Imágenes de páginas
PDF
EPUB

vit le Public tourner en une critique amére, les louanges qu'il croyoit avoir le plus délicatement traitées. Il facrifia fans peine à cette prévention tumultueuse, tout l'honneur qu'il pouvoit efpérer d'un difcours brillant; & il aima mieux le refuser à l'impreffion, que d'en laiffer plus longtems foupçonner la fincérité.

La fortune littéraire, auffi capricieuse peut-être qu'aucune autre forte de fortune, fe contenta de ce facrifice, & n'éprouva plus fon courage que par des applaudiffemens, il en reçut toutes les fois qu'il eut à parler en Public; & en 1726. l'Académie Françoise elle-même, juftifia l'idée avantageufe qu'elle en avoit, par une distinction jufques-là fans exemple. Il s'agiffoit d'y recevoir M. le Duc de S. Aignan; le jour de fa réception étoit indiqué,

M. l'Abbé de Caumartin, alors Evêque de Blois & Directeur de l'Académie, devoit en faire les honneurs, & fon Difcours étoit tout prêt, quand il eut une attaque d'apoplexie, qui fit craindre pour fa vie. Il fallut néceffairement attendre que l'on eût d'autres Officiers; mais dans cet intervalle, l'Académie ar rêta que, quel que fût le nouveau Directeur nommé par le fort, il ne pourroit répondre au Duc de S. Aignan, que par le Difcours préparé par l'Evêque de Blois. La loi fut fuivie, & louée par celui même qu'elle fembloit priver d'une de fes plus agréables fonctions.

L'Académie des Belles-Lettres, dont il étoit un des premiers Hono raires, l'a auffi vû fouvent préfider à fes Affemblées publiques & particuliéres, y réfumer, fuivant l'ancien

ufage, les Differtations les plus abftraites; & de l'aveu des Auteurs mêmes, leur donner fur le champ un nouveau prix par l'élégance du ftile & la folidité des réflexions.

Les diférentes Eglifes qu'il a fucceffivement fervies ou gouvernées, l'ont vû joindre à ces talens Académiques, les connoiffances & les qualités les plus refpectables: elles en parlent comme d'un excellent Canonifte & d'un Théologien profond, qui ayant acquis le droit de mépriser les questions frivoles de la Scholaftique, n'en fupportoit pas moins patiemment les plus longues difcuffions; comme d'un Prélat zélé, attentif & heureux à perfectionner le bien, ou à réformer les abus par la feule voie de la perfuafion; comme d'un génie vif & fécond en reffources de toute efpéce, mais

qui ne s'attachoit jamais qu'à celles que la modération & l'amour de la paix inspirent.

M. le Cardinal de Noailles, à fon avénement à l'Archevêché de Paris, l'avoit utilement employé à la visite,& à d'autres parties de l'adminiftration de fon Diocèfe. Il avoit été fous les yeux Supérieur du Séminaire des Irlandois & de la Communauté des Trente-Trois. En 1714. le Chapitre de Tours l'avoit élû Doyen de l'Eglife Métropolitaine, & enfuite premier Grand-Vicaire pendant la vacance du Siége. En 1717. il fut nommé Evêque de Vannes; & s'étant fait facrer à Nantes pendant la tenue des Etats, ils affiftérent en Corps à la cérémonie de fon Sacre. Enfin, l'année suivante, il fut transféré à Blois, où jufqu'à la fin de fes jours, il a exercé en Prélat

aimable & vertueux, un miniftére plein de douceur, de fageffe & d'utilité.

M. Berthier, premier Evêque de Blois, avoit trouvé dans les portions de Diocèses, dont le fien avoit été formé, un Clergé fi réglé, que rien ne lui parut plus preffant que la conftruction d'un Palais Episcopal, qui manquoit absolument à ce nouveau Siége. M. de Caumartin fon Succeffeur, commença fes fonctions Epifcopales par la Dédicace de la Cathédrale, qui n'avoit pas encore été faite; il affembla auffi le premier Synode qui eût été tenu dans le Diocèfe; il y publia des Statuts, des Ordonnances & des Lettres Paftorales. Il fit enfuite imprimer deux Catéchismes, l'un pour les commençants, l'autre pour les perfonnes plus avancées; ces deux

« AnteriorContinuar »