Imágenes de páginas
PDF
EPUB

garçons, dont l'Evêque de Blois fut le fecond.

Le Cardinal de Retz, allié & ami intime de M's de Caumartin, vint exprès à Châlons pour le tenir fur les Fonts de Baptême ; & fur ce que l'on parloit d'en faire un Chevalier de Malte, il obtint un Bref du Pape pour l'y faire recevoir dés le berceau. Mais, il n'avoit pas encore fept ans, que ce Cardinal changea lui-même fa destination, en lui remettant, avec l'agrément du Roi, une Abbaye confidérable qu'il avoit en Bretagne, l'Abbaye de Buzay Ordre de Cîteaux; & cette démif fion produifit bientôt un événement fingulier dans la vie du jeune Abbé de Caumartin. M. fon pere, qui venoit de quitter l'Intendance de Châlons, fut nommé Commiffaire du la tenue des Etats de Bre

Roi pour

tagne

mais

tagne; il y mena le nouvel Abbé de Buzay, qui en cette qualité, jouit non feulement de l'entrée aux Etats, y eut encore la Préfidence d'u ne Commission d'ufage, dont il remplit les fonctions en Camail & en Rochet, & à l'occasion de la quelle il fit plufieurs discours, que nous ne fuppoferons pas, avec quelques perfonnes, avoir été l'ouvrage d'un enfant de fept à huit ans, mais que nous affurerons, après des témoins dignes de foi, qu'il prononça avec toute la grace & toute la pré fence d'efprit qui pouvoient les lui rendre propres; de forte que le petit Préfident, car c'eft ainsi qu'on le nommoit, fut la merveille de l'Af femblée, l'entretien de toute la Province, & une nouvelle à la Cour.

Ce fuccès influa beaucoup fur les

[blocks in formation]
[ocr errors]

fuites de fon éducation. Au retour des Etats de Bretagne, on ne crut pas qu'il fût convenable de réduire à l'obfcurité du Collége, un jeune homme qui annonçoit des progrès si rapides, & qui avoit déjà comme fait fon entrée dans le monde. On lui loua une maison particulière au Fauxbourg S. Jacques, où il avoit une Table entretenue pour les gens de Lettres, que fes Maîtres jugeoient à propos d'y appeller, afin de donner à cette éducation privée tous les avantages de l'éducation publique. Ses premiers Maîtres furent un M. Lenglet, qui fe fit enfuite une grande réputation dans l'Université, & un M. Labbé, qui après l'avoir élevé, fe confacra aux Miffions de la Chine, où il eft mort revêtu du titre d'Evêque de Tillopolis.

en peu

Avec un tel fecours, il fournit d'années la carrière ordinai re des Claffes, & il prit tout de fuite pour les Langues fçavantes, un goût qui dans les meilleurs efprits, ne fe déclare communément que longtems après.

Trois hommes célébres, tous trois morts Profeffeurs du Collége Royal, & Penfionnaires de cette Académie, fe firent un plaifir de cultiver en lui ce goût naiffant. M. Couture le forma aux beautés de l'Eloquence Latine, M. Boivin le cadet lut avec lui les plus excellens Auteurs Grecs, & M. Pouchard lui enfeigna l'Hébreu.

Il fallut encore que l'étude de l'Hiftoire & des Mathématiques fuccédât à celle des Langues, pour lui faire gagner infenfiblement l'âge néceffaire à ceux qui commencent

leur cours de Théologie ; & quand

il

y fut parvenu, il y parut avec d'autant plus de fupériorité, qu'il s'étoit attaché d'avance, par les noeuds de l'amitié la plus folide, un Docteur également fage & éclairé, M. l'Abbé de Gouay petit-neveu du Cardinal du Perron.

Cependant, M. l'Abbé de Caumartin, diftingué d'ailleurs par des mœurs douces & polies, & par une heureuse facilité à s'exprimer, étoit déjà, malgré fa jeunesse, un fujet que la voix publique deftinoit à l'Académie Françoife. Il y fut reçû en 1694. n'ayant pas encore vingt-fix ans accomplis; & quelques mois après, il s'y trouva lui-même chargé d'une réception d'éclat, où par une fatalité, dont il feroit difficile de rendre d'autre raison que la malignité naturelle du cœur humain, il

« AnteriorContinuar »