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nouvelle Hiftoire de France; ac◄ compagnée de Médailles fur les principaux événemens de chaque Régne; & fa conclufion étoit, que pour fe dévouer entiérement aux Lettres, il ne cherchoit qu'à s'affurer le néceffaire, fuivant la rigueur des Loix, avant que de fonder fon opulence fur les graces qu'il pourroit espérer de la libéralité du Prince.

Ces représentations produifirent leur effet; M. l'Abbé de Vertot fut attendu, il tint parole, & nos Exercices fe reffentirent auffitôt de fa préfence: il les tourna le plus fouvent qu'il lui fut poffible fur des points de l'Histoire Moderne qu'il avoit fort approfondie, de celle de France fur-tout, dont il étoit également inftruit & jaloux.

Nous ne nous engageons pas dans l'énumération des Ouvrages qu'il a

donnez à l'Académie, depuis la fin de 1703. jufqu'en 1726. que des attaques réitérées d'apoplexie & de paralyfie, le mirent hors d'état de fortir de chez lui, & d'y travailler. Cette énumération feroit trop longue, quand même nous nous bornerions à de fimples titres, & elle feroit inutile, parce que nous les avons recueillis avec foin dans les fix premiers volumes de nos Mémoires. Nous ne parlerons que de ceux qu'il a fait imprimer féparément, & qui ne nous appartiennent pas moins, par la qualité d'Académicien qu'il y a toujours prise, que parce qu'il ne les a jamais publiez qu'après les avoir foumis à l'examen de la Compagnie, & en avoir lû les morceaux les plus intéreffans dans nos Affemblées publiques ou particuliéres,

Le premier fut fon Traité de la Mouvance de la Bretagne, imprimé en 1710. M. l'Abbé de Vertot n'avoit pû voir fans une douleur mêlée d'inquiétude que le nouvel Hif torien de cette Province, enchérif fant fur les idées de quelques-uns de fes prédéceffeurs, ne se contentoit pas de foutenir comme eux, que nos Rois de la premiére & de la feconde race, n'avoient exercé aucun pouvoir légitime fur le pays des Bretons, & que la ceffion qu'on difoit qu'ils avoient faite de fa Mouvance aux premiers Ducs de Normandie, étoit une pure chimére; mais que de plus, aux endroits, où accablé la multitude des preuves, il ne pouvoit s'empêcher de reconnoître ces mêmes Rois pour Maîtres & Souverains de la Bretagne, il affectoit d'exalter leur Puif

par

fance & la fupériorité de leurs armes, comme si c'eût été leur feul titre; & que lorsqu'à la faveur de quelque guerre civile, les Bretons refusoient à nos Rois le fervice & les tributs ordinaires, il nommoit ces révoltes paffagéres, des tems de liberté, & parloit de leurs différens Chefs, fouvent nez dans la plus vile populace, comme d'autant de Princes généreux, qui expofoient leur vie pour rompre les chaînes de la Nation.

Il y avoit déjà près d'un fiécle que Nicolas Vignier, Auteur célébre, s'étoit élevé contre ce Paradoxe hiftorique; M. l'Abbé de Vertot en fit encore mieux fentir l'illusion; & nous fommes obligez d'ajoûter, comme un fait de notre connoiffan ce particuliére, qu'il auroit laiffé ce point de critique dans l'intérieur de

l'Académie, fi une copie informē de fon Manufcrit n'avoit commencé à se répandre; & que ce lieu commun de tant & tant de Préfaces, étoit à son égard une vérité conftante, quoique décréditée.

Divers Auteurs joignirent au Traité de la Mouvance, des Differtations particuliéres en faveur du fentiment de M. l'Abbé de Vertot; ce n'étoit pas ce qu'il fouhaitoit le plus; c'étoit une réponse, qui avoit d'abord été annoncée comme victorieuse, & qui ne parut point du tout, ou du moins qui fe réduifit à deux brochures, dont la plus confidérable, donnée fous le nom d'un ami de l'Historien Breton, & toute remplie de fes louanges, se trouva être fon propre Ouvrage. Le Pere le Long en divulgua l'anecdote dans fa Bibliothéque des Historiens

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