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prêtez aux Eccléfiaftiques du Dio cèfe, ou aux Sçavans de la Provin ce qui pouvoient en avoir besoin.

Nous devions ce détail de l'usage que M. de Metz faifoit de fes trefors littéraires, au Public ébloui du feul ufage qu'il a fait des biens de la fortune; & il nous fera permis de paffer légérement fur ce dernier article, qui déjà porté au-delà de toutes les bornes de la vraisemblance nous ne difons pas dans les Oraifons Funébres & les Difcours Académiques dont il a été l'objet, mais jufques dans les converfations familiéres, doit cependant toujours refter au-deffous de l'exacte vérité, par l'extrême attention qu'avoit M. l'Evêque de Metz à cacher toutes les efpéces de libéralité qui ne fe déceloient pas néceffairement elles-mêmes. Tels que les Séminaires qu'il a

bâtis & dotez, les Hôpitaux qu'il a fondez ou enrichis, les Temples & les Monaftéres qu'il a édifiez ou rétablis. Telles font encore ces Cafernes fuperbes, qui, entreprises pour la tranquillité des Citoyens & la commodité des foldats, ne femblent élevées que pour l'ornement de la Ville; & ce qu'on fera peutêtre furpris de nous voir mettre au rang de fes pieufes & éclatantes libéralités, le Château même & les Jardins de Frefcati, dont il ne conçut le deffein qu'à la vûe des miséres où l'affreufe difette de l'année 1709. avoit plongé une multitude innombrable d'ouvriers. Ce qui, dans fon principe,étoit une œuvre de charité, devenoit aifément entre fes mains un ouvrage de magnificence; & la deftination qu'il en faifoit dèslors aux Evêques de Metz fes fuc

ceffeurs, lui paroiffoit feule exiger un air de grandeur, qui répondît à la dignité d'un Siége auffi respectable.

Mais, né grand & magnifique, il n'en étoit ni moins fimple, ni moins acceffible. Somptueux, libéral, prodigue même, dans les occasions où il s'agiffoit de foutenir l'honneur de fa place ou celui de la Nation; ik étoit fobre, économe & réglé dans fa dépense ordinaire, qui eût été moindre encore, fi un dévouement marqué pour tout ce qui avoit quelque rapport au fervice du Roi, ne l'avoit engagé à recevoir journellement à fa table les principaux Officiers de fes Troupes. Il les connoiffoit prefque toutes par une longue habitude, & quand il en devoit venir qui n'avoient pas encore paffé à Metz, ou qu'il n'avoit pas vûes ail

leurs, il s'informoit fi exactement de tout ce qui les compofoit, qu'à leur arrivée, les Officiers,furpris & charmez de trouver dans fon accueil des diftinctions perfonnelles, lui vouoient d'abord un fincére attachement, & n'héfitoient point à lui demander des confeils fur leur propre état. Il eût été lui-même un militaire vertueux, autant par fon zèle pour la Patrie, que par l'activité de fon tempérament, & par fon inflexible probité.

Sa converfation étoit vive & brillante. Il donnoit un tour propre & particulier à tout ce qu'il difoit, foit qu'il traitât un fujet de morale ou de politique, foit qu'il débitât simplement une nouvelle du tems, ou qu'il contât une hiftoire de l'ancienne Cour; & comme il n'ennuyoit point, il n'aimoit pas non plus à

être ennuyé : les malheureux avoient feuls le privilége, lors même qu'il avoit foulagé leur mifére, de pou→ voir le furcharger encore de longs & inutiles détails.

On commença à foupçonner quelque altération dans fa fanté, dés qu'on ne lui vit plus le même feu & la même gayeté. Insensiblement il eut moins de monde à la ville & à la campagne, il se retrancha tous les exercices de plaifir ou d'amusement, & une vie fi diférente de celle qu'il avoit menée jufques-là, lui échauffa & lui corrompit le fang. Il ne s'en apperçut que par une petite douleur qu'il reffentit au bout du poulce de la main droite, il l'irrita en voulant la fonder avec une plume; il fallut appeller les Chirurgiens, qui, jugeant le mal férieux, ouvrirent plus méthodiquement le

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