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Arloingi sans faire mention d'ailleurs des travaux antérieurs de Quincke.

Si l'on veut bien se reporter aux recherches que je viens de citer, les comparer entre elles puis avec l'étude que je donne ici, on arrivera rapidement à deux conclusions: d'abord il est évident que la Mucédinée que j'ai rencontré chez la Souris et chez l'Homme et dont je m'occupe en ce mémoire, offre les mêmes caractères que le Champignon de Quincke tant dans son aspect objectif en cultures que dans les lésions expérimentales ou non qu'elle produit chez l'Homme ou chez l'animal, et qu'il s'agit bien en ce cas du parasite du favus de la Souris, ce terme étant pris dans le sens strict que j'indiquais tout à l'heure.

Une seconde conclusion s'impose ensuite, c'est que le Champignon décrit par Busquet, sous le nom d'Achorion Arloingi et identifié par lui au parasite vu par Bær, ne doit pas être confondu avec l'Achorion quinckeanum et ne saurait être considéré comme le Champignon du favus de la Souris. L'Achorion Arloingi, en effet, a été rencontré dans des lésions humaines absolument différentes de celles que cause l'Achorion quinckeanum et de plus il ne présente pas les mêmes caractères que ce dernier tant dans ses inoculations expérimentales que dans sa morphologie macroscopique ou microscopique en cultures artificielles (1). On comprend donc que

(1) Sans reprendre tous les détails des travaux de Désir de Fortunet et de Busquet, je résumerai ici les principaux caractères qu'ils assignent à l'Achorion Arloingi, afin de bien montrer que ce Champignon ne peut être identifié à l'Achorion quinckeanum.

Trouvé chez une jeune fille dans une éruption circinée, vésiculo-squameuse de la main, c'est-à-dire dans une éruption qui n'offre cliniquement aucune allure favique et qui se rattache plutôt aux trichophyties, ce Champignon ensemencé par Busquet sur divers milieux, s'y présente avec des caractères objectifs différents de ceux que j'ai constatés chez le Champignon isolé par moi des godets muridiens. Par exemple, sur bouillon de veau, il donne des flots blancs superficiels dont la face profonde se colore en rouge vif dès le 10 jour. Sur pomme de terre, il pousse vite produisant au 4 jour une masse irrégulière, vallonnée, blanche, légèrement duveteuse sur les bords, pulvérulente et jaunâtre au centre el, tout autour de cette végétation, la pomme de terre prend une couleur noirâtre. Vers le 7° jour, tous les côtés de la pomme de terre sont envahis par la culture, dont la surface devient pulvérulente, prend une coloration jaunâtre et se plisse irrégulièrement. Sur carotte, chou, betterave, les résultats sont identiques et sur tous ces milieux, comme d'ailleurs sur tous les milieux solides, la culture forme un feutrage comme surélevé et séparé du substratum nutritif par un espace vide. Tels ne sont point les caractères de l'Achorion quinckeanum,

j'aie tenu à m'arrêter au début de ce travail sur cet historique ; il y avait là un point qui devait être nettement précisé sous peine de laisser subsister au sujet du favus de la Souris, une cause de confusion qu'il importe grandement d'écarter en une question aussi complexe que celle des Mucédinées parasites.

L'ACHORION QUINCKEANUM DANS SA VIE PARASITAIRE

LÉSIONS ANIMALES ET HUMAINES

J'ai extrait l'Achorion quinckeanum des lésions cutanées de l'animal dans cinq cas. Quatre fois je l'ai rencontré chez des Souris prises au commencement de cette année dans une maison du centre de la ville de Rennes, maison où il n'y a ni adulte ni enfant faviques et où ne se trouvent pas d'animaux domestiques, dans un autre cas il s'agissait d'une Souris favique prise à Autun que j'ai

que nous verrons sur bouillon, vivre pendant des semaines sans produire de pigments, qui sur tous milieux donne une culture invariablement et constamment blanche duveteuse, ne devenant ni pulvérulente, ni jaunâtre et qui sur pomme de terre produit seulement de petits flots duveteux blancs, dont le développement est, comme le fait remarquer Quincke, terminé en 8 jours et reste toujours peu étendu.

Quant à ce qui est de la morphologie de l'Achorion Arloingi, Busquet en donne une longue et quelque peu confuse description dont il ressort que le Champignon produit divers organes de fructuation:

1o Des conidies à forme Levure qui ne sont autres que ces articles renflés et plus ou moins réguliers que l'on observe chez beaucoup de Champignons dans la continuité des filaments immergés, dont la signification est celle de simples chlamydospores et qui n'ont rien de spécial.

20 Des éléments en massue uni ou pluriseptés, remplis de protoplasma granuleux et qui prennent naissance à l'extrémité des filaments mycéliens, éléments qui sont certainement les plus caractéristiques que produise la plante. 3. Des filaments fructiferes qui sur milieux liquides « sont formés par un tube axillaire présentant de petites protubérances latérales à sommet arrondi de longueur variable saus rétrécissement à la base ». Mais Busquet n'a «< jamais assisté à la séparation de ces bourgeons et n'a retrouvé dans les préparations que peu de spores libres du même volume ». Quant à la figure qu'il donne de ces filaments fructifères (Annales de micrographie, 1890-91, pl. iv, fig. 11, 12), elle représente des rameaux avec des bourgeons latéraux qu'il est impossible de onfondre avec des spores.

4° Sur milieux solides des spores aériennes. Ce sont des cellules arrondies, sphériques ou ovoides, dans ce dernier cas une de leurs extrémités est aplatie. Leur enveloppe est épaisse, transparente, régulière; dans les formes ovoides au niveau de la partie aplatie on constate souvent des sortes de diverticules droits en cul-de-sac qui se continuent manifestement avec la spore. Ce sont des stérig

observée il y a 9 ans (1) et dont j'ai obtenu un parasite très différent en culture de l'Achorion humain et identique en tous points à celui que j'ai rencontré chez les Souris faviques de Rennes.

En dehors de ces cinq cas trouvés à plusieurs années de distance dans des villes éloignées l'une de l'autre et pour lesquels l'enquête la plus minutieuse n'a pu révéler de contagion humaine ou par un autre animal, je n'ai jamais rencontré l'Achorion quinckeanum dans aucune des lésions animales ou humaines (sauf dans le cas que je relaterai tout à l'heure) que j'ai étudiées depuis 10 ans et dont le nombre s'élève aujourd'hui à plusieurs centaines.

Si l'on ajoute à ces faits que la Mucédinée que j'ai isolée des lésions muridiennes offre les mêmes caractères objectifs que le Champignon décrit par Quincke et qu'il donne comme parasite habituel de la Souris, on comprendra sans peine que ce parasite doive être considéré comme celui du favus de la Souris, cette déno

mates encore adhérents et déformés ou non après rupture accidentelle (Busquet, loco citato, p. 69).

5o Des spores mycéliennes qui ont, d'après les figures du mémoire de Busquet (Busquet, loco citato, pl. m, fig. 3, 10), l'allure de chlamydospores terminales, nullement caractérisques.

Que l'on veuille bien comparer ces caractères de l'Achorion Arloingi à ceux de l'Achorion quinckeanum et l'on verra qu'il n'y a pas de confusion possible entre ces deux Mucédinées. Dans les cultures de l'Achorion quinckeanum je n'ai pas observé d'éléments conidiens en massue et la fructification de cet Hyphomycète en hyphes du type Botrytis ou Acladium, à petites conidies sessiles, très nombreuses et très caduques est si constante et si abondante qu'il est impossible qu'elle ne frappe pas immédiatement tout observateur qui a examiné une seule culture de ce parasite.

Enfin dans les inoculations expérimentales si l'Achorion Arloingi a produit sur la Souris une lésion « fort semblable au favus » ce qui ne saurait suffire comme je l'ai dit, pour faire considérer ce parasite comme celui du favus muridien, sur l'homme deux inoculations n'ont donné que des lésions papulo-squameuses sans caractères bien nets. Après cela je crois inutile d'insister sur la différenciation de l'Achorion quinckeanum et de l'Achorion Arloingi, j'ajouterai cependant que j'ai trouvé dans une éruption vésiculeuse du pied chez une jeune fille, éruption diagnostiquée d'abord eczéma marginé à l'hôpital Saint-Louis, un parasite dont les cultures ressemblent absolument à celles du parasite de Busquet et dont la caractéristique morphologique est justement la production d'éléments en massue identiques à ceux que figure Busquet dans son travail. Ce Champignon que j'ai conservé au laboratoire, me semble être absolument identique à l'Achorion Arloingi et il diffère complètement de celui que j'ai isolé des godets de la Souris. (1) A ce moment, j'étais tout à fait au début de mes études sur le favus, et ne sachant où classer ce parasite des godets de la Souris, j'avais cru devoir le rapprocher de l'Achorion euthytrix de Unna.

mination recevant l'acception que j'ai précisée en un précédent paragraphe.

Sur les Souris que j'ai examinées, les lésions étaient parfaitement nettes et le diagnostic ne souffrait aucune difficulté. Plus ou moins abondants suivant les cas on trouvait des godets typiques de dimensions variables et siégeant le plus souvent vers l'extrémité céphalique de l'animal; godets isolés ou réunis pour former une masse croûteuse, blanc-jaunâtre, sèche et d'aspect très favique analogue à celle que l'on constate chez l'Enfant quand il y a coalescence des godets. Enfin je noterais que deux des Souris que j'ai examinées offraient des altérations très marquées des oreilles : ces organes étaient déchiquetés, dentelés et ne représentaient plus que des moignons informes saignant facilement. Cette particularité s'explique probablement par la localisation des lésions aux oreilles et par les traumatismes déterminés sur ces organes déjà malades par des grattages incessants; elle mérite d'être signalée car si les godets sont petits et masqués par les poils, perceptibles seulement à l'examen attentif, ces lésions des oreilles frappent immédiatement l'observateur.

Chez l'Homme, l'inoculation du favus de la Souris est un fait très rare; que la Souris joue un rôle dans la propagation du favus humain, cela est possible en certains cas, mais quant à l'inoculation de l'Achorion parasite habituel de la Souris elle constitue certainement une exception; je n'en donnerai pour preuves que les observations de M. Sabrazès (1) qui sur 41 cas de favus humain n'en signale pas un seul qui soit dû à un parasite animal et que mes propres observations qui portent actuellement sur plus de cent cinquante cas de favus lesquels m'ont toujours donné à la culture l'Achorion humain sauf une seule fois chez la jeune malade dont je résume ici l'histoire et chez laquelle, dans des lésions faviques typiques, j'ai rencontré le même Champignon que chez les Souris dont je viens de parler.

Fillette X..., 7 ans. Bien portante habituellement. Cette petite fille a présenté, depuis quinze jours environ, un petit placard érythémateux et légèrement squameux au niveau de l'angle de la mâchoire inférieure droite. Ce petit placard offrait la dimension d'une pièce de un franc, était

(1) SABRAZĖS, Sur le favus de l'Homme, de la Poule et du Chien. Thèse de Bordeaux, 1893.

légèrement prurigineux et fut traité par une pommade boriquée. Huit ou dix jours après son début, la lésion qui s'était agrandie changea d'aspect et l'on constata, en son centre, la formation de croûtes qui augmentèrent rapidement et aboutirent en quatre ou cinq jours à la formation de godets très nets; c'est à ce moment que j'examinai l'enfant.

15 janvier 1901.- La lésion est constituée par un placard érythémateux, de forme ovalaire, à bords réguliers et nettement dessinés, placard un peu squameux et au centre duquel se voient des godets faviques au nombre de 4, de 2 mm. de diamètre chacun, godets jaunes, secs et d'allure absolument classique. Le cuir chevelu et les autres régions sont indemnes de toute lésion cutanée. Ces godets sont enlevés à la curette et laissent, ainsi que cela est la règle. une petite dépression rouge et lisse moulant exactement le fond de la masse parasitaire. On pratique alors un badigeonnage iodé qui devra être renouvelé tous les deux jours; dans l'intervalle on fait appliquer une pommade soufrée à 5 ‰.

26 janvier 1904. L'enfant est complètement guérie, il ne reste plus, au niveau de la partie antérieurement malade, qu'une légère pigmentation avec quelques squames.

La recherche de la contagion est restée absolument négative. Appartenant à la classe aisée, cette fillette fréquente des enfants parmi lesquels il n'y a aucun cas suspect; dans la maison où elle habite il n'y a ni Chiens, ni Chats, ni Oiseaux; quant à la possibilité de la contagion par les Souris, les parents ne m'ont fourni aucun renseignement précis et tout ce que je puis dire, c'est que la malade habite une maison voisine de celle ou j'ai observé des Souris faviques.

On voit par ce rapide résumé qu'il s'agit en somme ici d'un cas de favus classique et dont l'origine animale, soupçonnable seulement parce que l'enquête clinique restait négative relativement à la contagion humaine, ne pouvait être nettement établie que par la culture du parasite extrait des godets.

Une conclusion dermatologique s'impose donc après cette observation, c'est que le godet favique peut être dû à divers parasites sans que son aspect objectif subisse aucune modification et permette de prévoir si le Champignon causal est d'origine humaine ou de provenance animale; il existe, pour cette mycose, une unité clinique que l'on ne retrouve pas pour les trichophyties par exemple dont les lésions et les symptômes varient suivant qu'ils sont occasionnés par des Trichophyton différents ainsi que Sabouraud l'a établi dans ses belles recherches à ce sujet.

CARACTÈRES DE L'ACHORION QUINCKEANUM DANS SES LÉSIONS

Dans le cas de favus humain dont je viens de parler comme

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