration est augmentée et l'application plus durable.

En brossant énergiquement la moustache avec la solution mercurique, le patient a fait disparaître en quatre semaines toute trace des enduits cryptogamiques. L'aspect de la moustache n'offre plus rien d'anormal à l'œil nu, bien qu'il persiste une lésion microscopique indélébile.

LA LESION PILAIRE.

Le Champignon qui engaîne les poils de moustache n'est pas rigoureusement superficiel. Jamais, il est vrai, nous ne l'avons trouvé dans la moelle ni même entre les éléments de l'écorce; mais l'épidermicule est dilacéré, soulevé, enveloppé par la masse parasitaire.

Si l'on veut arracher mécaniquement la gaîne fongique d'un poil sec, ou humecté d'alcool ou d'eau, on rencontre une grande résistance. On enlève avec effort un lambeau qui entraîne l'épidermicule (fig. 2). L'opération est facilitée par l'action de l'acide formique concentré alors la pres

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épidermiques avec les cellules du Champignon. Les éléments végé taux, en s'insinuant sous les lamelles, les soulèvent, les refoulent, les rebroussent en arrière, tout en les fixant comme des crampons dans la masse accrue du parasite (fig. 3). Epidermicule et Champignons font corps ensemble; l'épidermicule adhère bien plus solidement au parasite qu'à l'écorce du poil. Parfois même, les cellules. cryptogamiques arrivent au-dessous de l'épidermicule et confinent directement à l'écorce (fig. 4).

Le Champignon s'attaque donc à l'épidermicule, le disloque, le sépare en partie du poil. Ce n'est point un simple saprophyte de la surface. Son ablation a pour effet de dénuder les éléments corticaux. Le poil garde une trace indélébile de son passage et, débarrassé du parasite, reste dépouillé de son enveloppe protectrice.

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