Imágenes de páginas
PDF
EPUB

bé de Soubize, aujourd'hui Cardinal de Rohan, moins âgé de douze

[ocr errors]

ans que l'Abbé de Boiffy, donna en ce genre un nouveau fpectacle aux Muses, un Prince formé par les Graces, & qui pouvant ne devoir qu'à fon nom les plus grandes dignités du fiécle, ne fongeoit qu'à s'en rendre digne par cette applica tion conftante, & ces fuccès écla tans qui prêtent quelquefois au mérite d'un simple particulier, le droit de faire violence aux honneurs & à la fortune. Ce qu'il entendoit dire de l'Abbé de Boiffy lui fit souhaiter de le connoître, & dés qu'il le connut, il fouhaita de fe l'attacher: ce ne fut pas en vain, il l'engagea à se charger de l'éducation du Prince Maximilien fon frere, & elle répondit à tout ce que l'on devoit attendre de fon zèle & de fa capacité. Il

forma en lui un Militaire aimable & vertueux, qui, joignant à la valeur & aux graces héréditaires dans fa famille, un cœur plein de fentimens & un efprit orné de mille connoiffances, fit fentir vivement sa perte à la journée de Ramilly.

Un autre fujet de la plus grande espérance, M. le Prince de Soubize, fut encore confié aux foins de l'Abbé de Boiffy, & il cultiva fi habilement les heureufes difpofitions de ce nouvel Eléve, qu'il fembloit avoir reftitué en lui feul tout ce que des morts glorieuses, mais prématurées, avoient enlevé à sa maison dans une longue fuite de Campagnes. Les larmes qu'il a fait verfer à fon tour, & qui ne & qui ne font pas encore toutes taries, difent plus éloquemment que nous ne le fçaurions faire, que ce font les années, & non les

"

vertus qui lui ont manqué. Dans l'intervalle de ces deux éducations, & après la derniére, M. le Cardinal de Rohan employa l'Abbé de Boiffy à quantité de chofes qui lui étoient importantes, & la plûpart perfonnelles ; il fe fait un plaifir d'attefter qu'il a toujours trouvé dans le fonds de fes connoiffances, dans l'étendue de fes lectures ou la fidélité de fa mémoire, des reffources promptes & affûrées pour tout ce qu'il fouhaitoit. Il ajoûte que né avec un defintéreffement fi abfolu, qu'il paroiffoit incapable de former aucun defir pour fon propre avantage, il ne hésitoit point à parler, à infifter, dés qu'il s'agiffoit de foulager un malheureux, d'être utile aux Lettres, ou de contribuer à la gloire de ceux à qui il s'étoit dévoué. L'occafion la plus marquée qu'il en ait

eûe, & qu'il ne laiffa pas échaper, fut en 1707. quand la fameufe Bibliothéque de M. de Thou, devenue celle de M. le Président de Menars, fut fur le point d'être vendue & difperfée dans les Pays Etrangers. M. l'Abbé de Boiffy s'en inquiéta d'abord, comme d'un malheur public, puis faisant réflexion que perfonne n'étoit plus digne de recueillir ce précieux dépôt que M. le Cardinal de Rohan, il l'en pressa fi vivement, que fes follicitations prévalurent à toutes les difficultés de ce tems là, où l'on fçait que les viciffitudes d'une guerre opiniâtre & fanglante, épuifoient encore plus les grandes maifons que les fortunes particuliéres. Les fatigues d'un tranfport & d'un établissement fi confidérables roulérent toutes fur lui; il n'en fut point effrayé, il en fit au

contraire fes délices, & non content d'avoir affûré ce tréfor aux Sçavans de fa Nation, il s'appliqua à le leur rendre de jour en jour plus utile, foit en le difpofant dans un ordre qui en facilite extrêmement l'usage, foit en y ajoûtant ce qui y manquoit pour le rendre un des plus complets de l'Europe.

Ces diférens travaux annonçoient avantageufement M. l'Abbé de Boiffy à l'Académie des Belles-Lettres; il y fut reçû au mois de Février 1710. & quoique fes occupations courantes ne lui permiffent pas encore d'y être auffi affidu qu'il l'auroir fouhaité, non feulement il fe rendoit à ses Assemblées le plus fouvent qu'il lui étoit poffible, mais il y apportoit des Ouvrages compofez exprès: Il y en a deux entre autres, l'un fur les Expiations en usage chez

« AnteriorContinuar »