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mond.

les devoirs de chaque état. M. l'Ab bé Fraguier leur rendit justice, il se la rendit à lui-même, & crut qu'il valoit mieux s'affranchir de cette contrainte, puifqu'il le pouvoit ende s'expofer à en murmu

core, que

rer un jour: ainfi, il fortit des Jéfuites, onze ans après y être entré mais il en fortit fans perdre leur eftime, & fans ceffer de les aimer; jamais il n'oublia ce qu'il leur devoit, ils s'intérefférent toujours à fes fuccès.

Les Mufes, qui guidoient fes pas, le présentérent d'abord à un ami fiM. Ré- déle & généreux, qui les cultivoit dans une fortune riante & paisible, qui avoit un Cabinet de Livres précieux, & qui étoit en relation avec les perfonnes de l'efprit le plus délicat & le plus orné. Associé à tous ces avantages, & libre de donner

l'effor à fon génie, il fe fit connoître de plus en plus : cette Académie fut la premiére qui l'adopta ; il y fut admis en 1705. & en 1706. il y fuccéda à la place de Pensionnaire de M. Vaillant. Dans la même année, il remplaça M. Pouchard à l'Assemblée du Journal des Sçavants, qui se tenoit chez M. l'Abbé Bignon : M. le Chancelier de Pontchartrain lui donna le titre de Cenfeur Royal des Livres, avec une pension fur le Sceau. L'année suivante, l'Académie Françoife, qui depuis longtems jettoit les yeux fur lui, toutes les fois qu'elle avoit quelque place à remplir, le nomma à celle de M. l'Abbé Galloys; & cette élection ayant fouffert quelque difficulté, elle reçut peu de mois après une forme plus authentique à la mort de M. Colbert Archevêque de Rouen.

: Souvent les jours entiers ne fuffifoient pas au détail de tant d'emplois diférens, & alors M. l'Abbé Fraguier ne héfitoit point à y facrifier les nuits, particuliérement dans l'Eté, où leur fraicheur rend le travail plus facile. On veut que cette habitude ne fe contracte guéres impunément, & on ne ceffe de le dire , mais ce doit être fans efpérer de changer dans les gens de Lettres un goût fi déclaré, qu'il prévaudroit peut-être à des peines fûres, pourvû qu'elles fuffent un peu éloignées : celle qu'éprouva M. l'Abbé Fraguier fut prompte & toute des plus vives. Une paralyfie fubite & douloureuse lui attaque les nerfs du cou; fa tête abandonnée à fon propre poids, tombe, & refte panchée fur l'épaule d'une façon auffi défagréable qu'incommode; & ce n'eft plus

qu'avec de grands efforts, que pour les opérations les plus néceffaires, il peut la remettre un instant dans fon état naturel : on lui fit parcourir toutes les eaux du Royaume; il en vit tous les Médecins, & rien ne le foulagea.

pour

le

Dans cette fituation pénible, même à décrire, il ne laiffa pas de travailler encore longtems, & Journal & pour l'Académie, tenant d'une main fa plume, fa tête de l'autre, & obligé de se repofer, quelquefois à chaque mot, presque toujours à chaque ligne, il venoit à bout des Extraits les plus difficiles;il compofoit de fçavantes Differtations, où l'étendue & la fidélité de fa mémoire fuppléoit à toutes les recherches, & ne laiffoit aucun veftige de fes infirmités. On s'en appercevoit bien moins encore dans les chofes

foit

qui étoient purement de goût. Le fien n'avoit rien perdu de fa délicateffe, & dans le tems même qu'il pouvoit à peine fe foulever de fon fauteuil, pour faire honnêteté à ceux qui entroient dans fa chambre, ou qui en fortoient, elle ne désemplif pas d'un certain nombre de gens de Lettres,empreffez de puifer dans ses entretiens ces grandes régles du beau, qui s'infpirent plutôt qu'elles ne s'enseignent. L'Académie ellemême fe détermina auffi par cette raison, à faire tenir chez lui la petite afsemblée qu'elle avoit chargée de la continuation des Médailles de l'Hiftoire du feu Roi, & l'on fut fi content des foins qu'il y donna qu'ils lui valurent une pension particuliére, auffi forte que celle qu'il avoit déjà.

Le feu de la Poëfie Latine ne

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