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Il foutint fans faste des honneurs pour lesquels il étoit né, & n'admettant aucune diftinction entre les devoirs & les prérogatives des pla

ces,

il commença par fixer fa résidence à Metz, d'où il vifita toutes les parties de fon Diocèfe, qui paffoit pour un des plus difficiles à gouverner. Il y trouva effectivement un grand nombre d'abus, que le tems avoit en quelque forte confacrez, & que fes prédéceffeurs avoient inutilement entrepris de réformer. Leur exemple ne le découragea point, il l'entreprit à fon tour, & il y réuffit: les efprits les moins difpofez à reconnoître le caractére de l'autorité, eurent honte de résister à la voix d'un Pasteur qui les aimoit.

Les Orateurs Chrétiens, qui à la face des (a) Autels, & jufques dans

(a) Oraison Funebre prononcée dans l'Eglife Cathédrale de Metz.

le Sanctuaire des (a) Muses, ont fait l'éloge des vertus Epifcopales de M. de Metz, les ont doublement garanties de la perte qu'elles couroient rifque de faire en passant par une bouche profane, & ne nous ont laiffé à relever qu'une circonftance historique, qui nous semble appartenir de bien près à ces mêmes vertus: c'est que pendant le cours de trente-cinq années d'Epifcopat, il n'a pas eu, non un procès, ou une difcuffion d'éclat, mais la moindre difficulté, ni avec son Chapitre, ni avec aucune autre Eglife.

On lui en fufcita une d'une espéce fort délicate, à la mort du Duc de Coiflin fon frere, dont il étoit feul & unique héritier. On infinua au Roi qu'il étoit également contre

(a) Difcours de M. l'Evêque de Vence à l'Académie Françoise.

l'efprit de l'Eglife & contre l'efprit du Gouvernement, qu'un Eccléfiaf tique, Prêtre, Evêque, fuccedât à la dignité de Pair Laïque. L'exemple du Cardinal de Richelieu, & celui du Cardinal Mazarin, qui d'ailleurs avoient été faits Ducs, & ne l'étoient pas devenus par fucceffion, furent citez comme des exceptions qui devoient d'autant moins tirer à conféquence, qu'on fçavoit en même-tems qu'ils avoient été fouverainement maîtres des graces les plus finguliéres. Enfin, comme la queftion ne s'étoit pas encore présentée, on cherchoit à la rendre auffi épineufe qu'elle étoit nouvelle. M. I'Evêque de Metz se garda bien de la compromettre par des Mémoires, qui n'auroient peut-être fervi qu'à en attirer d'autres ; il porta directement au Roi les Lettres d'érection du Du

ché de Coiflin en faveur de fon pere & de fes defcendans mâles nez en légitime mariage, & fe contenta de lui représenter que fi les Eccléfiaftiques en devoient être exclus, leur exclufion fe trouveroit écrite dans les Lettres de Coiflin, ou dans celles de quelque autre Duché, au lieu qu'il n'en étoit fait mention nulle part; & que plus les Cardinaux de Richelieu & Mazarin avoient été maîtres des graces, moins ils auroient manqué à faire fpécialement déroger à une loi, qui, fi elle eût exifté, pouvoit dans la fuite des tems, faire déclarer vicieux le plus beau titre de leur maifon. Le Roi, qui avoit l'efprit jufte, fentit la force de ce raifonnement, tous les obftacles furent levez, M. de Metz prêta le ferment ordinaire, & prit féance au Parlement le trente & un Mars mil fept cens onze.

M. l'Evêque de Metz recueillít avec le titre de Duc & Pair, tous les biens, les honneurs & les trefors littéraires qui s'étoient perpétuez dans fa maison, & dont il lui étoit réservé de faire un usage digne du dernier des Coiflins.

D'abord, il remplaça fon frere dans l'Académie Françoise, comme fon frere y avoit lui-même remplacé le Duc de Coiflin leur pere, qui petit-neveu du Cardinal de Richelieu, & petit-fils du Chancelier Seguier, étoit dans cette Compagnie le plus cher de la tendreffe de fes premiers protecteurs.

le

gage

Il fongea enfuite à mettre en ordre, & à rendre utile au Public la fameufe collection de Manufcrits que le Chancelier Seguier fon Bifayeul avoit faite avec une dépense & des peines infinies, & qui depuis

fa

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